En poésie, une césure est une position dans le vers qui permet de le séparer en sous-vers.
Ces sous-vers, lorsqu’ils sont égaux, sont appelés des hémistiches. Ainsi, l’alexandrin, vers de 12 syllabes, présente une césure à l’hémistiche, soit après sa 6ᵉ syllabe, à la moitié du vers.
Traditionnellement, le décasyllabe, le vers de 10 syllabes, ne présente pas de césure à l’hémistiche. La césure apparait après la 4ᵉ syllabe du vers et le divise alors en deux sous-vers inégaux, respectivement de quatre et six syllabes.
Exemple :
La lune est rouge // au brumeux horizon ; (4//6)
Dans un brouillard // qui danse, la prairie (4//6)
S’endort fumeuse, // et la grenouille crie (4//6)
Par les joncs verts // où circule un frisson ; (4//6)
[…]
Paul Verlaine, « L’heure du berger », Poèmes saturniens
Explication :
Notée par deux barres obliques, la césure est une notion de métrique plutôt que de rythmique. La syntaxe, le sens ou la coupe du vers, basée elle sur les accents toniques, n’ont rien à voir dans la position de la césure, car ce ne sont pas des éléments de métrique.
Si la définition de la césure est aussi floue que changeante, c’est parce qu’elle a évolué en fonction du style des différentes époques :
- la césure épique, dans la poésie médiévale et les chansons de gestes, où le « e » de la rime féminine reste muet, même suivi d’une consonne (ex : le bruit s’intensifi(e) // quelques oiseaux s’envolent).
- la césure lyrique de la poésie du même nom, où la césure coïncide avec le « e » non muet de la rime féminine (ex : le roulement gronde // conciliabule des cieux).
- la césure enjambante, ou italienne, dans laquelle le premier hémistiche se termine par un « e » non muet en 7ᵉ syllabe, reporté au début du deuxième hémistiche (ex : La vie, la mort, mais qu’est // -ce sinon du chagrin).
Ignorées par la poésie classique qui méprisait les rimes féminines, ces types de césures ont pourtant fait le bonheur des trouvères, ainsi que des poètes lyriques, romantiques et symbolistes.