Le nom commun et ses spécificités
Un nom commun est un nom qui désigne les individus, les animaux, les objets ou les concepts qui appartiennent à une catégorie plus large.
On l’oppose en cela au nom propre, lequel fait référence à une chose unique, dotée d’une identité singulière.
— Et pourtant, ce court-métrage est encore en deçà de la réalité…
Explication :
La phrase ci-dessus contient quatre noms communs, dont l’un (court-métrage) est un nom composé (reconnaissable à son trait d’union).
Qu’est-ce qu’un nom commun ?
En matière de grammaire, certaines notions sont plus populaires que d’autres, car abordées dès les premières années d’école ; c’est le cas du nom commun. Mais cela signifie-t-il pour autant que nous sommes au fait de tous ses aspects et de toutes ses subtilités ?
Nom commun : définition
Le nom commun est une sous-classe grammaticale dans laquelle on retrouve les noms qui désignent des êtres, des objets, des lieux, des concepts ou des phénomènes, sans distinction particulière.
On entend par là qu’il n’y a pas d’individualisation derrière son utilisation, contrairement au nom propre.
- Cette tortue va me rendre chèvre !
- Caroline va me rendre chèvre !
Analyse :
Les deux phrases ci-dessus sont construites sur le même modèle, mais un point les distingue nettement : la première a pour sujet un nom commun (tortue), tandis que la deuxième est introduite par un nom propre (Caroline).
- Dans le premier cas, le sujet est vague : on ne sait pas précisément qui est cette tortue qui rend chèvre. Notons toutefois la présence du déterminant démonstratif cette, qui nous fait comprendre que la tortue en question est identifiée par le narrateur et le destinataire. Cependant, rien n’indique que le lecteur a été informé de celle-ci au préalable. En conséquence, pour ce dernier, cette tortue n’est qu’une tortue parmi d’autres.
- Dans le deuxième cas, la chose est plus claire : le sujet est clairement identifié. Ce n’est pas une tortue parmi les tortues qui rend chèvre, mais bien Caroline.
Ainsi, le nom commun est générique. Il peut s’appliquer à plusieurs catégories sémantiques partageant des caractéristiques similaires, elles-mêmes désignables par d’autres noms communs.
Si aucune précision n’est faite à propos de son identité, le champ des suppositions à son sujet est infini : est-ce une tortue domestique ou une tortue géante des Galápagos ? Est-ce une tortue mâle ou une tortue femelle ; une tortue terrestre ou une tortue aquatique ? Vit-elle en captivité ou en liberté dans la nature ? Impossible de le savoir sans plus de précisions…
Néanmoins, le fait de désigner cette entité par le nom commun tortue nous apporte déjà des précisions intrinsèques aux caractéristiques communes à toutes les tortues. Ainsi, on sait que l’on a forcément affaire à un animal flegmatique qui porte une carapace sur son dos, car il en est ainsi pour toutes les tortues, sans exception.
Au premier coup d’œil, les noms communs se distinguent par l’absence de majuscule sur la première lettre, contrairement aux noms propres.
Ainsi, ils forment le noyau d’un groupe nominal.
En allemand, par exemple, tous les noms communs, sans exception, commencent par une majuscule… tout comme les noms propres. Il faut donc trouver une autre astuce pour les différencier.
Quant au néerlandais, c’est encore plus complexe : l’usage est au cas par cas !
Le nom commun est l’une des natures grammaticales les plus récurrentes dans la langue française.
Il permet de structurer le discours, de nommer le monde qui nous entoure, et participe directement à l’enrichissement de notre vocabulaire.
Sans lui, la langue n’aurait plus ni sens ni forme.
Nom commun et nom propre : quelles différences ?
Pour distinguer nom commun et nom propre, plusieurs critères rentrent en compte :
- Quand les noms communs font plutôt référence à une classe générale de personnes, de lieux ou de choses, les noms propres désignent une personne, un lieu ou une chose unique.
