Occitan | Langue régionale d’hier et d’aujourd’hui
L’occitan est une langue romane plus connue sous le nom de langue d’oc. Aujourd’hui langue régionale, elle est encore parlée dans toute l’Occitanie, de la Nouvelle-Aquitaine au Piémont italien, en passant par l’Auvergne et le nord de l’Espagne.
Qualifié de provençal, de limousin, de gascon, de languedocien ou de béarnais, l’occitan, sous ses multiples dénominations, révèle l’importance de son territoire et témoigne, aujourd’hui encore, de son aura linguistique et culturelle.
L’occitan d’hier
Apparu au XIe siècle, l’occitan est une langue indo-européenne de la famille des langues romanes. Dérivé du latin vulgaire, il est parlé dans la moitié sud de la France, mais se subdivise en plusieurs variétés de langues.
Historiquement, une frontière linguistique sépare la France en deux. Cette frontière s’étend de l’estuaire de la Gironde au nord du Massif central, et correspond à une zone tampon entre la langue d’oc et la langue d’oïl.
Sous le qualificatif langue d’oïl, au nord, figurent, entre autres, le lorrain, le normand, le wallon, le bourguignon, le picard, le poitevin, le charentais, le franc-comtois, etc. Au contraire, la langue d’oc définit, au sud, un territoire dans lequel sont traditionnellement parlés des dialectes de la langue occitane.
Cette délimitation, qui n’a rien de figé, est surtout employée pour opposer les langues romanes issues du latin à celles introduites ultérieurement dans les territoires du nord de la France, comme le francique ou la langue tudesque des Francs, d’appartenance germanique.
Mot occitan languedocien (langue d’oc) |
Mot français | Mot picard (langue d’oïl) |
buòu | bœuf | bœu |
arbre | arbre | abe ou ape |
estela | étoile | étole ou étoéle |
aiga | eau | iau |
Dans ce tableau, les mots en occitan et en picard affichent une certaine différence graphique. Pour former son propre lexique, le français a pioché dans des langues distinctes appartenant à des aires linguistiques différentes.
Ces aires linguistiques s’inscrivent davantage dans un continuum de dialectes s’influençant les uns les autres. Elles ne sont, en aucun cas, deux blocs figés et opposés. La distance géographique entre le Languedoc et la Picardie permet une vision panoramique de ce continuum et de ses deux pôles.
Les guerres de conquête et de religion ont beau redessiner les frontières politiques, une chose reste immuable : la topographie. Entourée de l’Atlantique à l’ouest et par la Méditerranée à l’est, la zone de la langue d’oc est aussi délimitée par les chaînes montagneuses des Pyrénées au sud et du Massif central au nord.
Plus que la politique, c’est précisément le commerce et l’agencement de son territoire qui ont façonné le paysage linguistique de la France. Le Rhône et la Garonne, routes commerciales essentielles entre la mer et l’océan, transportent hommes et mots à travers l’Occitanie, et en font une des plus grandes aires linguistiques de l’Europe médiévale.
Toutes ces appellations ne sont que des variétés d’une même langue ; elles partagent de nombreuses caractéristiques communes, mais affichent aussi quelques différences. Ainsi, le gascon est la variété de l’occitan propre à l’Aquitaine alors que le languedocien est celle parlée dans le Languedoc.
Pourtant, dès ses premières manifestations, l’occitan est relativement uniforme et ne présente, toute proportion gardée, que peu de variations entre ses dialectes. Cette unité linguistique est en partie due aux troubadours, qui en véhiculent une forme standardisée.
Cette forme jouit du prestige de l’art qu’elle diffuse : littérature, poésie, musique sont autant de vecteurs de l’occitan, qui en augmente l’importance culturelle et politique. Jusqu’au XVe siècle, les écrits officiels, en Occitanie et dans les régions alentour, sont rédigés dans cet occitan standard, qui est sur le point d’être normalisé, codifié.
Toutefois, pour des raisons politiques et historiques, cette forme de l’occitan n’a jamais atteint le stade de la normalisation, qui lui aurait permis de perdurer. Au contraire, il s’est étiolé et fragmenté en dialectes régionaux. Ces derniers ont hérité du nom de la région à laquelle ils sont désormais circonscrits.
Langue concurrente du latin, l’occitan gagne en reconnaissance grâce aux troubadours, des poètes lyriques qui composent en occitan. La littérature courtoise occitane, largement diffusée au Moyen Âge, devient également un véhicule de prestige.
D’illustres personnages parlant l’occitan, dont Aliénor d’Aquitaine, Reine de France puis d’Angleterre, ont favorisé l’expression poétique des troubadours jusque dans les plus grandes cours d’Europe. Langue de commerce et de relations diplomatiques, l’occitan jouit aujourd’hui encore d’une certaine popularité.
L’occitan d’aujourd’hui
Après sa période fastueuse, l’occitan perd quelque peu de sa superbe. Si plusieurs dialectes, ou formes dialectales, retrouvent un certain prestige sur le plan politique et culturel, aucun n’arrive réellement à évincer les autres et à s’imposer en Occitanie.
À partir du XIXe siècle, certaines formes dialectales les plus prestigieuses (le gascon et le languedocien surtout) font l’objet de tentatives locales de codification. Ces dernières restent vaines : le statut recherché, celui d’une langue standardisée, codifiée et partagée — et non celui d’un dialecte parmi d’autres — n’est pas atteint.
Le mot langue est difficile à définir. Pourtant, bien des linguistes, dont c’est le métier, s’y sont essayés. Si tous s’accordent sur le fait que la langue est un système de signes qui permet une communication, c’est davantage le statut de la langue qui fait entrave à une définition claire et unique.
