Qu’est-ce qu’un oxymore : définition et exemples

Un oxymore consiste à associer deux termes ou expressions contradictoires dans un même groupe de mots. Ce procédé fait partie des figures de style d’opposition.

Oxymore exemple simple
Elle se hâte avec lenteur.

(Jean de la Fontaine, Le Lièvre et la Tortue)

Oxymore : définition

L’oxymore est une figure de style associant deux mots paradoxaux, et donc de sens diamétralement opposés.

Également appelé oxymoron, ce procédé de rhétorique constituant un non-sens apparent se retrouve aussi bien dans la littérature classique que dans les écrits de la vie quotidienne.

Remarque
Le terme nous vient du grec oxúmôron, soit une « alliance de mots contradictoires ». Il est composé des mots oxu (« aigu, fin ») et môros (« épais », « émoussé », stupide »). Un joli paradoxe que ce procédé rhétorique !

Oxymore : exemples

Les oxymores sont très courants dans la littérature et la vie courante.

Dans la littérature

La littérature regorge d’exemples d’oxymores. On en retrouve dans tous les genres littéraires, les auteurs classiques et contemporains en étant particulièrement friands dans leurs écrits.

Oxymore exemples dans la littérature
  • Cette petite grande âme venait de s’envoler. (Victor Hugo, Les Misérables)
  • Un affreux soleil noir d’où rayonne la nuit. (Victor Hugo, Les Contemplations)
  • Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. (Pierre Corneille, Le Cid)
  • Son mutisme est assourdissant. (Albert Camus, La Chute)
  • Par ma foi ! voilà un beau jeune vieillard pour quatre-vingt-dix ans. (Molière, Le Malade imaginaire)
  • Déjà notre paix hargneuse faisait dans la guerre même ses semences. (Céline, Voyage au bout de la nuit)
  • Ô lourde légèreté ! Vanité sérieuse ! Informe chaos de ravissantes visions ! Plume de plomb, lumineuse fumée, feu glacé, santé maladive ! Sommeil toujours éveillé ! Voilà l’amour. (William Shakespeare, Roméo et Juliette)
  • Le silence bruissait de fantômes. (Éric-Emmanuel Schmitt, La Rivale)

Dans la vie courante

Les oxymores sont passés dans le langage courant et sont fréquemment employés sans même que l’on s’en aperçoive.

Oxymore exemples dans la vie courante
  • Un mort-vivant
  • Une réalité virtuelle
  • Un plat sucré-salé
  • Une sauce aigre-douce
  • Un propos doux-amer
  • Une force tranquille
  • Une tradition moderne
  • Une sueur froide
  • Un clair-obscur
  • Un silence éloquent
  • Un nouveau classique
  • Quelque chose d’étrangement familier
  • Les Beaux Dégâts (Album de Francis Cabrel)
  • Emmanuel Macron, un absent omniprésent (Le Monde, article du 14 novembre 2023)

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Comment identifier un oxymore

L’oxymore est une figure de style relativement simple à reconnaître dans un texte en raison du choc des deux termes antonymes.

Il vous suffit donc de porter votre attention sur le vocabulaire dans le texte et de repérer des alliances de mots paradoxales, des expressions au premier abord inconcevables ou des groupes de mots de sens opposé.

Généralement, les termes associés pour former un oxymore n’appartiennent pas à la même catégorie grammaticale, mais peuvent se compléter d’un point de vue syntaxique.

Types d’oxymores
Structures Exemples
Nom + adjectif épithète
  • C’est un illustre inconnu.
  • Une sublime horreur (Honoré de Balzac, Le Colonel Chabert)
Nom + groupe prépositionnel
  • Les Voix du silence. (André Malraux)
Adjectif + adverbe
  • Carlotta se sentit de plus en plus mal à l’aise. Le chant de Callas était beau. Insoutenablement beau. (Éric-Emmanuel Schmitt, La Rivale)
Verbe + adverbe
  • Hâtez-vous lentement. (Nicolas Boileau, L’Art poétique)