- Aller nager à la piscine tous les matins me détend.
- La présence du nom commun générique piscine (précédé du déterminant la) sous-entend le fait que c’est d’aller nager à la piscine qui détend le locuteur ou la locutrice, et que l’effet de détente se produirait dans n’importe quelle piscine, et non dans une piscine en particulier.
- Aller nager à la Piscine Mallarmé tous les matins me détend.
- Contrairement à la phrase précédente, la présence du nom propre Piscine Mallarmé postule que le locuteur ou la locutrice n’obtient cet effet de détente qu’en allant nager dans cette piscine en particulier, et non dans toutes les piscines.
- Le nom commun est déclinable, c’est-à-dire qu’il varie en genre (masculin/féminin) et en nombre (singulier/pluriel), ce qui n’est pas systématiquement le cas du nom propre.
- Le chat dort.
- La chatte dort.
- Les chats dorment.
- Les chattes dorment.
- Le nom commun est presque toujours précédé d’un déterminant, ce qui est plus rarement le cas pour un nom propre (à l’exception des noms de lieux).
Ce déterminant peut être un article défini (le, la, les) ou indéfini (un, une, des).
Il s’accorde systématiquement en genre et en nombre avec le nom qu’il précède.
- La ville brillait de mille feux.
- Le nom commun féminin ville est précédé du déterminant défini la.
- Paris brillait de mille feux.
- Pas de déterminant devant le nom propre Paris.
- Enfin, le nom commun peut être modifié par des adjectifs.
- J’ai mangé une pomme.
- J’ai mangé une pomme rouge.
- J’ai mangé une belle pomme rouge.
Les types de noms communs
On peut catégoriser les noms communs selon leur emploi et les types d’entités qu’ils désignent.
Noms animés et noms inanimés
Les noms animés désignent des entités vivantes et mouvantes, soit des personnes humaines, des animaux, des divinités ou des créatures mythologiques.
Les noms inanimés, quant à eux, font plutôt référence à des choses non mouvantes, des évènements, des états.
- Si vous pouvez l’utiliser pour répondre à la question Qui ?, c’est un nom animé.
- Qui a terminé sa journée ? La boulangère.
- Mais si vous pouvez l’utiliser pour répondre à la question Quoi ?, Quel ? ou Que ?, alors c’est un nom inanimé.
- Qu’est-ce qui a bavé sur quoi ? Le stylo a bavé sur la feuille ?
Noms concrets et noms abstraits
Les noms concrets sont les noms qui désignent des êtres et des choses perceptibles par les sens ; que l’on peut toucher du doigt, voir, écouter, goûter ou sentir.
- Chaise,
- Ciel,
- Escargot,
- Homme,
- Mer,
- Tapis…
Les noms abstraits sont les noms qui désignent des sentiments, des idées, des concepts, des façons de faire ou d’être, et qui sont par conséquent impalpables.
- Conséquence,
- Courage,
- Gérondif,
- Négation,
- Rock…
Noms comptables et noms massifs
De façon très transparente, les noms comptables désignent des personnes, des êtres et des choses qu’il est possible de compter.
- Arbre,
- Chien,
- Fleur,
- Ingénieur,
- Livre,
- Placard…
Les noms massifs (parfois appelés noms non comptables) désignent quant à eux des choses non quantifiables.
- Eau,
- Sable,
- Sel,
- Tissu…
Dans le cas d’un nom massif, on utilise non pas des articles définis ou indéfinis, mais des articles partitifs (du, de la).
En effet, selon le contexte dans lequel ils sont utilisés, les noms comptables peuvent avoir des emplois non comptables, et inversement.
Exemple :
- Ce fromage est une pure merveille.
- Emploi comptable du nom fromage.
- Tu veux du fromage ?
- Emploi non comptable (= massif) du nom fromage.
