L’écriture inclusive et le roman, bien que l’emploi de la première au sein du second soit sujet à polémique, ne sont pas incompatibles. De nombreux romans, qui n’ont aucune vocation militante, font usage de termes épicènes ou de doubles flexions.
À vrai dire, il serait même plutôt difficile de trouver des romans de langue française qui n’en contiennent pas, tant ces procédés font désormais partie intégrante des usages de la langue.
Certains romans, plus marginaux, vont jusqu’à inclure le point médian ainsi que des pronoms neutres, à l’image de Bâtir aussi, écrit par le collectif « Ateliers de l’Antémonde ».
Des romanciers très connus, à l’instar d’Alain Damasio, ont choisi de défendre l’écriture inclusive, mais sous une autre forme que celle proposée avec l’usage du point-médian et des pronoms neutres, jugés selon eux trop confusants et inesthétiques.
Ainsi, en avril 2024 est paru le dernier roman de l’auteur de science-fiction, Vallée du silicium. Dans ce dernier, Damasio signale rapidement à son lecteur, via une note de bas de page, que « Dans ce livre, les pluriels neutres ont été féminisés une fois sur deux. Avec quelque raison, notre époque porte le combat politique au cœur de la grammaire française, pour tenter d’en défaire la domination indue du masculin. ».
Pour citer un exemple concret, au lieu d’écrire « La cathédrale est ouverte aux pèlerins du monde entier », ce qui sous-entend que les femmes sont elles aussi concernées, il écrit : « La cathédrale est ouverte aux pèlerines du monde entier », le terme de pèlerines incluant ici les hommes.
Cette inversion permet à Damasio de faire se questionner le lecteur sur le sexisme intrinsèque des mécanismes déductifs qui interviennent durant nos lectures.