Logos | Définition et exemples

En rhétorique, le logos, ou Logos, est un argumentaire dans lequel l’orateur mise sur la raison et la logique du public, en s’appuyant sur des faits objectifs, pour le convaincre.

Logos: exemple
« Plus de la moitié des adultes nord-américains sont en surpoids. 30 % présentent une obésité morbide et 75 % souffrent de diabète. Parmi ces personnes diabétiques, seul un quart d’entre elles disposent d’une couverture médicale. À ce rythme, et malgré les progrès de la médecine, les habitants des États-Unis, du Mexique et du Canada vont devenir la première génération à ne pas survivre à celle de leurs parents. »

Ce terme est principalement utilisé en rhétorique (discours politiques, plaidoyers) et dans le milieu de la publicité.

Le logos, qu’est-ce que c’est ?

D’origine grecque, Logos renvoie aux concepts de mots, de discours et de raison. Il s’agit, autrement dit, du raisonnement par le langage. Le mot logique dérive d’ailleurs de cet emprunt, dont on estimait, à l’époque, que cette même logique dépendait de notre aptitude à manier le langage.

Procédé rhétorique, le logos fait appel à l’intellect du public. L’orateur base son argumentaire sur des faits avérés, des statistiques fiables, des informations vérifiées et des sources crédibles. Les liens entre les idées sont cohérents et clairs, le raisonnement est méthodique, rationnel.

L’appel à la logique nécessite que le destinataire du message en accepte les prémisses, c’est-à-dire, l’hypothèse de départ. Dans l’exemple précédent, le procédé rhétorique fonctionne uniquement si le public approuve le postulat que la présente génération doit survivre à celle de ses parents.

Toutefois, si une personne s’oppose à cette prémisse, l’argumentaire est invalidé. De fait, la production de chiffres, tels que les statistiques présentées dans l’exemple, est essentielle pour valider la démonstration. Les informations chiffrées deviennent des preuves concrètes, tangibles qui assoient la légitimité de l’argumentaire.

Ethos, pathos, logos ou le triangle rhétorique

Le triangle rhétorique logos, ethos, pathos est un concept issu de la philosophie aristotélicienne. Pour Aristote, philosophe grec et père de la pensée occidentale, ces trois procédés rhétoriques constituent les fondements de tout discours de persuasion.

Tout l’art de la rhétorique consisterait à établir un argumentaire dans lequel seraient savamment exploités ces trois procédés :

  • L’éthos, qui repose sur le statut de l’orateur : il fait appel à l’autorité que lui procure d’emblée son rôle de spécialiste. L’expertise ainsi reconnue devient gage de confiance et de crédibilité pour le public ;
  • Le logos, qui repose sur l’argumentaire : ce dernier est structuré autour de faits précis et authentiques, d’informations chiffrées fiables et de sources crédibles. Ces preuves, alors considérées comme irréfutables, engagent le public dans un raisonnement et une réflexion logiques ;
  • Le pathos, qui repose sur la prédisposition du public : en faisant appel à l’empathie de son auditoire, l’orateur cherche à susciter des émotions et des sentiments communs. La charge émotionnelle, ainsi partagée, crée un pont entre l’orateur et le public, un lien de confiance garant d’approbation et de persuasion.
Le saviez-vous ?
Si le triangle rhétorique d’Aristote est aujourd’hui encore l’un des principes fondateurs de l’art du discours, il ne s’agit pas, pour autant, d’une recette miracle. Le sens du message, le contexte et le public cible restent la quintessence de tout acte de communication.

La cohabitation de ces trois procédés rhétoriques au sein d’un même argumentaire n’a rien d’obligatoire. De plus, le public peut parfaitement rester insensible à l’appel aux émotions, contester le statut d’expert de l’orateur ou émettre des doutes concernant les chiffres ou les statistiques présentés.

Les recherches scientifiques, même les plus objectives, auront toujours une part de subjectivité : celle du chercheur, du commanditaire (laboratoire, université, etc.) ou même de l’objet de recherche (animal ou humain).

Les biais cognitifs sont inhérents à toute activité humaine. Même les statistiques les plus fiables peuvent être interprétées selon le point de vue défendu. L’essentiel est de savoir que persuasion rime parfois avec manipulation.

Exemples de Logos

Le logos repose principalement sur deux types de raisonnements logiques :

Le raisonnement inductif

Le principe du raisonnement inductif est d’établir une généralisation à partir d’observations et d’exemples spécifiques.

