Langage | Définitions & exemples

Le langage est un système de signes qui permet de communiquer. Dans sa plus large définition, il s’agit d’un ensemble de signaux, qui peuvent être chimiques chez les fourmis, vocaux et graphiques chez les humains, ou encore chiffrés et codés en informatique.

Le langage se définit également comme une faculté, celle d’exprimer sa pensée et de comprendre celle des autres, à condition toutefois d’en partager le même code. Ce code ne se limite pas aux mots, il peut se traduire par des signes, des symboles, voire des pictogrammes, lorsqu’il est langage non verbal ou langage SMS.

Faculté de communication, système de signes, manière de parler, le langage est une vaste notion qui mérite une explication aussi détaillée qu’exhaustive.

La science du langage

La linguistique, ou les sciences du langage, est une discipline qui s’intéresse au langage, dans sa plus simple expression : un système de signes qui permet de communiquer.

Par définition, toutes langues possèdent cet ensemble, à la fois infini, puisqu’il peut accueillir de nouveaux signes, mais circonscrit à l’intérieur d’un espace géographique donné, d’une époque, ou même d’un groupe social, voire d’une espèce.

Le langage oral

Chez les humains, la faculté de langage n’est pas innée, elle est acquise. Si l’appareil phonatoire, soit tous les organes qui permettent d’émettre un son (poumons, larynx, cordes vocales, bouche, etc.) est fonctionnel chez un nouveau-né, ses pleurs sont sa première production sonore.

Ces pleurs donnent lieu à différentes interprétations. Ils nous renseignent d’abord sur son état de santé : le passage de l’air dans les poumons garantit un système respiratoire bien formé. Puis, par la suite, ces pleurs indiqueront la faim, la soif, la douleur, la peur, etc.

Toutefois, chaque parent sait à quel point ces pleurs sont difficiles à interpréter. Un son ne peut être considéré comme un élément de langage s’il n’est pas correctement interprété.

Lorsqu’un son se produit près de nous, mais que l’on ne peut en identifier la source, ce son n’a aucune signification, pas même celle d’une chute ou d’un choc. On reste interdit, étonné par ce bruit mystérieux.

Chez l’enfant, la conscience des mots, qui ne sont que des sons jusqu’à un certain stade de son développement, s’acquiert dans l’environnement familial. Seuls le mimétisme et la répétition de ces sons développent chez lui le langage.

L’association d’un mot à son référent, l’objet que désigne ce mot, est inhérente à l’acquisition du langage oral. Les parents en répétant les noms des objets du quotidien élargissent le vocabulaire de l’enfant et développent sa capacité de mémorisation.

L’imitation des mots, entendus et répétés, perfectionne la compréhension des concepts d’association (cooccurrence), de ressemblance (famille de mots) et de désinence (conjugaison). Les prémices de ces notions sont acquises bien avant d’être étudiées à l’école primaire. De fait, un enfant sait parler, bien avant de savoir lire, écrire ou compter.

Le langage écrit

Puisqu’un langage s’acquiert, chaque nouveau système de signes nécessite de recommencer ce processus d’apprentissage. Ainsi, une langue étrangère, le code de la route ou un code informatique quelconque ne peuvent être compris et utilisés sans être appris.

L’initiation au code graphique d’une langue, sa forme écrite, est une étape essentielle dans le développement de la littératie chez l’enfant. Autrement dit, son apprentissage a des répercussions sur ses capacités de lecture et d’écriture. Des difficultés d’alphabétisation, de mémorisation ou de concentration peuvent dissimuler des troubles de l’apprentissage, comme la dyslexie, pour ne citer qu’un des plus connus.

L’enfant exempt de difficultés particulières va, au prix d’un apprentissage long et fastidieux, réussir à maitriser, en tout ou en partie, le code graphique de sa langue maternelle, mais également celui de langues, secondes ou étrangères, au sein de l’environnement familial ou scolaire.

