Publié le
31 juillet 2024
par
Aude Charrin, MA.
Actualisé le
10 décembre 2024.
La poésie lyrique s’inscrit dans un genre poétique particulier, celui de l’expression exaltée des sentiments et des émotions du poète suscités par les thèmes existentiels de l’amour, de la nature, de la vie ou de la mort.
Distinct des courants poétiques, le genre lyrique fait référence aux origines musicales de la poésie et s’oppose, par sa passivité réflexive, à la mise en action héroïque du genre épique.
La définition d’une poésie dite lyrique repose essentiellement sur l’étymologique de cet adjectif. Dans la mythologie grecque, Orphée, poète et musicien, charme son auditoire aux sons de sa lyre, un instrument à cordes semblable à la harpe.
La douleur d’Orphée, qui ne parvient pas à ramener son épouse des Enfers, pose les bases de la définition et du mythe. Par ailleurs, la complainte de l’amant face à son amour perdu fait d’Eurydice la première muse de la poésie lyrique.
Dès lors, l’adjectif lyrique fait référence à toute forme de poésie chantée, exploitant les rythmes et la musicalité du langage pour traduire émotions et passions. Le poème lyrique prend alors la forme d’odes, d’élégies ou de dithyrambes, des poèmes tristes ou élogieux, mais invariablement chantés.
Dès le XVIe siècle, la définition évolue vers une forme subjective d’expression. Par opposition aux poèmes épiques, contés à la gloire d’héroïques combattants, la poésie lyrique prône désormais une passivité inhérente à la réflexion contemplative du poète.
Le regard est posé aussi bien à l’extérieur, sur un environnement immédiat, qu’à l’intérieur, où bouillonnent les questionnements face à l’évanescence de la vie, à la fugacité des sentiments, à la volatilité du temps, thèmes de prédilection des auteurs.
Mélancolique, nostalgique, contemplatif, le genre lyrique n’est plus seulement réservé aux poèmes chantés. La musicalité est toutefois assurée par la rythmique du vers, dont le format et la sonorité des rimes en sont le témoignage.
L’abandon du chant n’empêche donc ni la musicalité ni l’émotion. Le poète, même s’il n’est plus interprète, reste le cœur, l’essence du poème lyrique, dont la rédaction au « je » devient d’ailleurs une des caractéristiques premières.
Le genre lyrique en poésie se caractérise par des thèmes spécifiques et une écriture à la première personne. D’autres outils stylistiques, partagés par différents genres littéraires, sont aussi largement exploités dans l’écriture lyrique.
Les thèmes centraux
De toutes les époques, la nature a toujours été le théâtre d’une contemplation méditative. Les forêts, les lacs, les rivières sont synonymes dans l’inconscient collectif d’une observation romantique et de l’introspection qui en résulte.
Toutefois, la nature ne fait pas uniquement référence à l’environnement naturel. L’urbanité, environnement artificiel, est si bien dépeinte par certains auteurs que leur style lyrique renforce la crasse de la ville et la laideur de l’urbain.
La contemplation méditative de l’environnement, naturel ou artificiel, amène inévitablement au constat de sa fugacité, de son évanescence. Thème commun à la nature et à l’humain, l’inexorabilité du temps qui passe, faisant écho aux thèmes de la vie et de la mort, glace d’angoisse et habille de chagrin la sensibilité du poète.
Enfin, l’amour, souvent malheureux, est également un des grands thèmes de la poésie lyrique. Qu’il soit passionnel ou filial, l’amour, et l’exaltation qui l’accompagne, alimente depuis toujours la verve des poètes.
L’énonciation au « je »
Si le thème du poème correspond au fond, l’énonciation concerne la forme. Dans l’écriture lyrique, le poète est un narrateur participant qui adresse son message à une autre personne, un destinataire réel ou imaginaire, mais toujours mentionné.
Si les poètes lyriques chantaient leurs œuvres, signant ainsi leur production, les poètes classiques, destinés à être lus et non écoutés, n’ont d’autres choix que d’afficher leur présence à l’aide de marques énonciatives, qui leur en attribue, mieux encore qu’une signature, la paternité.
Toutefois, ces marques énonciatives ne prennent pas toujours la forme du pronom personnel sujet « je ». D’autres pronoms, identiques dans le sens, mais différents dans la forme, sont souvent exploités par les auteurs pour signaler subtilement leur présence.
Les figures de style
La poésie, plus que n’importe quel autre genre littéraire, se prête à merveille à la création stylistique. L’utilisation de figures de style, qu’elles soient propres au genre poétique ou issues de la rhétorique, agence les mots, façonne les vers et matérialise l’art poétique.
Si l’aspect structurel de l’enjambement s’avère technique, certains procédés, nettement plus simples à s’approprier (comme le parallélisme, l’anaphore ou la métaphore) sont des éléments essentiels pour évoquer des images originales, communiquer des sensations subjectives et dévoiler des sentiments intimes.
Certaines figures de style créent des associations sémantiques tellement originales qu’elles se situent aux frontières de l’erreur grammaticale ou syntaxique.
C’est le cas du zeugme, qui consiste à associer des mots ne possédant pas de liens sémantiques ou syntaxiques. L’aspect inédit de l’image ainsi créée garantit l’efficacité de la figure de style.
Si certains grammairiens ne voient dans le zeugme qu’une vulgaire erreur syntaxique, la créativité intrinsèque du genre poétique permet aux poètes une licence syntaxique, une liberté linguistique dont il serait dommage de se priver.
La poésie lyrique se définit par des thèmes centraux, comme l’amour, la vie ou la mort, et une énonciation à la première personne. L’auteur fait part de sa passion, de ses sentiments, de ses émotions selon son point de vue, depuis sa propre intériorité.
Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.