Étymologie | définition et exemples
En linguistique, l’étymologie correspond à l’histoire des mots, de leur origine à leur filiation.
Souvent comparée à la généalogie, cette discipline, au carrefour de la sociologie, de l’archéologie et de l’anthropologie, permet de reconstituer la vie, passée et présente, des mots d’une langue. Elle témoigne surtout de l’Histoire mondiale, des plus grands mouvements migratoires à l’hégémonie sociale et culturelle de civilisations aujourd’hui disparues.
Que ce soit l’étymologie des noms de famille, celle des prénoms ou l’étymologie dite populaire, la recherche de l’origine des mots fascine, parce qu’au-delà des langues et de leur alphabet, elle remonte aux origines du langage, et par conséquent de l’Homme.
Étymologie : définition
Les langues, et les mots qui les composent, dissimulent derrière leurs lettres, dans leurs graphies et leurs définitions, une histoire qui nous dépasse. Pour en percevoir toute l’étendue, les linguistes ont toujours rapproché l’étymologie de la généalogie.
Ainsi, le champ lexical de la famille est très présent en linguistique : on y parle de langues sœurs (comme l’espagnol et le français), de langue mère (comme le latin pour le français), mais également de racine de mots, de famille de langues et de mots, de filiation et d’ancêtres, qu’ils soient latins ou grecs.
Si l’étymologie du mot ressemble à s’y méprendre à la généalogie des hommes, c’est que langue et humanité sont liées l’une à l’autre de façon inextricable. Les mots et les langues, pendant les siècles précédant l’apparition de l’écriture, sont nés dans la bouche des premiers êtres humains et n’ont pu être transmis que par leurs descendants.
Tout comme les hommes d’aujourd’hui, les mots modernes possèdent donc des ancêtres communs. Mieux encore, ceux qui appartiennent à la même famille étymologique possèdent une ressemblance graphique et phonétique, semblable au code génétique.
Cet aspect biologique, quasi héréditaire, associé à la perspective sociohistorique de l’évolution, transforme l’étymologie en une quête généalogique, le répertoire de toutes les filiations possibles d’un mot, lesquelles s’étendent sur des milliers d’années et un nombre indéfinissable de locuteurs.
Étymologie : exemples
La définition d’étymologie repose donc sur l’histoire des mots, la rétrospective des différentes langues et époques traversées. Pour mieux percevoir l’étendue de ces odyssées, voici quelques étymologies, retraçant le parcours fabuleux, parfois fabulé, des mots d’aujourd’hui.
Travail : étymologie
L’étymologie populaire tend à rapprocher le mot travail de torture, puisqu’il serait issu du latin populaire tripaliare, signifiant « torturer », lui-même tiré du latin tardif, tripalium, désignant un instrument de torture à trois pieux, auxquels le condamné était attaché avant d’être brûlé.
L’association entre torture et travail fait oublier la version des linguistes qui privilégient, eux, la filiation au latin classique, trabis, génitif de trabs, signifiant plutôt poutre que pieux. D’ailleurs, le mot travail a longtemps désigné un assemblage de poutres qui immobilise les chevaux chez le maréchal-ferrant.
Les animaux de trait, prêts à être ferrés, avançaient dans une travée, « l’espace entre deux poutres » et se trouvaient alors entravés, contraints dans leurs mouvements, par cette construction de bois.
De nos jours, le mot travail est associé à la mobilisation de notre corps et de notre esprit dans le but d’obtenir ou de produire quelque chose. En latin classique, travailler se traduit par laborare, mot que l’on retrouve dans labeur en français, synonyme d’un travail long et difficile, et labour en anglais, traduction littérale de travail. D’ailleurs, le mot travail est aussi utilisé en anglais pour désigner un effort intense, à la limite de la souffrance.
Si cette idée de torture se retrouve à priori dans certaines expressions, comme travailler quelqu’un au corps, elle ne provoque pas tant d’effroi lorsqu’on travaille la pâte à pain ou qu’on est travaillé par quelque chose de négatif.
Dans le cas du mot travail, l’étymologie populaire n’a retenu que la contrainte physique poussée à son extrême : la torture. Cette étymologie partielle se fait au détriment de la notion de gain que l’on obtient par le travail, comme un agriculteur qui laboure la terre pour en récolter le fruit, et qui accompagne l’évolution de sa définition.
Démocratie : étymologie
Si l’étymologie populaire se nourrit en partie de l’absence de traces écrites, certains concepts inventés par des civilisations utilisant l’écriture, possèdent une origine tout à fait transparente.
C’est le cas du mot démocratie, un régime politique basé sur un pouvoir partagé par un ensemble d’individus. Constitué des mots grecs dêmos, signifiant « citoyens » et kratos, synonyme de « pouvoir », le concept de dēmokratia, tel qu’inventé par les Grecs, se traduit par la souveraineté des citoyens.
Toutefois, dêmos ne signifie pas le peuple dans son ensemble. Pour désigner une somme d’individus, les Grecs utilisaient le mot laos qui se distingue de dêmos par l’absence de conscience collective et le manque d’organisation de cette masse d’individus.
Le dêmos est, au contraire, un ensemble de citoyens, évoluant dans un système organisé, comme celui des cités grecques. Ces cités n’étaient pas simplement des villes, mais des unités politiques dans lesquelles, les citoyens avaient le droit de cité, celui de jouir de certains privilèges sous certaines conditions.
De fait, le concept de démocratie, loin d’être un pouvoir absolu attribué à tout un peuple, est, dans sa définition première, une souveraineté accordée à un groupe organisé en société, à des citoyens exerçant leurs droits, mais s’acquittant également de leurs devoirs.