En parallèle, d’autres codes écrits s’ajoutent à son apprentissage : les chiffres, les nombres, les symboles arithmétiques, géométriques, chimiques, etc. Dès ses premières années de scolarisation, et pendant une grande partie de sa vie d’adulte, un scripteur, une personne qui écrit, apprend à reconnaître et à dessiner de nouveaux langages écrits, sous la forme de symboles, de lettres, de dessins, etc.

Le code linguistique, tout comme les autres codes par ailleurs, s’apprend tout au long d’une vie, car il évolue constamment pour désigner de nouvelles réalités (covid, vapotage, trouple), pour simplifier des graphies (clé au lieu de clef) ou simplement pour nommer ce qui ne l’avait pas encore été (solitarisme, le choix volontaire de vivre seul).

Le langage non verbal

Moins connu que la parole ou l’écriture, le langage non verbal est pourtant utilisé tous les jours par les locuteurs pour communiquer leurs pensées et leurs sentiments. Chez certains, ce langage peut même s’avérer nettement plus pourvoyeur d’émotions que les mots.

Un sourire, des sourcils froncés, un haussement d’épaules, une gestuelle spécifique du corps tout entier ou seulement des mains véhiculent, au-delà des mots, des messages explicites.

Toutefois, si certains gestes sont universels, d’autres sont infiniment propres à une culture donnée. Ils composent véritablement un langage circonscrit à une situation géographique ou un groupe social.

Par ailleurs, lorsque ces mouvements accompagnent un discours, qu’ils sont employés simultanément avec la parole, il s’agit d’un langage dit paraverbal. Cette distinction permet de faire la différence entre le non verbal, comme la langue des signes, et l’ensemble des moyens de communication naturels et culturels d’un locuteur qui s’expriment aussi verbalement.

La langue des signes
Véritable langage de signes, la langue des signes est un système d’expression visuel employé par les personnes souffrant de surdité, un handicap lié à l’audition, ou de mutité, l’incapacité physiologique de parler.

Les personnes malentendantes ou qui n’ont pas l’usage de la parole s’expriment par la production de signes visuogestuels, qui nécessitent, comme tous les langages, un apprentissage, que ce soit par les locuteurs eux-mêmes ou par les entendants qui souhaitent l’étudier.

Pendant longtemps, l’éducation des enfants malentendants était principalement axée sur des méthodes oralisées, car leur communication gestuelle, considérée simpliste, était très mal perçue.

L’étude des différentes langues des signes, notamment la langue des signes américaine à la fin du XXe siècle, a démontré qu’elles possédaient une structure phonologique, grammaticale et syntaxique identique aux langues orales.

Dès lors, la perception de ce moyen de communication a drastiquement changé. Les langues visuogestuelles se sont elles-mêmes crédibilisées en développant des systèmes de signes propres à leurs utilisateurs, plutôt qu’aux communautés linguistiques définies par et pour les entendants.

Ainsi, de nombreux pays de la francophonie possèdent leur propre langue signée. La langue des signes québécoise (LSQ) a bien moins de points communs avec la langue des signes française (LSF) que peuvent en avoir le Québécois et le français de France. La LSQ et la LSF ressemblent davantage à deux langues différentes, que deux variétés d’une même langue.

Un nouvel élément de langage non verbal est apparu plus récemment : le dab. Issu de la danse contemporaine, et de la culture hip-hop américaine en particulier, ce mouvement consiste à plier un de ses coudes à hauteur des yeux, mais de pointer ses deux bras, paumes tendues, vers le ciel.

Véritable phénomène de mode, ce mouvement a été repris par bon nombre d’artistes, de sportifs, et même d’hommes et de femmes politiques. Pour célébrer un but, une victoire ou son appartenance sociale, le dab a investi le corps comme instrument de communication.

D’ailleurs, certains éléments non verbaux ou paraverbaux sont réutilisés par les graphistes des réseaux sociaux et transformés en émoticônes. Ces gestes ont dépassé le seul stade du langage, ils misent non seulement sur l’universalité de leur sens, mais aussi sur la symbolique de leur représentation.

