Types de rimes (poésie) | Définition et exemples

En poésie, le type de rime correspond à la prononciation, ou à l’absence de prononciation, des dernières syllabes des vers. On parle alors de deux types de rimes : les rimes féminines ou masculines.

Type de rime : poème
  • Rimes féminines : se terminent par un « e » muet ou une marque du pluriel ;

Rejeter ce monde,
Que la haine inonde,
De paroles immondes,
Où nausées abondent.

Type de rime : poème
  • Rimes masculines : se terminent par une consonne ou toute autre voyelle que le « e » muet ;

À la fin du parcours,
Au point de non-retour,
Sans trompettes ni tambour,
Je ferais bien un jour,
Dans tes bras, mon amour,
De piste, mon dernier tour.

Souvent confondue avec le schéma de rimes ou le genre grammatical des mots utilisés en fin de vers, la notion de type de rimes mérite une petite explication historique, témoignant du flou poétique qui l’entoure.

Différents types de rimes

Dans un poème, le type de rime correspond à la sonorité finale d’un vers, autrement dit, la prononciation de sa dernière syllabe.

Une rime féminine présente en fin de vers un mot qui se termine par un « e » muet. Les mots qui se terminent par une consonne grammaticale, à savoir les marques du pluriel telles que « s », « x » ou « ent », sont aussi des rimes féminines, car ces marques sont muettes.

Rimes féminines : exemple
Il aimait les mots, les sons de tous les langages,
Ceux que l’on dit, ceux que l’on pense, ceux qui se partagent,
Les nouveaux ou les vieux dans la force de l’âge,
Les empruntés et ceux qui invitent au voyage.

Cette strophe de quatre vers est composée de rimes redoublées : elles partagent le même son final. Toutes ces rimes sont dites féminines, même si les deux premiers vers présentent des marques du pluriel après le « e » muet.

Puisque ces consonnes grammaticales ne comptent pas comme une syllabe dans la métrique du vers, cette strophe se compose uniquement d’alexandrins, des vers de douze syllabes.

La syllabe finale, prononcée « age » , compte comme une seule syllabe. Le « e » étant muet, il n’autorise pas la découpe en deux syllabes (on ne prononce pas « a-geuh » ).

Une rime masculine, quant à elle, présente en fin de vers un mot qui se termine par une consonne ou simplement une autre voyelle que le « e » muet.

Rimes masculines : exemple
L’oiseau suspend son vol, (A)
Puis plonge dans le ruisseau, (B)
Et tournent les tournesols, (A)
Et s’inclinent les roseaux. (B)

Cette strophe de quatre vers est composée de rimes croisées (ABAB), une disposition particulière appelée schéma de rimes. Toutes ces rimes sont dites masculines : elles se finissent toutes par une consonne.

Cette strophe se compose uniquement d’hexasyllabes, des vers de six syllabes.

Bon à savoir
Le type de rimes ne correspond en aucun cas au genre grammatical des mots qui terminent les vers. Si l’on trouve encore l’appellation genre pour désigner le type féminin ou masculin d’une rime, ce terme tend à être abandonné par souci de clarté et de précision.

L’alternance des types de rimes

Du XVIe au XIXe siècle, les codes très rigides de la poésie classique obligeaient l’alternance des rimes féminines et masculines. Si tous les schémas de rimes étaient possibles, les poètes privilégiaient pourtant les rimes croisées (ABAB).

Alternance de rimes féminines et masculines
Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconso, (A)
Le prince d’Aquitaine à la tour abolie : (B)
Ma seule étoile est morte, – et mon luth constel (A)
Porte le Soleil noir de la Mélancolie. (B)

Dans la nuit du tombeau, toi qui m’as conso, (A)
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie, (B)
La fleur qui plaisait tant à mon cœur déso, (A)
Et la treille où le pampre à la rose s’allie. (B)

[…]

Gérard de Nerval, « El Desdichado », Les Chimères

Toutefois, une alternance en rimes redoublées n’est pas impossible. Elle permet surtout d’illustrer pleinement l’aspect essentiellement graphique d’un phénomène autrefois phonétique.

Alternance de rimes féminines et masculines
Sous mes yeux, les monarques qui s’envolent,
D’un seul coup, plus de ciel ni de sol,
Nuée de papillons en plein vol,
Des millions de paires d’ailes qui s’affolent.

Même si la sonorité des rimes est identique (rimes redoublées), cette strophe présente une alternance de rimes féminines et masculines, car les syllabes finales présentent deux graphies différentes pour un seul et même son.

Aujourd’hui, l’alternance entre rime féminine et rime masculine n’a pas plus grande importance, en particulier parce que la prononciation du français s’est grandement modifiée au cours des siècles.

Un peu d’histoire…
Les rimes féminines et masculines perdent aujourd’hui de leur pertinence en raison de l’évolution de la prononciation du français depuis la codification du genre poétique.

En effet, le fameux « e » muet, aussi appelé e caduc, qui distingue les rimes féminines des rimes masculines, n’était, jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle, pas du tout muet, mais bel et bien prononcé.

La différence n’était donc pas seulement graphique, elle était surtout phonétique, en particulier lorsque les vers étaient destinés à être lus en public (théâtre, opéra, etc.). On retrouve d’ailleurs quelques traces de cette prononciation dans la chanson française contemporaine.

Dès la fin du XIXe siècle, la prononciation du « e » final cesse et de nombreux mots perdent leur voyelle finale à l’oral. Si la phrase Amine aime les pommes se prononçait en insistant sur les « e » finaux, façon maîtresse d’école, ce n’est plus du tout le cas en ce début de XXIe siècle : Amin’aim’lespom’ .

Les linguistes estiment qu’il n’existe pratiquement plus de mots dont les francophones prononcent le « e » final (en dehors de certains contextes géographiques et sociologiques). L’exemple Que vaut l’dernier film de Tarantino ? réunit les quelques dernières occurrences de cette prononciation.

Rassurez-vous, cette voyelle n’a pas totalement disparu. Elle est encore bien présente en milieu de mots, notamment pour distinguer les quasi homophones, comme pelage et plage par exemple. Et certains résistent tout simplement mieux que d’autres : crevettes, mais ch’veux ; grenouille , mais env’loppe

Questions fréquentes sur le type de rime

Qu’est-ce qu’une rime féminine ?

Une rime féminine est un type de rime qui ne présente pas forcément un mot de genre féminin. Toutefois, ce mot se termine toujours par un « e » muet ou par certaines consonnes qui marquent le pluriel (« -s », « -x » ou « -ent »). Cette dernière syllabe, non prononcée, joue un rôle essentiel dans la métrique du vers, une structure spécifique qui influence la longueur du vers et le rythme du poème.

Qu’est-ce qu’une rime masculine ?

Une rime masculine est un type de rime qui ne présente pas forcément un mot de genre masculin. Toutefois, ce mot se termine toujours par une consonne ou une voyelle autre que le « e » muet.

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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.