L’hémistiche (poésie) | Définition & exemples

En poésie, un hémistiche est la moitié d’un vers coupé, par une césure, en son milieu.

Hémistiche : définition par l’exemple
Au-dessus des étangs, // au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, // des nuages, des mers,
Par delà le soleil, // par delà les éthers,
Par delà les confins // des sphères étoilées,

Charles Baudelaire, « Élévation », Les Fleurs du mal (première strophe)

Par métonymie, l’hémistiche désigne également la césure elle-même lorsqu’elle sépare le vers en deux parties égales.

Définition : hémistiche

En poésie, l’hémistiche correspond à la moitié d’un vers. Le préfixe « hémi- » signifiant moitié, les deux hémistiches, ou sous-vers, sont de longueur égale. Ainsi, dans un alexandrin de 12 syllabes, la césure a lieu après la 6ᵉ syllabe, soit à la moitié du vers.

Césure à l’hémistiche : l’alexandrin
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,

Charles Baudelaire, « Élévation », Les Fleurs du mal (premier vers)

Cet alexandrin est divisé en deux hémistiches :

  • un premier hémistiche de 6 syllabes Au-dessus des étangs,
  • un deuxième hémistiche de 6 syllabes au-dessus des vallées,

Généralement, la ponctuation en poésie permet de déterminer visuellement la césure à l’hémistiche.

Puisque les deux hémistiches d’un vers doivent être de même longueur, seuls les vers longs, de plus de dix syllabes, peuvent être coupés.

Toutefois, pour les décasyllabes, vers de 10 syllabes, la césure ne s’opère traditionnellement pas à l’hémistiche, mais après la quatrième syllabe du vers. On qualifie alors les deux parties inégales de sous-vers, plutôt que d’hémistiches.

Césure du décasyllabe
Frères humains, qui après nous vivez,

François Villon, « Ballade des Pendus » (premier vers)

Ce décasyllabe est divisé en deux sous-vers :

  • un premier sous-vers de 4 syllabes Frères humains,
  • un deuxième sous-vers de 6 syllabes qui après nous vivez,

La ponctuation permet, à nouveau, de déterminer visuellement la césure.

Cette découpe garantit une rythmique particulière. En effet, au Moyen-Âge, les dix syllabes sont privilégiées, car leur rythme paraît plus naturel, plus proche de celui de la conversation.

La césure après la quatrième syllabe rompt la monotonie imposée par le rythme binaire du décasyllabe. L’enchaînement du premier sous-vers de quatre syllabes, suivi par le deuxième de 6 syllabes, permet d’alterner la cadence dans le passage d’un vers à l’autre.

Ce changement de rythme anime véritablement le vers et permet de dynamiser les effets oratoires du poème (parallélisme, enjambement, allitération, etc.). La tradition poétique découpe donc le décasyllabe en deux sous-vers, dont la césure a lieu après la quatrième syllabe.

Césure à l’hémistiche : le décasyllabe des symbolistes
La césure à l’hémistiche existe aussi dans les décasyllabes. Autrement dit, le vers est découpé en deux hémistiches de 5 syllabes. Cette découpe reste toutefois très marginale : seuls les symbolistes, poètes anticonformistes du XIXe siècle, l’utilisent.

À la Renaissance, le décasyllabe est complètement abandonné au profit de l’alexandrin, dont la rythmique correspond davantage aux tragédies classiques de Jean Racine ou Pierre Corneille. Mêlant audace et contestation, les symbolistes, dont la pensée s’éloigne en tous points des codes classiques, réhabilitent le décasyllabe.

Pour Charles Baudelaire, la monotonie de ces dix syllabes s’adapte parfaitement à la langueur de ses poèmes, amplifiant à merveille l’aspect morne et lugubre de son œuvre. Les décasyllabes du poète sont divisés en deux hémistiches de 5 syllabes.

Nous aurons des lits // pleins d’odeurs légères,
Des divans profonds // comme des tombeaux,
Et d’étranges fleurs // sur des étagères,
Écloses pour nous // sous des cieux plus beaux.

Charles Baudelaire, « La mort des amants », Les Fleurs du mal (première strophe)

Qu’est-ce qu’une césure à l’hémistiche ?

Par métonymie, le mot hémistiche est également employé pour désigner la césure du vers. Il ne renvoie plus uniquement aux deux parties égales d’un vers, mais à son point médian, à l’endroit où la découpe crée deux hémistiches.

Ainsi, lorsque l’alexandrin ou le décasyllabe sont divisés en deux hémistiches, leur césure se trouve véritablement à l’hémistiche du vers. On parle donc de césure à l’hémistiche, mais également de césure médiane, une coupure réalisée à la moitié du vers.

L’hémistiche désigne à la fois la moitié d’un vers pair et le point médian où il est découpé. Il existe toutefois une nette différence entre la césure et la césure à l’hémistiche. Cette dernière est, étymologiquement, toujours à la moitié du vers, tandis que la césure peut se situer partout où le vers est coupé en fonction de sa métrique ou de son sens.

La césure offrant une pause, voire un arrêt, dans un vers, elle peut s’insérer à différents endroits. Le terme de césure à l’hémistiche est approprié uniquement lorsque la césure intervient au même endroit que l’hémistiche.

Césure à l’hémistiche et césure
Frères humains, // qui après nous / vivez,

N’ayez les cœurs // contre nous / endurcis,

François Villon, « Ballade des Pendus » (premiers vers)

La césure en fin de vers est nécessaire, car le verbe vivez et l’adjectif endurcis sont tous deux éloignés de leur sujet Frères humains. La pause participe à la compréhension du vers et en renforce la signification.

Questions fréquentes sur l’hémistiche

Qu’est-ce qu’un hémistiche ?

Un hémistiche est le résultat de la division d’un vers en son milieu. Les deux hémistiches d’un vers sont composés de 5 ou de 6 syllabes.

Quelle est la différence entre une césure et un hémistiche ?

Une césure, synonyme de coupure, correspond à une pause qui intervient à différents endroits du vers. La coupure à l’hémistiche du vers intervient obligatoirement au milieu du vers et le sépare en deux parties égales, appelées également hémistiches.

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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.