Qu’est-ce qu’une anaphore ? – Définition et exemples
L’anaphore consiste à répéter un même mot ou groupe de mots plusieurs fois au début d’une phrase, d’un paragraphe ou d’un vers. C’est une figure de style jouant sur l’ordre des mots : elle est donc particulièrement prisée en poésie.
Rome à qui vient ton bras d’immoler mon amant !
Rome qui t’a vu naître, et que ton cœur adore !
Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore !
(Corneille, Horace)
Qu’est-ce qu’une anaphore ?
Une anaphore est une figure de style répétant un mot ou groupe de mots au début de chaque phrase. Le terme nous vient du grec anaphorê, constitué des mots ana (« de nouveau ») et pherein (« porter »), soit « porter de nouveau », et donc faire revenir dans le texte.
Je veux que chacune et chacun puisse travailler dans notre pays plus facilement, que les entrepreneurs embauchent plus facilement, que les entrepreneurs investissent plus facilement, mais que chacune et chacun puisse aussi travailler plus facilement et soit mieux récompensé de son travail.
(Emmanuel Macron, discours du 7 janvier 2017)
Fréquemment employée en littérature et notamment en poésie où elle permet de jouer sur les mots, l’anaphore est également très présente à l’oral : on la retrouve souvent dans les concours d’éloquence en raison de sa répétition et de son effet d’insistance.
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ? (…)
Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s’écœure.
Quoi ! nulle trahison ?…
Ce deuil est sans raison.
(Paul Verlaine, Romances sans paroles)
L’anaphore stylistique, ou rhétorique, ne doit pas être confondue avec l’anaphore grammaticale qui, elle, vient remplacer un mot ou groupe de mots afin d’en faciliter la lecture.
Elle est toujours liée à un référent, nommé antécédent, qui permet de bien structurer la phrase, d’en garantir sa compréhension tout en évitant une répétition. L’anaphore grammaticale n’est pas une figure de style.
- Léo est déçu. Il n’a pas pu venir avec nous.
- La tulipe est une plante herbacée. Cette fleur est très appréciée au printemps.
Anaphore : exemples d’utilisation en français
Les anaphores sont très prisées en français, notamment en littérature, comme on peut le constater dans les exemples suivants.
- Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré !
(Charles de Gaulle, discours du 25 août 1944)
- Mon bras, qu’avec respect toute l’Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire
(Corneille, Le Cid)
- J’accuse le général Mercier de s’être rendu complice (…)
J’accuse le général Billot d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l’innocence de Dreyfus et de les avoir étouffées (…)
J’accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s’être rendus complices du même crime (…)
J’accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d’avoir fait une enquête scélérate (…)
(Émile Zola, extrait de J’accuse)
L’anaphore est volontiers employée comme procédé de rhétorique dans les plaidoyers ou les communications officielles. On la retrouve également au sein de nombreux discours, politiques notamment.
En témoigne cet exemple très significatif, utilisé par François Hollande en 2012 pour faire ployer son adversaire.
Moi président de la République, je ne participerai pas à des collectes de fonds pour mon propre parti (…)
Moi président de la République, je ferai fonctionner la justice de manière indépendante (…)
Moi président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit en chaque instant exemplaire (…)
Moi président de la République, je constituerai un gouvernement qui sera paritaire (…)
Moi président de la République, je ferai en sorte que les partenaires sociaux puissent être considérés (…)
Moi président de la République, j’engagerai de grands débats (…)
Moi président de la République, j’introduirai la représentation proportionnelle pour les élections législatives (…)
(Discours de François Hollande face à son opposant Nicolas Sarkozy lors de l’entre-deux-tours du 2 mai 2012).
On se souvient, plus récemment, de l’anaphore nous sommes en guerre rythmant l’un des discours du président Emmanuel Macron lors de l’épidémie de coronavirus.
Nous sommes en guerre. J’appelle tous les acteurs politiques, économiques, sociaux, associatifs, tous les Français à s’inscrire dans cette union nationale qui a permis à notre pays de surmonter tant de crises par le passé.
Nous sommes en guerre et la Nation soutiendra ses enfants qui, personnels soignants en ville, à l’hôpital, se trouvent en première ligne dans un combat qui va leur demander énergie, détermination, solidarité.
(Emmanuel Macron, discours du 16 mars 2020)
Comment reconnaître une anaphore
L’anaphore est assez simple à identifier dans un texte. Pour la repérer, vous devez porter votre attention sur le lexique utilisé au début de chaque phrase.
La réitération systématique de certains mots ou groupe de mots doit automatiquement vous faire penser à une anaphore. Cette répétition produit un effet de symétrie dans le texte et une mise en relief des termes répétés.
Je fais le rêve qu’un jour chaque vallée s’élèvera et chaque colline et montagne sera aplanie, les endroits rugueux seront lissés et les endroits tortueux redressés.
(Martin Luther King, discours « I have a dream »)
Pourquoi utiliser une anaphore dans un texte
L’anaphore peut être utilisée pour différentes raisons.
- Apporter du rythme : par la répétition méthodique d’un mot, d’une expression ou d’un groupe de mots, une anaphore apporte un nouveau souffle au texte et une certaine musicalité. La lecture est dynamisée et se fait plus rapide.
Qui dit taf te dit des thunes,
Qui dit argent dit dépenses,
Qui dit crédit dit créance,
Qui dit dette te dit huissier.
(Stromae, Alors on danse)
- Amplifier les propos : l’anaphore est un procédé emphatique, c’est-à-dire qu’elle permet d’amplifier les propos et de mettre l’accent sur certains éléments du discours ou de l’énoncé.
- Persuader, convaincre : l’anaphore est utilisée pour choquer, dénoncer, interpeller ou encore persuader. L’énumération répétitive du même terme marque l’esprit du lecteur.
Différences entre l’anaphore, la répétition et la redondance
L’anaphore, la répétition et la redondance présentent quelques différences. Voici comment bien les distinguer pour ne plus les confondre.
La répétition
La répétition porte sur un même mot que l’on retrouve plusieurs fois dans la phrase. Lorsqu’il n’est pas volontaire ou n’est pas employé pour créer un effet stylistique, ce type de répétition peut constituer une faute ou une maladresse dans les écrits.
La redondance
La redondance consiste à répéter des idées similaires à l’aide de termes de sens proche ou identique. Elle peut apporter un côté emphatique au texte ou, au contraire, ralentir sa dynamique lorsqu’elle est involontaire.
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