Pour qu’il y ait communication, il faut qu’il y ait intercompréhension, la compréhension mutuelle de deux locuteurs. Y a-t-il intercompréhension entre un jeune citadin de 20 ans et une dame de 80 ans vivant en campagne ? Certains mots seront communs et partagés, ceux d’un français standard, d’autres mots et expressions resteront incompréhensibles pour les deux parties.
Pourtant, ces deux locuteurs parlent français, la langue officielle de la France. Ce statut tend à invisibiliser les particularismes régionaux, les accents, voire tout un lexique ou une syntaxe propre à un territoire ou à un groupe social.
La francophonie permet de conjuguer le français au pluriel, de la Suisse à la Nouvelle-Calédonie, en passant par le Sénégal. Si le français est langue officielle — plus précisément coofficielle — dans plusieurs pays francophones, il ne possède aucun statut au Cameroun ou aux Seychelles, alors qu’il est appris par une part non négligeable de la population.
Une langue est avant tout une histoire sociale, politique, historique et géographique. La langue des jeunes ou le québécois sont autant de langues, selon si l’on veut bien leur accorder ce statut. Et ce statut dépend invariablement de celui qui raconte l’histoire…
Comme toute langue, l’occitan est composé de différents dialectes, des variations régionales de sa forme. Toutefois, les mots dialecte et patois possèdent une connotation négative : celle d’un parler essentiellement rural, employé par une population peu nombreuse, voire peu éduquée.
Cette connotation est propre à chaque locuteur : pour certains, ces mots évoquent, au contraire, une grande richesse linguistique ou le souvenir ému de grands-parents aujourd’hui disparus.
L’héritage dialectal du français n’est pas si lointain, il était encore très présent il y a moins d’un siècle. Il s’agit véritablement du patrimoine linguistique de la France et il revient à chacun de le faire ou non perdurer. En lui attribuant le statut de langue, de dialecte ou de patois, le locuteur affiche son intention.
Selon les régions, l’occitan et ses variétés sont, de fait, progressivement remplacés par le français, l’espagnol ou l’italien. L’écrit puis l’oral sont relayés à la sphère familiale. Inutilisés, ces dialectes ne sont plus ni appris ni transmis. D’autre part, une politique de dévalorisation des dialectes régionaux, menée par l’État français, contribue à leur déclin progressif.
La négation des langues régionales, notamment celles composant l’occitan et qualifiées péjorativement de patois, a pris de nombreuses formes. De l’interdiction de parler sa langue à l’école à la modification de l’accent (considéré « peu crédible ») des professionnels de la télévision, cette discrimination linguistique a conduit les Occitans à avoir honte de leur propre langue.
Toutefois, grâce à ses défenseurs, l’occitan acquiert, depuis plusieurs décennies, une reconnaissance renouvelée, accordée d’abord par les autorités, qui (re)suscite l’intérêt du public. Les collectivités locales mettent en place des mesures et des organismes permettant la diffusion de la langue occitane.
- l’initiation à la langue et la culture occitane (45 minutes par semaine),
- l’enseignement renforcé (2 heures hebdomadaires et 3 heures supplémentaires dans des disciplines non linguistiques, comme l’histoire ou la géographie),
- l’enseignement bilingue à parité horaire (50 % en occitan, 50 % en français).
Un enseignement bilingue immersif, majoritairement en occitan, est dispensé dans des établissements associatifs et laïques, appelés calandreta. Non reconnus par l’Éducation nationale, ces établissements en suivent néanmoins les programmes pédagogiques, de la primaire au lycée.
Aujourd’hui, plus de 260 écoles, collèges ou lycées proposent un enseignement en occitan, qu’il soit immersif, bilingue ou renforcé. L’occitan est la langue régionale la plus enseignée de France.
En Italie, l’occitan fait désormais partie des langues protégées. Il a d’ailleurs reçu le statut de langue coofficielle (anglais, français, italien et occitan) lors des Jeux olympiques d’hiver de 2006, à Turin et dans les vallées occitanes du Piémont.
En France, on recense plus de 540 000 locuteurs dans les régions de l’Aquitaine et du Languedoc. Des dizaines d’initiatives voient le jour chaque année pour promouvoir l’occitan auprès des jeunes. Sans compter que le salut des langues régionales pourrait bien passer par les nouvelles technologies et l’essor de l’intelligence artificielle…
Conçus par des linguistes et des spécialistes en traitement automatique du langage, les outils numériques — dictionnaires, conjugueurs, correcteurs orthographiques, traducteurs — développés par l’organisme interrégional de régulation de l’occitan sont la référence en la matière.
Bénéficiant de cette incontestable expertise, le traducteur automatique Revirada assure la traduction occitan-français et français-occitan de tous types de textes, des messages les plus simples à l’intégralité d’un site web (ce qui n’empêche pas de faire réviser par un professionnel toute production écrite avant publication).
Lo Congrès permanent de la lengua occitana, l’organisme à l’origine de cette initiative, regroupe de nombreuses institutions et associations occitanes et reçoit le soutien de la délégation générale à la langue française et aux langues de France.
Questions fréquentes sur l'occitan
- Comment dit-on bonjour en occitan ?
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Bonjour se dit bonjorn en occitan languedocien et adishatz en occitan gascon.
- Comment dit-on joyeux anniversaire en occitan ?
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Joyeux anniversaire se dit gaujós anniversari en occitan languedocien et en occitan gascon.
- Comment dit-on au revoir en occitan ?
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Au revoir se dit adissiatz en occitan languedocien et adishatz en occitan gascon.
- Comment dit-on merci en occitan ?
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Merci se dit mercé en occitan languedocien et mercés en occitan gascon.
- Comment dit-on bonne année en occitan ?
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Bonne année se dit bona annada en occitan languedocien et en occitan gascon.