Le concept, effacé du lexique mondial par les différents régimes politiques qui lui ont succédé, est réapparu au XVIIIe siècle, grâce aux différentes révolutions, notamment françaises et américaines.
Aujourd’hui, le mot démocratie implique une pluralité d’opinions, qui prennent forme au sein de partis politiques, sous les traits d’un homme ou d’une femme à la tête de ce parti. Cette diversité d’opinion présuppose la liberté de se rassembler, de s’exprimer, de critiquer et de s’opposer aux différents acteurs politiques.
L’évolution de la définition de ce mot donne aujourd’hui de multiples interprétations du concept. Si la démocratie revendique la liberté d’opinion et d’expression, l’exercice du pouvoir par les démocraties actuelles fait malheureusement davantage référence aux notions de corruption et de clientélisme qu’à celle de diversité et de pluralité.
Étymologie : nom de famille
L’étymologie des noms de famille rapproche définitivement la généalogie de l’histoire des mots, parce qu’à l’origine, un nom de famille était bien souvent un simple mot. D’ailleurs, le concept de nom de famille n’apparait qu’au XIIe siècle, sous la forme du patronyme, « le nom du père ».
L’amélioration de la salubrité publique et le déplacement des populations font exploser la démographie du royaume de France. Devant l’augmentation de ses habitants, il devient nécessaire d’ajouter un nom de famille au prénom des individus pour les différencier.
L’Église catholique imposant le nom de baptême, le prénom de l’enfant est dès lors suivi du nom du père : Paul, fils de Robert, devient Paul Robert. Cette filiation rituelle explique le fait que de nombreux noms de famille soient, aujourd’hui encore, des prénoms.
Le nom de famille provient également d’un mot lié au père pour diverses raisons. Le lieu d’habitation (Laplace, Dupont, La Fontaine, Dubois, etc.), le métier (Boulanger, Dufour, Meunier, Boucher, etc.), le statut social, ainsi que la fonction (Chevalier, Lemaire, Leclerc, Lévesque, etc.), voire la place dans la famille (Legendre, Cadet, Neveu, Cousin, etc.) sont autant de possibilités patronymiques.
C’est en 1539, par l’ordonnance de Villers-Cotterêts, que les noms de famille deviennent héréditaires. L’obligation d’enregistrer baptêmes et décès dans un registre fixe les noms, mais pas l’orthographe, si bien que les graphies, elles, continuent d’évoluer. Ce caractère héréditaire n’est pas si anodin, car auparavant, seuls les nobles héritaient de leur titre, et donc de leur nom.
La fixation du nom de famille, et surtout l’interdiction d’en changer sous Louis XIII, a conduit à la création de l’état civil. La fixation progressive de l’orthographe permet, à la fin du XIXe siècle, l’émission des premiers livrets de famille, qui caractérisent toujours l’existence juridique et le statut familial d’un individu.
Étymologie : prénom
Le nom revêt aujourd’hui une importance considérable : il fait partie des principaux faits relatifs à l’état d’un individu par le droit. En d’autres mots, si une mère donne naissance à un enfant, c’est uniquement l’attribution du nom et du prénom qui sanctionne l’existence juridique de cet individu.
Pour les parents, le choix du prénom est une étape importante de la vie de leur enfant, comme en témoignent les nombreux ouvrages qui y sont consacrés chaque année. Originalité, effet de mode, reflet de la personnalité, toutes les raisons sont bonnes pour souligner le caractère, presque prophétique, de cette décision.
Pourtant, jusqu’à la Révolution française, on accorde beaucoup moins d’importance au choix du prénom. Ce dernier est tellement codifié, par l’Église catholique d’abord, puis par les différentes instances royales, que seule une vingtaine de prénoms est utilisée pour nommer une grande majorité de la population.
Ainsi, au début du XVIIIe siècle, en France, 70 % des hommes se prénomment Jean, Pierre, François, Louis, Joseph, Antoine, Jacques, Charles, Étienne, Guillaume ou André, ainsi que leurs composés (Jean-François, Louis-Joseph, Charles–Étienne, etc.). Pour les femmes, ce sont les prénoms Marie, Jeanne, Anne, Françoise, Catherine, Marguerite, Louise, Madeleine et Élisabeth qui leur sont attribués dans la même proportion.
Questions fréquentes sur l’étymologie
- Quelle est l’étymologie de politique ?
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L’étymologie du mot politique renvoie au grec ancien, politikos, « relatif aux citoyens », qui a donné politicus en latin. Par conséquent, l’étymologie du mot politique est grecque.
- Quelle est l’étymologie de Marie ?
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L’étymologie du prénom Marie renvoie à l’araméen, une des langues utilisées au Proche-Orient pendant l’Antiquité. Le prénom Marie y serait orthographié sous la forme Miryam ou Maryam.
En latin et en grec, langues contemporaines de l’araméen, le prénom Marie s’écrit Maria et désigne « le nom de la mère de Jésus ».
- Quelle est l’étymologie de définition ?
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N’ayant quasiment pas changé depuis plusieurs siècles, le mot définition est tiré du latin classique definitio. Son étymologie est qualifiée de transparente.
- Quelle est l’étymologie de hippopotame ?
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L’étymologie du mot hippopotame renvoie au latin impérial hippopotamus, lui-même issu du grec ancien hippopotamos.
Ce dernier est décomposable en hippos, signifiant « cheval », comme dans les mots hippique et hippodrome, et de potamos, qui signifie « fleuve », et que l’on retrouve dans l’adjectif potamotoque, un terme rassemblant tous les poissons qui vivent en mer, mais se reproduisent en eau douce.
- Quelle est l’étymologie de poésie ?
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L’étymologie du mot poésie renvoie au latin classique poesis, lui-même issu du grec ancien poiēsis.