Le langage SMS

Emblématiques du langage SMS, ou langage texto, les émoticônes agissent à la fois comme un élément paraverbal et non verbal du langage. Leur rôle est véritablement de véhiculer les expressions corporelles, faciales et gestuelles, qui ne peuvent être retranscrites en raison de la brièveté et de la rapidité de ce type de communications.

Ces interactions écrites remplacent les conversations banales du quotidien, que l’on aurait eues en personne ou au téléphone, mais invariablement à l’oral. Le ton employé, l’humour, l’ironie ou le sarcasme, toutes ces modalités du discours qui orientent l’interprétation des paroles prononcées, deviennent absolument indispensables dans de brèves communications écrites.

En plus des émoticônes, le langage SMS utilise un code linguistique propre à son format. Si les abréviations sont courantes dans le langage écrit, certains éléments du langage SMS lui sont uniques et spécifiques.

C’est le cas des rébus phonétiques, ces suites de lettres qui laissent deviner le mot employé, tout en revendiquant une certaine économie. Slt, mdr, tkt ou encore oklm sont, aujourd’hui, connus de tous (ou presque), mais ils ont, eux aussi, nécessité un apprentissage.

Y a-t-il un linguiste sur la toile ?
Si vous faites partie de ces gens qui sont un peu perdus devant le langage SMS, voici un petit lexique, par catégories, des éléments que l’on retrouve le plus souvent dans les conversations numériques :

  • abréviations :
    Slt (salut), bjr (bonjour), mdr (mort de rire), tvb (tu vas bien), tllmt (tellement), oklm (au calme) ;
  • rébus phonétique et typographique :
    koi (quoi), keske (qu’est-ce que), G (j’ai), C (c’est), 2m1 (demain), bi1 (bien), koi 2 9 (quoi de neuf) ;
  • emprunts à l’anglais : now (maintenant), today (aujourd’hui), U (you, toi).

Les émoticônes et autres artifices de l’écrit, même utilisés seuls, ne sont donc absolument pas une paresse intellectuelle, mais un élément de sens essentiel. Leur présence comble un manque de l’écrit et remplace les marques discursives, que l’on retrouve dans tous discours ou interactions quotidiennes.

Ces éléments ne sont d’ailleurs pas exclusifs au jeune public, mais bel et bien échangés par tous les locuteurs, dans des contextes privés, amicaux, voire professionnels, une autre preuve de leur rôle primordial au sein de nos communications numériques.

Le langage jeune

Par définition, le langage jeune est un sociolecte, c’est-à-dire un langage propre à un groupe social, celui des jeunes. Toutefois, le sociolecte des jeunes d’une banlieue française en 1980 ou en 2020, s’ils peuvent tous deux revendiquer ce titre, n’aura que peu de points communs.

Un « langage jeune » est avant tout un langage partagé par un public jeune, dans un lieu géographique donné, à une époque spécifique. Il est ainsi faux et réducteur de parler du « langage jeune », puisqu’il en existe une très vaste variété, avec quelques points communs, mais surtout de trop nombreuses différences pour le considérer comme un tout.

En réalité, chaque locuteur a parlé, ou va parler, un « langage jeune » à un moment de sa vie. Dès que se forme l’identité sociale, le langage constitue un outil identitaire aussi puissant qu’insoupçonné.

Si les jeunes parlent d’une certaine façon, c’est avant tout pour appartenir au groupe social auquel ils souhaitent s’identifier (leurs camarades de classe, par exemple) et exclure les autres groupes sociaux, notamment les adultes en général et les parents en particulier.

Ainsi, adopter le langage de sa génération est un acte identitaire d’appartenance ou de désaffiliation absolument normal qui intervient en parallèle du processus de construction social d’un jeune adulte.

Ce même adulte va abandonner progressivement ce langage une fois confronté au monde professionnel. Les différents milieux sociaux qui jalonnent le parcours d’un individu se reflètent invariablement dans son langage, dans sa façon de s’exprimer.