Exemple de raisonnement inductif
« Chaque fois que je me mets au soleil, j’éternue. J’y suis peut-être allergique. »

Lorsqu’on tire une conclusion générale à partir d’une observation précise, le raisonnement relève de l’intuition. Notre conclusion ne peut être qu’hypothétique, prenant la forme d’une probabilité. Si la corrélation est absurde ou l’observation insuffisante, la généralisation est tout simplement hâtive et abusive.

Le raisonnement déductif

Le principe du raisonnement déductif est d’établir une conclusion spécifique à partir d’une idée générale ou d’une affirmation présentée comme vraie.

Exemple de raisonnement déductif
« Tout ce qui monte doit descendre. Si je lance une balle en l’air, elle redescendra. »

Les conclusions tirées d’un raisonnement déductif sont valides si les prémisses sont vraies et que la structure de l’argument est respectée. Si la structure est bancale et les prémisses fausses, la conclusion relève autant du sophisme que du faux syllogisme.

Pour résumer, le raisonnement inductif part d’un indice précis pour tirer une conclusion générale, tandis que le raisonnement déductif part d’une idée générale pour valider une conclusion spécifique.

Le logos en publicité

L’appel à la logique fait partie des procédés rhétoriques les plus communément utilisés en publicité. Les publicitaires tentent ainsi d’influencer les consommateurs en présentant des preuves, établies comme rationnelles, que leur produit ou leur service est meilleur que celui de leurs concurrents.

Exemple de logos en publicité
« La nouvelle Beta possède toutes les dernières innovations technologiques en matière de sécurité. Elle ne se contente pas de protéger ses passagers, elle le fait 75 % mieux que les anciennes technologies d’airbag, d’ABS et de système électronique de stabilité. »

« Un yaourt 0 %, sans sucre et sans matières grasses : ce n’est pas seulement bon, c’est simplement sain. »

« Notre réseau couvre 99 % du territoire et on possède 3 fois plus d’antennes relais que nos concurrents. On est avec vous partout, tout le temps et en toutes circonstances. »

Le logos dans le discours politique et juridique

Principe issu de la rhétorique, le logos est évidemment indissociable du discours politique. Il joue également un rôle décisif dans les discours juridiques, où l’accumulation de preuves est essentielle pour lever tout doute raisonnable. Il ne s’agit plus d’inciter ou d’influencer, mais bel et bien de convaincre des citoyens ou de persuader des jurés.

Exemple de logos en politique et en droit
« L’Histoire m’en est témoin, le pouvoir absolu mène à l’horreur absolue. »

L’auteur fait référence à des situations historiques avérées pour appuyer son argument : la dictature est un échec politique et social.

« Les sondages sont formels : plus de la moitié des jeunes n’iront pas voter. C’est à ces jeunes que je m’adresse aujourd’hui : vous êtes l’avenir politique de ce pays, vous en êtes la force vive. »

Le politicien présente une statistique, dont la valeur est par ailleurs amplifiée par l’adjectif formels, pour mobiliser un groupe a priori absent de son électorat.

« Mesdames et Messieurs les Jurés : nous vous avons présenté des empreintes digitales, un alibi douteux, un motif clair et une vidéo indiquant la présence du prévenu sur les lieux du crime. Je compte sur votre capacité de déduction logique pour rendre un verdict conséquent. »

L’avocat énumère les preuves considérées accablantes pour poser la culpabilité de l’accusé. L’appel à la logique, établi par les mots déduction et conséquent, incite les jurés à exercer leur capacité de réflexion pour prononcer le verdict attendu.

Questions fréquentes sur Logos

Comment repérer l’appel à la logique, ou Logos, dans un discours ?

Voici quelques indices permettant de repérer le procédé rhétorique du logos :

  • l’orateur utilise des faits avérés ou des informations chiffrées, dont la fiabilité est établie ;
  • l’argumentaire est structuré et les liens entre les arguments sont logiques, issus d’un raisonnement inductif ou déductif ;
  • l’orateur présente des contre-arguments qu’il réfute à l’aide de preuves ;
  • le raisonnement est cohérent et explicite, exempt d’ambiguïté et sans équivoque.
Que signifient pathos, ethos, logos ?

Pathos, ethos, logos sont des procédés rhétoriques qui, selon Aristote, lorsque savamment dosés et employés, sont les bases nécessaires à tout bon argumentaire.

  • Le pathos est un appel aux émotions qui vise à convaincre le public par la voie affective et émotionnelle.
  • L’ethos est un appel à l’autorité qui fait reposer la crédibilité du message sur le statut, l’expertise de l’orateur.
  • Le logos est un appel à la logique qui mise sur la capacité de réflexion, de raisonnement logique de l’auditoire.
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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.