Noms communs comme noms propres n’ont pas de secret pour lui…
Genre et nombre des noms communs
Déterminer le genre et le nombre qui s’appliquent aux noms communs peut sembler simple au premier abord, mais cet exercice requiert la connaissance de quelques règles au préalable…
Le genre des noms communs
Le genre des noms communs est à envisager selon la catégorie à laquelle il appartient.
Et en l’espèce, c’est la dichotomie entre noms animés et noms inanimés qui va nous intéresser ici.
Le genre des noms inanimés
Avec les noms inanimés, la chose est claire de prime abord : leur genre est arbitraire.
En d’autres termes, ledit genre ne dépend pas des caractéristiques des choses désignées par le nom.
Mais alors, comment sait-on si l’on a affaire à un nom inanimé masculin ou à un nom inanimé féminin ?
La réponse est à la fois simple et terriblement frustrante : il faut l’apprendre.
Voyez plutôt…
- Un fauteuil,
- « Une » fauteuil.
La règle est immuable et indéduisible, car elle ne répond à aucune logique linguistique.
Comment sait-on qu’on dit un fauteuil, et pas une fauteuil ?
On l’a intégré, soit par mimétisme inconscient, soit par répétition via l’apprentissage par cœur.
Ce travail de mémorisation, même s’il est colossal, se fait généralement de manière instinctive dans les premières années du développement du langage pour les locuteurs natifs.
Mais imaginez la difficulté que cela représente pour les apprenants qui cherchent à maîtriser le français langue étrangère… Ce ne sont certainement pas nos amis anglais qui cherchent à apprendre le français — eux dont les noms communs sont tous neutres par essence — qui nous diront le contraire !
Le genre des noms animés
Pour ce qui est des noms animés, il existe une règle générale plutôt évidente… assortie de pléthore d’exceptions.
Exemples :
- On dit une femme mais un homme, car un homme est de genre masculin et une femme est de genre féminin.
- On dit un sanglier mais une laie (la laie étant la femelle du sanglier).
À cette règle générale viennent s’adjoindre plusieurs règles particulières :
- Certains noms animés qui se terminent par un « e » muet peuvent être aussi bien masculins que féminins.
On retrouve beaucoup ce cas de figure avec les noms de métiers.
- Le commissaire est attendu de pied ferme par ses troupes.
- La commissaire est attendue de pied ferme par ses troupes.
- Lorsque les noms animés peuvent désigner des personnes des deux sexes, c’est le contexte (situation globale, déterminant masculin ou féminin, accord de l’adjectif épithète…) qui permet de déterminer leur genre.
- Le forcené retient Jérémy (prénom masculin). Avoir un otage est l’assurance pour lui de gagner du temps.
- Le forcené retient Hannah (prénom féminin). Avoir une otage est l’assurance pour lui de gagner du temps.
- Parfois (de moins en moins avec la féminisation des noms, il est vrai…), lorsque l’on veut souligner le genre d’une personne ou d’un animal — notamment s’il n’existe aucun équivalent féminin à un nom masculin —, on peut rajouter les substantifs femme ou femelle avant ou à la suite du nom.
- Cette ville manque de femmes médecins ! (car on ne dit pas « médecine »)
- Les chats femelles sont généralement plus susceptibles que les chats mâles.
Le nombre des noms communs
S’ils sont singuliers à l’origine, les noms comptables peuvent, par essence, être mis au pluriel.
La plupart du temps, le passage du singulier au pluriel est très simple : que l’on soit face à un nom masculin ou un nom féminin, il suffit d’ajouter un « s ».
- J’ai acheté un oignon et une carotte.
- J’ai acheté des oignons et des carottes.
Mais en plus de ce pluriel régulier (qui est heureusement majoritaire), il existe quelques pluriels irréguliers qui méritent notre attention…
Les cas particuliers
- Pour les noms qui se terminent déjà par « -s », ou par « -x » ou « -z » au singulier, ils restent tels quels au pluriel.