Cette évolution linguistique est rarement consciente, bien qu’elle nous apparaisse très clairement devant des mots inconnus, surtout ceux issus du langage des jeunes. Si les adultes ont tendance à percevoir négativement ces mots, c’est surtout parce qu’ils se sentent exclus de leur utilisation, comme ils ont eux-mêmes exclu, lorsqu’ils étaient jeunes, la génération de leurs parents par ce même mécanisme identitaire.

Génération après génération, le langage des jeunes fait l’objet d’une perception négative, voire de mépris. Pourtant, les termes d’un sociolecte comme le verlan, très répandu en France dans les années 80 et 90, ont indéniablement enrichi la langue familière. Certains ont d’ailleurs toujours cours aujourd’hui.

Le verlan, késako ?
Le verlan est un sociolecte apparu à la fin des années 1960 dans la classe ouvrière française. Symbole identitaire, ce langage investit le milieu artistique populaire, notamment celui de la chanson française. S’il se base en grande partie sur l’inversion syllabique de termes argotiques ou standards, sa construction est tout à fait aléatoire.

Essentiellement orales, les graphies de ce sociolecte ne sont pas codifiées et fluctuent au gré des époques et des locuteurs, tout comme leur utilisation.

Voici quelques exemples qui permettent d’illustrer ce phénomène linguistique :

  • chanmé : méchant (génial) ;
  • chelou : louche (étrange) ;
  • cimer : merci ;
  • kebla : black (personne désignée par sa couleur de peau) ;
  • kéblo : bloqué (employé figurativement ou non) ;
  • keuf : flic (policier) ;
  • keutru : truc (objet ou notion quelconque) ;
  • meuf : femme ;
  • ouf : fou (incroyable) ;
  • relou : lourd (fatiguant) ;
  • teubé : bête (stupide) ;
  • tromé : métro ;
  • secla : classe (agréable, distingué) ;
  • zarbi : bizarre ;
  • zikmu (ou zik) : musique.

Arrivée à l’âge adulte, un locuteur sait parfaitement mobiliser les mots keuf, flic ou policier lorsque la situation de communication l’exige. Le « langage jeune » ne doit pas faire oublier qu’un locuteur enrichit son vocabulaire tout au long de sa vie et qu’il l’adapte en fonction du contexte. Cette forme de langage fait partie intégrante de l’éventail linguistique de tout locuteur et reflète simplement une étape dans la construction sociale d’un individu.

Le langage soutenu

Si le langage des jeunes est généralement associé à la langue familière, c’est parce qu’il se distingue d’autres registres de langue, soit l’ensemble des mots ou expressions propres à un contexte.

Au quotidien, la plupart des locuteurs s’expriment, à l’oral comme à l’écrit, dans un registre familier, aussi appelé langage familier. Ce registre tolère des approximations syntaxiques et grammaticales ainsi qu’un grand nombre de libertés lexicales. Il est souvent employé entre des locuteurs d’un même groupe social (famille, amis, collègues de travail, etc.).

Le saviez-vous ?
Un registre de langue correspond à l’ensemble des mots ou expressions adaptés à une certaine situation de communication.

Le registre de langue est également appelé niveau de langue, mais cette dénomination implique une certaine position hiérarchique entre ces différents registres, qui n’a pas lieu d’être.

Ces registres correspondent à différentes situations de communication. Leur choix ne doit être fait qu’en fonction de celles-ci, et non de la « position » d’un registre par rapport à un autre.

Toute communication, orale ou écrite, présentant des phrases syntaxiquement et grammaticalement correctes se rapproche du registre standard. Ainsi, les échanges professionnels ou formels, comme un professeur d’université s’adressant à ses étudiants ou un directeur d’entreprises à ses actionnaires, appartiennent à ce registre.

