Allitération : définition et exemples

L’allitération consiste à répéter plusieurs fois un son provenant d’une même consonne dans une phrase, un vers ou une strophe.

Allitération exemple
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères.
(Guillaume Apollinaire, Les Colchiques)

Qu’est-ce qu’une allitération ?

Une allitération désigne la « répétition d’un son consonantique identique » à intervalles rapprochés dans une phrase, une strophe, un paragraphe ou un vers.

Exemple allitération
De ce sacré Soleil dont je suis descendue.
(Racine, Phèdre)

C’est un jeu sur la sonorité très souvent utilisé dans la littérature classique, et plus particulièrement au théâtre ou en poésie.

Remarque 
En fonction de l’intention de l’auteur, l’allitération peut être couplée à d’autres figures de style comme le virelangue, l’anaphore ou le tautogramme.

Un chasseur sachant chasser doit savoir chasser sans son chien.

L’utilisation de l’allitération n’est pas nouvelle puisqu’elle était déjà employée dans la langue latine, comme nous le prouve cet exemple d’allitération en « t » par l’auteur latin Ennius (né en 239 avant Jésus-Christ).

Allitération figure de style
Tire tutTati tibi tanta tyranne tulisti.

Aujourd’hui, cette figure de rhétorique est principalement utilisée dans la vie courante (proverbes, chansons, slogans de campagnes marketing, etc.) où la répétition successive des consonnes joue le rôle de moyen mnémotechnique.

Allitération exemples
  • Léda dont les dix dents de lait
    Laminaient les mâles mollets
    D’un malade mendiant malais
    Dînant d’amibes amidonnées
    Mais même amidonnée l’amibe
    Même l’amibe malhabile…
    (Bobby Lapointe, Méli-mélodie)
  • Le seul verdict que je vois est la vengeance, une vendetta violente brandie tel un ex-voto et non en vain, visant à faire vaincre la vertu face à cette vilenie lovée dans les veines de nos villes.
    (Film V pour Vendetta)
  • Dans les trois jours, voilà le tactactac
    Des mitraillettes qui reviennent à l’attaque.
    (Serge Gainsbourg, Bonnie and Clyde)

Exemples d’allitérations

L’allitération permet de suggérer grâce à l’harmonie imitative des consonnes qui viennent reproduire le son, comme en témoignent les exemples suivants.

Allitération en s

Allitération en s exemple 
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?
(Racine, Andromaque)

La lettre « s » évoque principalement un son sifflant ou chuintant. Dans l’exemple ci-dessus, l’allitération imite le sifflement des serpents et fait naître chez le lecteur un sentiment de danger et d’insécurité.

Dans d’autres cas, l’allitération en « s » peut se faire plus douce et plus mélodieuse. Dans l’exemple suivant, la lettre « s » évoque plutôt la fluidité et la limpidité de l’eau qui s’écoule.

Exemple allitération en s
Dans son sommeil glissant l’eau se suscite un songe.
(Claude Roy, La Rivière endormie)

Allitération en r

Une allitération en « r » ajoute de la dureté au texte. La succession des consonnes s’entrechoquant lors de la prononciation vient renforcer ce sentiment désagréable.

Exemple allitération en r
Sa croupe se recourbe en replis tortueux.
(Racine, Phèdre)

Allitération en t

La lettre « t » fait partie des sons courts et violents : dans cet exemple, la consonne permet de retranscrire à merveille le danger qui menace l’agneau.

Allitération en t
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ttémérité.
(Jean de La Fontaine, Le Loup et l’Agneau)

En outre, elle peut apporter un rythme saccadé et haché comme dans l’exemple suivant où, associée au son « k », elle retranscrit le tic-tac des aiguilles d’une horloge.

Allitération en t et en k
TKatt’a quitté (tictac tictac)
T’as qu’à t’as qu‘à t’ cuiter
Et quitter ton quartier (…)
Ttactique était toc.
(Bobby Lapointe, Ta Katy t’a quitté)

Allitération en p

Une allitération en « p » provoque un son sec, parfois explosif et violent. Dans cet extrait, la lourdeur des pas pesants est évoquée de manière suggestive grâce à cette consonne.

Allitération en p
À écouter leurs pas lourds, sur le pavé gras, à les voir passer pesamment entre leurs boutiques.
(Albert Camus, La Chute)

Allitération en l

Dans l’exemple ci-dessous du poète Guillaume Apollinaire, la lettre « l » évoque la fluidité et l’écoulement de la Seine.

C’est un son doux, apportant une touche onirique au poème et évoquant la fuite du temps sous la forme de l’eau qui défile.

Allitération en l
Sous le pont Mirabeau coule la Seine.
(Apollinaire, Le Pont Mirabeau)

Allitération en v

Le son de la lettre « v » évoque un souffle, propice aux murmures ou aux confessions.

Dans cet extrait d’une chanson de Serge Gainsbourg, l’allitération en « v » sonne comme un aveu ou une déclaration lors d’un rendez-vous amoureux.

Allitération en v
J’avoue j’en ai bavé pas vous mon amour
Avant d’avoir eu vent de vous mon amour
À votre avis qu’avons-nous vu de l’amour ?
De vous à moi vous m’avez eu mon amour
Hélas avril en vain me voue à l’amour
J’avais envie de voir en vous cet amour
La vie ne vaut d’être vécue sans amour
Mais c’est vous qui l’avez voulu mon amour
(Serge Gainsbourg, La Javanaise)

Effets de l’allitération et types de consonnes

L’interprétation d’une allitération dans un texte reste délicate. Cependant, elle nous apporte souvent de nombreux indices sur l’émotion que l’auteur souhaite transmettre dans son texte. Ainsi, certains sons vont retranscrire une ambiance calme ou, au contraire, ajouter une tension plus dramatique.