- Un fils/des fils
- Une noix/des noix
- Un gaz/des gaz
- Pour les noms qui se terminent par « -ou » au singulier, on ajoute un « s »… sauf pour quelques-uns d’entre eux qui prennent un « x » (les fameux « noms en -oux »).
- Bijou(x),
- Caillou(x),
- Chou(x),
- Genou(x),
- Hibou(x),
- Joujou(x),
- Pou(x)
- + Ripou(x), qu’on oublie souvent.
- Pour les noms qui se terminent par « -eu », « -œu », « -au » ou « -eau » au singulier, on ajoute un « x » au pluriel.
- Un neveu/des neveux.
- Un bleu/des bleus,
- Un landau/des landaus,
- Un pneu/des pneus.
- Pour les noms qui se terminent par « -al » au singulier, on transforme la terminaison en « -aux » au pluriel.
- Un cheval/des chevaux.
- Un bal/des bals,
- Un carnaval/des carnavals,
- Un chacal/des chacals,
- Un festival/des festivals,
- Un régal/des régals.
- Pour les noms qui se terminent par « -ail » au singulier, on ajoute un « s » au pluriel.
- Un portail/des portails.
- Un bail/des baux,
- Un corail/des coraux,
- Un émail/des émaux,
- Un soupirail/des soupiraux,
- Un vantail/des vantaux,
- Un vitrail/des vitraux.
- Lorsqu’il désigne une activité professionnelle (au sens d’emploi), on écrira des travails.
- Lorsqu’il désigne une tâche hors contexte professionnel, on écrira des travaux.
À noter qu’au pluriel (et uniquement au pluriel, car on ne l’utilise jamais au singulier), Travaux peut désigner un ensemble d’opérations propres à un domaine d’activité particulier, souvent dans l’exploitation ou la construction (travaux agricoles, travaux d’entretien, travaux de rénovation…).
Exemples :
- Quand j’étais étudiante, j’étais obligée d’avoir plusieurs travails pour survivre.
- Alors, tu en es où de tes travaux de rénovation ? Quand penses-tu pouvoir déménager ?
- Le nom « œil » devient « yeux » au pluriel.
- Le nom « ciel » devient « cieux » au pluriel.
- Le nom « aïeul » devient « aïeux » au pluriel lorsqu’il désigne les ancêtres au sens large… mais « aïeuls » (ou « aïeules » au féminin) lorsqu’il désigne les grands-parents.
Les noms composés : quel pluriel ?
Le nom composé :
- s’écrit soit en un seul mot (bienvenue),
- soit ses éléments sont reliés par un trait d’union (taille–crayon),
- soit ses éléments sont séparés par une préposition (il est dans ce cas constitué d’un groupe prépositionnel) ou une espace (verre à vin).
- Pour les noms composés qui s’écrivent en un seul mot, leur pluriel est calqué sur le même modèle que les autres noms.
- Bonhomme/bonshommes,
- Gentilhomme/gentilshommes,
- Monsieur/messieurs,
- Madame/mesdames,
- Mademoiselle/mesdemoiselles.
Dans ces mots composés, le déterminant intégré varie lui aussi en nombre.
- Pour les noms composés qui s’écrivent en plusieurs mots (avec trait d’union ou non), seuls les noms et les adjectifs qui le composent varient en nombre.
Cela signifie que lorsqu’un nom composé contient des mots invariables tels que des prépositions ou des adverbes, ces mots ne prennent, sauf exception, pas la marque du pluriel.
Il en est de même, bien qu’il agisse d’une catégorie de mots variables dans les faits, pour les verbes.
- Des passe-partout (car passe est une forme verbale conjuguée et partout un adverbe)
- Des portes-fenêtres (car portes et fenêtres sont tous les deux des noms)
- Des savoir-vivre (car savoir et vivre sont tous les deux des verbes)
- Des sourds-muets (car sourds et muets sont tous les deux adjectifs)