Le langage soutenu est, lui, fréquemment associé à l’écrit ou aux discours officiels. Il rassemble des mots et un style spécifique qui témoignent d’une écriture soignée, châtiée et exempte d’erreurs, ou d’un discours éloquent et persuasif, propre à la rhétorique.

Traditionnellement, la littérature et la poésie sont considérées comme le domaine du langage soutenu. Toutefois, une vision plus contemporaine de ces genres littéraires, résolument novatrice autant sur la forme que sur le fond, relègue le registre soutenu à la littérature et la poésie dites classiques. La littérature contemporaine, elle, rassemble désormais toute production littéraire, indépendamment de son registre et de ses codes stylistiques.

Tous ces registres de langue font partie de l’éventail linguistique d’un locuteur, un répertoire langagier où chacun doit puiser selon le contexte d’énonciation. Ces registres n’y sont pas en concurrence, mais se distinguent, au contraire, par leur complémentarité.

Ainsi, chaque locuteur, conscient de ces registres de langues (soutenu, standard, familier et vulgaire), adapte son discours ou sa correspondance en fonction du contexte. Il peut ainsi jouer avec les différents registres et transformer des phrases familières en langage soutenu ou inversement.

Le langage de l’amour
Pour bon nombre d’étrangers, le français est la langue de l’amour, celle qui excelle dans l’expression du sentiment amoureux. La littérature française, romantique par essence, et les mœurs volages de certains de nos compatriotes ont fortement contribué à alimenter ce cliché, qui se retrouve d’ailleurs dans des expressions anglophones, comme le French kiss ou le nettement moins consensuel ménage à trois (en français dans le texte).

Si le français « sonne sexy » aux oreilles de nos voisins, c’est davantage une question de perception qu’une réalité intrinsèque du langage. Toutes langues expriment le sentiment amoureux et disposent de mots ou d’expressions permettant d’exprimer fidèlement les émotions les plus intimes.

L’imaginaire collectif, qui associe Paris à la ville de l’amour ou les Français à des hommes romantiques, est une construction sociale, issue d’une esthétique artistique résolument positive, admise et partagée par le plus grand nombre.

La langue française n’a intrinsèquement pas plus d’attributs esthétiques que les autres. Sa perception romantique ne résulte pas de la langue elle-même, mais de tous les symboles associés à cette esthétique à la française (littérature, gastronomie, architecture, etc.).

C’est une vision symbolique de la langue, une allégorie du romantisme, fabriquée de toute pièce par une culture artistique millénaire. Par ailleurs, bon nombre de francophones estiment que l’italien est bien plus « sexy » que le français. Cette représentation n’est pas un hasard : le mouvement artistique italien (opéra, théâtre, peinture, sculpture) a, lui aussi, été considéré, pendant la Renaissance, comme la quintessence du raffinement et de la beauté.

La langue n’est qu’un système de signes. La perception qui lui est associée est propre à chaque individu et construite socialement grâce à des symboles culturels, plutôt que linguistiques. Rien ne vous empêche d’associer le romantisme à la langue française, mais sachez que toutes les langues parlent le langage de l’amour, à condition de leur prêter, plus qu’une oreille attentive, un cœur et un esprit réceptifs.

Les modèles de langage

L’intelligence artificielle permet aux machines de répondre à nos requêtes par des actions ou des paroles. Ces réponses, de plus en plus perfectionnées, ne sont en rien le résultat d’une intelligence.

Elles sont avant tout issues d’une puissance de calcul, encore inégalée. Les machines passent en revue tous les mots d’une requête écrite ou orale, ainsi que les combinaisons possibles de ces mots, pour percevoir leur sens, individuel d’abord, puis collectif, c’est-à-dire associé aux autres mots de la phrase en contexte.

Ce calcul permettant cette analyse sémantique supersonique est rendu possible grâce aux modèles de langage (ou modèles de langue), des modèles statistiques qui permettent le traitement automatique des langues. En d’autres mots, ces modèles sont capables de prédire le prochain mot utilisé dans une série, grâce à la distribution probable des lettres ou des symboles d’une langue donnée.