Pourquoi utiliser un oxymore

  • Surprendre : L’alliance de termes ambivalents crée un effet de surprise à la lecture.
Oxymore exemple
Lorsque Voltaire décrit une boucherie héroïque dans son ouvrage Candide, on ne peut qu’être surpris et frappé par l’alliance d’un terme élogieux (héroïque) avec le massacre sanglant de la guerre (boucherie).
  • Mettre en valeur : Les termes a priori de sens opposé se complètent et viennent mettre en exergue les propos pour les renforcer. L’oxymore peut également mettre en lumière un paradoxe, une contradiction : le texte gagne en contraste, en force et en relief.
    Oxymore exemple
    Lorsque Victor Hugo parle d’une petite grande âme dans Les Misérables, l’auteur souligne alors la grandeur du petit enfant Gavroche.
    • Ironiser : L’emploi de l’oxymore peut permettre de souligner le comique ou de rendre compte de l’absurde d’une situation en tournant cette dernière en dérision.
        Oxymore exemple
        Que penser, par exemple, des titres oxymoriques de la nouvelle Le Voleur honnête de Fiodor Dostoïevski et du roman Un merveilleux malheur de Boris Cyrulnik ?
        • Dénoncer : Un oxymore est aussi un moyen efficace de critiquer et de déjouer les codes littéraires. Il nous invite donc à reconsidérer le nouveau sens du mot et à en établir une nouvelle perception.
              Oxymore exemple drôle ou frappant
              Ce fut une guerre propre.

              Différence entre oxymore et antithèse

              L’oxymore et l’antithèse sont tous deux des figures d’opposition. Cependant, elles présentent quelques différences. Voici comment bien les distinguer pour ne pas les confondre.

              L’oxymore

              Dans un oxymore, les mots ambivalents sont juxtaposés, c’est-à-dire qu’ils sont associés l’un à l’autre dans un même groupe de mots ou au sein d’une même expression.

                    Oxymore exemple
                    Une splendeur invisible

                    (Arthur Rimbaud, Illuminations)

                    L’antithèse

                    À la grande différence de l’oxymore, l’antithèse est composée de deux expressions ou deux pensées opposées dans le discours. Ces éléments ne sont donc pas associés au sein d’un même groupe de mots, comme c’est le cas avec l’oxymore.

                    L’antithèse a un sens plus large et doit être appréhendée dans l’ensemble de l’énoncé pour bien être comprise.

                          Antithèse exemple
                          Pourquoi je vis, pourquoi je meurs ?

                          Pourquoi je ris, pourquoi je pleure ?

                          (Starmania, SOS d’un terrien en détresse)

                          Contraire de l’oxymore : le pléonasme

                          Le pléonasme consiste à répéter involontairement des mots de même sens dans une phrase.

                          Cette répétition peut être utilisée à dessein, en guise de figure de style. En revanche, lorsqu’elle est involontaire, elle constitue une erreur syntaxique.

                                Pléonasme exemple
                                Monter en haut

                                Dans l’exemple ci-dessus, le verbe monter désigne déjà l’action d’aller vers le haut : la répétition de l’expression en haut est donc inutile et maladroite.

                                Questions fréquentes sur l’oxymore

                                Quelle est la différence entre un oxymore et une antithèse ?

                                Un oxymore allie deux mots diamétralement opposés dans un même groupe de mots ou syntagme.

                                Oxymore figure de style :

                                • Les fous normaux

                                (Pierre Desproges, « Des femmes qui tombent »)

                                Une antithèse oppose deux idées ou deux mots dans une même phrase. Ces termes sont distincts et ne se trouvent pas au sein du même groupe de mots ou syntagme.

                                Antithèse exemple :

                                • À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

                                (Pierre Corneille, « Le Cid »)

                                Comment reconnaître un oxymore ?

                                L’oxymore se reconnaît dans un texte grâce à la juxtaposition de mots ou d’un groupe de mots de sens contraire.

                                Quel est le contraire de l’oxymore ?

                                Le pléonasme est l’inverse de l’oxymore : il peut être utilisé à des fins stylistiques (auquel cas, il devient une figure de style) ou être employé par maladresse, constituant une faute dans les écrits.

                                Pléonasme exemple :

                                Un mauvais cauchemar

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                                Anne-Sophie Tautou, MA

                                Anne-Sophie est titulaire d’un master de langue étrangère et de médiation culturelle. Traductrice et enseignante, elle s’intéresse particulièrement à l’apprentissage du français, à la rédaction de contenu et au référencement naturel.