La digression | Définition et exemples
Une digression se produit lorsque, au cours d’une discussion ou au sein d’un texte écrit, on s’écarte du sujet initial pour faire dévier son propos sur un sujet annexe.
Débute alors ce que l’on pourrait appeler un développement parasite qui, lorsqu’il s’achève, permet de revenir, ou non, au sujet de départ.
— Oui, c’était vraiment sympa. En dessert, j’ai pris le crumble à la rhubarbe et à la crème anglaise, une pure merveille ! Ça m’a rappelé celui que ma grand-mère nous faisait quand on était petits… On s’asseyait autour de la table pendant qu’elle cuisinait et on jouait au Uno. Celui qui gagnait la partie avait le droit à la première part, et au « bisou du vainqueur » de Mamie, même si au final elle nous embrassait tous… Bref, ça me rend toujours nostalgique d’y penser, désolée… En tout cas, c’était une très bonne suggestion de ta part, je me suis régalée !
Au cours de la discussion, la personne qui répond à son interlocutrice — laquelle s’enquiert de la pertinence de sa recommandation — digresse naturellement vers ses souvenirs d’enfance.
En littérature, la digression peut consister en une figure de style.
La digression : définition
La digression consiste à dévier temporairement du sujet principal d’un discours ou d’un texte pour aborder un sujet différent.
Le plus souvent, le sujet sur lequel on digresse n’a pas de rapport direct avec le thème initial.
— Oui, il faut qu’on s’occupe de l’itinéraire et qu’on décide quelles villes on veut visiter : Rome, Naples, Florence, il y en a tellement…
— J’aimerais beaucoup voir Pompei aussi. D’ailleurs, ça me fait penser qu’on n’a pas encore regardé cette série documentaire sur les séismes qu’on avait mis de côté. Elly m’a dit qu’il était vraiment intéressant, avec de très belles images. Franchement, côté documentaire, la National Geographic, y a pas à dire, ils savent y faire.
— Quel est le rapport ?
— Pompei… Les volcans… Les tremblements de terre… Bref, laisse tomber. De toute façon, c’est dans la baie de Naples, donc on pourra toujours faire un crochet.
La digression tire son nom du verbe latin digredi (digressio), qui renvoie à l’« action de s’éloigner ».
- Digression
- « Disgression »
La digression est particulièrement intéressante en cela qu’elle permet d’apporter des informations complémentaires, des explications sur un point en particulier, de sorte à enrichir la compréhension générale, et ce même quand ces éléments ne se révèlent pas essentiels au déroulement de l’argument principal.
La digression peut aussi consister, notamment lorsqu’elle se produit de manière fortuite au cours d’une discussion, en une anecdote personnelle ou une confession intime.
On dit dans ce cas que l’on digresse (du verbe digresser), ou que l’on fait une digression.
Digression : synonymes
La digression consiste en substance, comme nous avons pu le voir précédemment, en une déviation du sujet principal.
Le mot possède plusieurs synonymes, dont certains s’illustrent davantage dans le langage courant.
Parmi les synonymes courants de digression, nous pouvons citer :
- l’aparté,
- la déviation,
- la divagation,
- l’écart,
- l’embardée,
- la parenthèse,
- le changement de sujet.
L’aparté, la parenthèse et le changement de sujet sont ceux dont le sens initial est le plus proche de celui de la digression.
Pourquoi faire une digression ?
Surtout lorsqu’elle est intentionnelle, la digression présente plusieurs intérêts majeurs pour son auteur et celui qui la reçoit.
Elle permet, entre autres, de :
- Greffer des informations supplémentaires au discours : lorsque lesdites informations contiennent des données contextuelles, elles permettent de mieux comprendre le sujet évoqué et/ou débattu. La digression est alors un allié précieux dans un discours argumentatif ou explicatif, comme par exemple un logos.
- Relâcher la tension en insérant du divertissement et/ou de l’émotion : lorsqu’un discours ou un texte est intense, ou au contraire complexe à aborder, une anecdote ou une note d’humour digressive peut offrir une bouffée d’air frais bienvenue au lecteur ou à l’auditeur, lui permettant ainsi de raccrocher les wagons.
- Illustrer son propos à l’aide d’une anecdote qui fait figure d’exemple parlant, ce qui le rend ainsi d’autant plus évocateur et concret dans l’esprit d’autrui.
- Rendre son argumentaire irréfutable et remporter le débat : si la digression fait argument d’autorité, alors elle permet de rendre l’argumentaire développé incontestable auprès de l’interlocuteur.
Les limites de la digression
Prudence toutefois : la digression est à manier avec précaution. En effet, mal employée, elle peut nuire à la clarté et à la cohérence d’un texte ou d’un discours.
On évitera notamment, sauf lorsque cela est savamment planifié et que la plume ou l’art oratoire sont totalement maîtrisés, de produire plusieurs digressions les unes à la suite des autres. Le risque serait de faire perdre le fil du propos au lecteur ou à l’auditeur, voire de faire oublier le sujet initial.
Il vaut mieux, dans ce cas, insérer une digression, puis revenir au sujet de base, puis une autre digression, et ainsi de suite, afin que le thème avec lequel on a débuté reste central.
Aussi, la longueur est un élément à prendre en compte : une petite digression aura souvent plus d’impact qu’une longue digression, qui se révèle parfois plus obscure et propice à dévier l’attention du sujet traité initialement.
La digression en littérature
En littérature, la digression est à considérer comme une figure de style à part entière.
Il s’agit d’une technique narrative où l’auteur s’écarte temporairement du sujet initial pour aborder des éléments qui n’ont a priori pas de lien direct avec l’intrigue principale.
Au sein d’un récit, la digression peut prendre la forme :
- de descriptions fouillées,
- d’anecdotes ou de souvenirs,
- de réflexions parallèles,
- d’errances philosophiques et métaphysiques,
- d’explications concrètes.
Chez Proust, l’utilisation de ce procédé ne s’est pas limitée à un seul roman (Du côté de chez Swann en fait également la démonstration), si bien que cela a donné l’expression « Madeleine de Proust », qui désigne une « réminiscence soudaine, déclenchée par la présence d’un élément a priori anodin, tel qu’un objet du quotidien, un goût, un son ou une couleur ».
En littérature, on distingue deux types de digression :
- la digression rhétorique, qui a pour objectif principal de distraire l’auditoire ou le lectorat afin de l’amener à penser d’une certaine manière,
- la digression narrative, qui fait intervenir une action annexe plus ou moins longue.
Parmi elles, nous pouvons citer l’aposiopèse, qui consiste en une brusque interruption du discours sous l’effet de l’émotion.
Le débordement émotionnel qui engendre l’arrêt du discours pouvant amener à meubler la discussion ou le récit avec des considérations annexes, laissant le temps au locuteur ou au personnage de retrouver sa contenance, il n’est pas rare qu’une digression fasse suite à une aposiopèse.
Questions fréquentes sur la digression
- Quels sont les antonymes de digression ?
-
La digression étant un mot assez spécifique, au sens très précis, il n’a pas d’antonyme à proprement parler. Néanmoins, rien n’empêche de passer par une périphrase.
Nous pouvons alors citer :
- se concentrer sur le sujet principal ;
- un discours sans parenthèses ;
- un propos rectiligne ;
- un propos concentré ;
- aller droit au but ;
- ne pas se perdre en circonvolutions…