Épanadiplose | Définition et exemples
Cette notion — dont le nom ne vous évoquera peut-être pas grand-chose de prime abord — est rarement abordée au collège ou au lycée au moment d’étudier les figures de style, et pourtant…
Fondée sur la reprise du même mot d’un bout à l’autre d’une proposition, l’épanadiplose fait partie de ces figures rhétoriques qui peuvent transformer une expérience de lecture.
Son meilleur atout ? Intelligemment placée, elle contribue grandement à la compréhension et à la mémorisation d’une phrase.
Explication :
Puisque la phrase ci-dessus reprend le mot femme d’une extrémité à l’autre, elle utilise une épanadiplose.
Épanadiplose : définition
L’épanadiplose est une figure de style qui rentre dans la famille des figures d’insistance, ou de répétition.
Elle consiste à commencer et à terminer une proposition, une phrase (ou un vers en poésie) par le même mot ou groupe de mots.
De cette manière, son utilisation crée un effet de symétrie qui donne une musicalité et un sens particulier à la phrase, laquelle est alors mise en valeur et marque plus facilement celui qui la lit ou l’entend.
Explication :
La phrase ci-dessus contient une double épanadiplose.
La présence de ces épanadiploses renforce le ton quasi proverbial du propos et appuie le message qu’elle fait passer, à savoir que le pouvoir et l’argent sont des accomplissements qu’il est vain de poursuivre, puisque leur possession entraîne le fait d’en vouloir toujours plus, engendrant de fait une insatisfaction perpétuelle…
De ce fait, l’épanadiplose est donc autant un instrument stylistique — en particulier rythmique — qu’un outil de persuasion, ce qui en fait une technique d’écriture prisée des auteurs.
(Jean Cocteau, La Difficulté d’être)
L’épanadiplose narrative
L’épanadiplose, puisqu’elle repose sur l’utilisation de mots que l’on agence d’une façon particulière au sein de la phrase pour produire un effet de symétrie, s’appuie grandement sur la construction syntaxique de cette dernière.
Néanmoins, l’épanadiplose ne se limite pas à une figure de style en tant que telle.
En effet, son ressort a été calqué et appliqué à une figure de narration employée de façon récurrente dans la littérature et la fiction de manière générale (cinéma, scénario…) : c’est l’épanadiplose narrative.
- Lorsque le même motif narratif est repris par la voix off qui ouvre et ferme le film, passant de « C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de cinquante étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien. Mais l’important, c’est pas la chute. C’est l’atterrissage. » à « C’est l’histoire d’une société qui tombe et qui au fur et à mesure de sa chute se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien… Le problème ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage. ».
- Lorsque le film commence avec le personnage de Saïd qui ouvre les yeux, et se termine sur les yeux du même personnage qui se ferment, répétant le même tableau visuel.
Dans les deux cas, la scène de clôture du film fait un clin d’œil manifeste à sa scène d’ouverture.
Cette symétrie d’exposition est possible grâce à la reprise de motifs (narratifs, verbaux, sensoriels…) d’un bout à l’autre de l’œuvre, qui est caractéristique de l’épanadiplose narrative.
L’épanadiplose narrative consiste ainsi à commencer et à terminer une histoire (essentiellement un roman, mais il peut aussi être question d’un poème ou d’une œuvre cinématographique), un chapitre ou un passage à l’aide de la même phrase, du même tableau, de la même idée ou du même motif narratif.
En résulte une impression de cohérence pour le lecteur ou le spectateur, de construction chiadée et de complétude ; c’est le fameux « La boucle est bouclée ».
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Épanadiplose : exemples
Pour compléter notre réflexion et balayer le maximum de cas de figure, voici quelques exemples d’épanadiplose.
Épanadiplose narrative : exemples
La littérature, tous genres et époques confondus, est friande d’épanadiploses. Des auteurs classiques tels que James Joyce (avec Finnegans Wake), Eugène Ionesco (avec La Cantatrice chauve) ou encore Anton Tchekhov (avec Le Sauvage) n’ont pas hésité à l’intégrer à leurs récits. On trouve également des exemples très éloquents chez nos écrivains les plus illustres, à l’instar d’Émile Zola.
En effet, le récit s’ouvre sur un personnage marchant sur une route, seul. Lorsqu’il se clôture, c’est sur ce même personnage, Étienne… qui marche seul sur cette même route.
L’épanadiplose narrative est certes à noter en littérature, mais elle est également très courante au cinéma, dans la mesure où l’aspect plus visuel de cet art la rend particulièrement mémorable.
- Le film Forrest Gump (1994) s’ouvre et se ferme sur un plan montrant une plume qui flotte et tourbillonne dans le vent.
- Dans Alien : Covenant (2017), le même morceau de musique symphonique débute et clôture le film : L’Entrée des dieux au Walhalla de Wagner.
- Le thriller policier À couteaux tirés (2019) s’ouvre par un zoom sur une tasse, reconnaissable à l’inscription qui l’orne : « My house, my rules, my coffee ». On retrouve cette même tasse sur le dernier plan du film.
Exemples d’épanadiploses célèbres
Concernant l’épanadiplose en tant que procédé littéraire, les exemples ne manquent pas.
- Et rose elle a vécu ce que vivent les roses
(François Malherbe, « Consolation à Monsieur Du Périer ») - L’homme est un loup pour l’homme.
(Thomas Hobbes) - Je suis comme je suis.
(Jacques Prévert, « Je suis comme je suis »)
Mais il n’y a pas toujours besoin d’aller chercher des références aussi pointues : l’épanadiplose se trouve partout autour de nous, jusque dans nos souvenirs d’enfance…
Épanadiplose et anadiplose : en quoi s’opposent-elles ?
Figure de style de répétition, l’anadiplose a les mêmes racines que l’épanadiplose. Pourtant, il ne s’agit pas de la même figure de style, et pour cause : les deux procédés répondent à des règles et à des usages qui s’opposent sur le plan syntaxique.
- L’épanadiplose consiste à reprendre le même mot ou le même motif au début et à la fin d’une proposition, d’un vers ou d’une phrase.
- L’anadiplose repose quant à elle sur la répétition du dernier mot ou groupe de mots d’une proposition au début de la proposition suivante.
- Être ou ne pas être.
(William Shakespeare, Hamlet)- Le même mot (Être) est répété d’un bout à l’autre de la même phrase ; c’est donc une épanadiplose.
- Elle est seule. Seule comme un astre éteint.
(Nathalie Sarraute, Le Planétarium)- Le mot Seule, placé à la fin d’une phrase, débute la phrase suivante (un point les sépare) ; c’est donc une anadiplose.
Même s’il est toujours question de répétition et de parallélisme entre un segment initial et un segment initial, l’anadiplose n’existe que si elle est répartie sur deux phrases délimitées.
De la même manière que l’anaphore et l’épiphore, l’épanadiplose et l’anadiplose sont par conséquent aux antipodes l’une de l’autre.