Si ce type d’outil se perfectionne sous nos yeux, c’est grâce à la taille, quasi infinie, de ces modèles de langage, appelés large language model (ou LLM) en anglais. L’anticipation prédictive des mots résulte de la consultation par la machine d’immenses corpus, un vaste ensemble de textes écrits de différentes natures : littérature, presse, réseaux sociaux, etc.

Plus l’ensemble est grand, plus les textes sont diversifiés, plus les styles rédactionnels sont variés et plus le modèle se perfectionne. Toute requête, même celle appartenant au registre familier, est susceptible d’être interprétée à condition que le corpus possède au moins une occurrence de cette requête, une référence préexistante.

L’engouement autour de l’intelligence artificielle a nettement profité à la recherche sur le traitement automatique des langues. Aujourd’hui plus que jamais, les modèles de langage sont utilisés pour générer du texte, le traduire, et surtout, établir une conversation entre la machine et l’humain. Les correcteurs de texte ou les reformulateurs sont des outils qui se perfectionnent véritablement à mesure que l’on parle ou que l’on écrit.

Toutefois, malgré ce perfectionnement constant, les associations proposées par la machine ne sont pas exemptes d’erreurs. S’il n’y a aucune occurrence de la requête ou qu’une erreur s’est glissée dans le corpus (ce qui arrive beaucoup plus souvent qu’on ne le croit), la prédiction peut être erronée, tant dans la suite de mots proposés que dans la signification de la réponse.

L’intelligence artificielle est un outil. Appliquée au traitement du langage, elle est certes moins dommageable, physiquement parlant, qu’un marteau ou une tronçonneuse, mais elle demande au moins autant de savoir-faire et de maitrise dans son maniement. Personne n’est à l’abri de se faire taper sur les doigts, ou pire…

Le langue chimique des fourmis
Autre forme de langage, le langage chimique des fourmis passionne autant les biologistes que les linguistes.

Et pour cause : en déposant des phéromones sur le sol, les fourmis indiquent un itinéraire complet vers une source de nourriture ou le contournement d’un obstacle. Cette sécrétion de phéromones, un mélange particulier d’odeurs, permet aux autres fourmis de suivre, grâce aux capteurs olfactifs situés sur leurs antennes, la piste indiquée.

Les fourmis sont également capables de se reconnaître grâce à ces mêmes capteurs. Lorsque leurs antennes entrent en contact, elles révèlent leur identité et le poste qu’elles occupent dans la fourmilière (nourrice, ouvrière, soldat, etc.).

Mais ce n’est pas tout : les fourmis utilisent également le son pour communiquer. La vibration de petites lamelles situées sur leur abdomen produit des ondes sonores, exactement comme le font les cordes vocales.

Imperceptibles pour les humains, ces signaux communiquent pourtant quantité d’informations très précises. L’intensité des vibrations peut exprimer un signal de détresse et avertir de l’arrivée d’un prédateur, mais aussi indiquer la taille d’un aliment. Les fourmis recevant ce signal déduisent qu’une collaboration est nécessaire pour rapporter l’aliment en question.

Alternant communication visuelle, auditive, tactile et chimique, les fourmis n’ont clairement rien à envier aux humains. Équipées intrinsèquement d’un GPS, d’un réseau social collaboratif et d’un numéro d’urgence, elles se débrouillent infiniment mieux que nos téléphones intelligents qui nécessitent, eux, de l’électricité.

Questions fréquentes sur le langage

Écrit-on language ou langage ?

En français, le mot langage s’écrit sans la voyelle « u ». Comme pour les mots garçon, gare, ou garde, la lettre « g » n’a pas besoin de cette voyelle pour faire le son gue.

Toutefois, la présence de cette voyelle est nécessaire dans le mot langue, car la lettre « g » se trouve devant un « e », et non devant un « a ».

En anglais, le mot français langage s’écrit language et nécessite cette voyelle « u », même devant la voyelle « a ».

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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.