Il est possible à la lecture, notamment à voix haute, d’avoir une idée précise de l’intention de l’auteur :

  • La prononciation des consonnes les unes à la suite des autres produit-elle une harmonie sonore ou s’avère-t-elle désagréable à l’oreille ?
  • Quels sentiments éprouve-t-on à leur écoute ?
  • Les sons prononcés se font-ils feutrés, doux, agressifs ou fluides ?

Le choix des consonnes et du type de son produit (ou phonème) a donc toute son importance lors de l’utilisation d’un procédé stylistique tel que l’allitération. En effet, certains sons vont transmettre un son plutôt dur (« k », « p », « r », « t »), d’autres un son plus doux et plus fluide (« b », « l », « m », « n »).

De manière générale, on distingue plusieurs types de consonnes, classées de la manière suivante :

Catégories de consonnes Types de consonnes
Chuintantes « ch », « j »
Dentales « d », « l », « t »
Fricatives « f », « s », « z »
Labiales « b », « f », « m », « p », « v »
Palatales « g », « j », « n »
Uvulaires « r »
Vélaires « g », « k », « w »

Pourquoi utiliser une allitération dans un texte

  • Jouer sur les sons : l’allitération amène un côté ludique et insolite au texte.
  • Rythmer : l’insertion d’une tournure telle que l’allitération au sein d’un vers ou d’une phrase apporte un effet rythmique intéressant à la lecture et une certaine musicalité. Elle permet alors de dynamiser le texte en lui donnant un rythme plus rapide, plus saccadé.
  • Suggérer : la succession d’une même consonne sur de courts intervalles vient capter l’attention du lecteur et lui apporte des éléments de compréhension du texte.

Comment reconnaître une allitération

L’identification d’une allitération dans un texte est relativement simple : pour ce faire, il vous suffit de repérer toutes les consonnes similaires successivement répétées dans une même phrase, dans un même paragraphe ou un même vers.

Notre astuce 
Prononcez le texte à voix haute pour identifier les sons et repérer plus facilement les allitérations.

Assonance et allitération : différences

L’assonance désigne la répétition d’une même voyelle dans une phrase, une strophe ou un vers.

Assonance exemple
Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone.
(Paul Verlaine, Chanson d’automne)

Vous pouvez vérifier votre orthographe et grammaire en utilisant notre correcteur d’orthographe mais aussi reformuler des textes grâce à notre outil qui peut vous aider à trouver le ton adéquat selon la situation.

Quiz

Comment interpréter l’allitération suivante ?

  1. Un frais parfum sortant des touffes d’asphodèles
    Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.
    (Victor Hugo, « Booz endormi »)
  2. Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
    La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
    Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles.
    – On entend dans les bois lointains des hallalis.
    (Arthur Rimbaud, « Ophélie »)
  3. Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur.
    (Léopold Sédar Senghor, « Femme noire »)
  1. Un frais parfum sortant des touffes d’asphodèles
    Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.
    (Victor Hugo, « Booz endormi »)
    L’allitération en « f » reproduit un son similaire à un souffle, synonyme de légèreté.
  2. Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
    La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
    Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles.
    – On entend dans les bois lointains des hallalis.
    (Arthur Rimbaud, « Ophélie »)
    L’allitération grâce à la consonne liquide « l » évoque la lente dérive d’Ophélie dans l’eau, personnage shakespearien délaissé par son prince. Désespérée, elle sombre dans la folie et se noie dans l’eau.
  3. Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur.
    (Léopold Sédar Senghor, « Femme noire »)
    Le son « t » de cette allitération reproduit le bruit sec et percutant du tambour.

Questions fréquentes sur l’allitération

Quel exemple d’allitération en b peut-on citer ?

L’allitération en « b » évoque généralement un son doux et harmonieux, presque onirique.

Dans l’exemple suivant, la répétition de la consonne « b » a une visée stratégique et permet la mémorisation du slogan par le consommateur.

C’est bien, c’est beau, c’est Bosch.

(Publicité pour la marque Bosch)

Quel exemple d’allitération en q peut-on citer ?

L’allitération en « k », ou « q », est généralement utilisée pour retranscrire un son dur et violent. Elle peut traduire un mécontentement, une colère.

Dans cet exemple, le son « k » est plutôt associé au cisaillement sec lors de la coupe des fleurs à la cueillette.

Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères.

(Guillaume Apollinaire, Les Colchiques)

Quel exemple d’allitération en z peut-on citer ?

La consonne fricative « z » évoque un frottement, un glissement feutré à la prononciation de l’allitération.

Zazie à sa visite au zoo

Zazie suçant son zan

S’amusait d’un vers luisant d’Isidore Isou

Quand Zut ! Un vent blizzard

Fusant de son falzar

Voici zigzaguant dans les airs

Zazie et son blazer

(Serge Gainsbourg, Exercice en forme de Z)

Quel exemple d’allitération en anglais existe-t-il ?

L’allitération est un procédé stylistique utilisé dans de nombreuses langues, notamment en anglais.

And the silken sad uncertain rustling of each purple curtain

(Edgar Allan Poe, « The Raven »)

Qu’est-ce qu’une allitération fricative ?

Une allitération fricative consiste à répéter une même consonne dont le son évoque un frottement, un sifflement ou un chuintement.

On utilise principalement les lettres « s » et « z » pour reproduire cet effet.

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?

(Racine, Andromaque)

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Anne-Sophie Tautou, MA

Anne-Sophie est titulaire d’un master de langue étrangère et de médiation culturelle. Traductrice et enseignante, elle s’intéresse particulièrement à l’apprentissage du français, à la rédaction de contenu et au référencement naturel.