Le solécisme | Définition et exemples
Il s’agit d’un terme quelque peu barbare à première vue, et pourtant nous sommes à son contact tous les jours (ou presque)…
Faute de syntaxe courante, le solécisme est une erreur de langage susceptible d’entacher la compréhension d’une phrase.
Multiforme et le plus souvent involontaire, il porte atteinte à la grammaire de la langue dans laquelle il s’illustre.
Le solécisme : définition
Le solécisme est une erreur relative à la construction d’une phrase, qui peut porter sur différents aspects tels que l’ordre des mots, la concordance des temps, ou encore l’utilisation incorrecte d’une préposition ou d’une conjonction.
Il s’agit d’un type bien spécifique, mais très courant, de faute de syntaxe.
Le solécisme est monnaie courante dans toutes les langues, y compris en français, où il est encouragé par les usages oraux et les médias qui le véhiculent en boucle, de telle sorte qu’il finit par rentrer dans le langage courant.
Les solécismes, en plus de rompre la cohérence grammaticale d’un énoncé, peuvent en entacher la compréhension.
Ils sont aussi plus difficiles à localiser que d’autres fautes de syntaxe plus évidentes, à l’instar de la syllepse par exemple.
C’est pourquoi ils doivent faire l’objet d’une attention toute particulière lors de l’écriture d’un texte.
Le solécisme : exemples
Le solécisme peut reposer sur une erreur relative à tous les aspects concernés par la syntaxe, à savoir :
- l’ordre des mots dans la phrase ;
- le sens des mots employés (une confusion entre deux termes de sens similaire est possible) ;
- l’expression de la négation ;
- l’utilisation d’un mot à la place d’un autre (dont les mots outils, tels que les prépositions, les conjonctions ou les pronoms) ;
- la concordance des temps ou des modes verbaux…
La langue française, de par sa complicité et sa richesse lexicale, compte de nombreux solécismes. On retrouve les plus courants d’entre eux partout autour de nous, indifféremment du registre de langue employé.
Solécisme | Formulation correcte | Origine du solécisme |
---|---|---|
Après le débat de l’entre-deux-tours, je suis allée au coiffeur. | Après le débat de l’entre-deux-tours, je suis allée chez le coiffeur. | On va chez le coiffeur, et non au coiffeur. |
Au jour d’aujourd’hui, la situation climatique est critique. | Aujourd’hui, la situation climatique est critique. | Au jour d’aujourd’hui est un pléonasme. |
Ce candidat a cherché à faire un espèce de coup d’éclat médiatique, mais ça n’a pas pris. | Ce candidat a cherché à faire une espèce de coup d’éclat médiatique, mais ça n’a pas pris. | Espèce est un nom commun féminin. |
Il a tombé sur plus fort que lui ! | Il est tombé sur plus fort que lui. | Les formes composées du verbe tomber se conjuguent à l’aide de l’auxiliaire être, et non avoir. |
Ils se sont tapés dessus pendant toute la campagne à coups de petites phrases cinglantes, et maintenant ils font comme si rien n’était sur les plateaux ! | Ils se sont tapés dessus pendant toute la campagne à coups de petites phrases cinglantes, et maintenant ils font comme si de rien n’était sur les plateaux ! | L’expression consacrée est Comme si de rien n’était, et non Comme si rien n’était. |
J’ai été au meeting du candidat de la gauche. | Je suis allée au meeting du candidat de la gauche. | J’ai été est le passé composé de l’auxiliaire être, et non du verbe aller. |
J’aimerais que tu viens assister au dépouillement demain. | J’aimerais que tu viennes assister au dépouillement demain. | Confusion entre le mode indicatif et le mode subjonctif. |
Je me rappelle du séisme politique de 2002. | Je me rappelle le séisme politique de 2002. | On se rappelle quelque chose, et non de quelque chose. |
Je n’ai pas vu dans quel isoloir il est allé après qu’il ait pris ses deux bulletins. | Je n’ai pas vu dans quel isoloir il est allé après qu’il a pris ses deux bulletins. | La locution conjonctive Après que appelle l’indicatif ensuite, et non le subjonctif. |
Je suis en colère après ce déni de démocratie ! | Je suis en colère contre ce déni de démocratie ! | On est en colère contre quelque chose, et non après quelque chose. |
Je vote sur Paris. | Je vote à Paris. | Devant un nom de localité, on doit employer la préposition à, et non sur. |
L’éditorialiste que je veux parler prend clairement parti en direct, ce qui contrevient à l’éthique journalistique ! | L’éditorialiste dont je veux parler prend clairement parti en direct, ce qui contrevient à l’éthique journalistique ! | Confusion entre les pronoms relatifs que et dont. |
Nous serons en mesure de vous communiquer les premières estimations d’ici à une heure. | Nous serons en mesure de vous communiquer les premières estimations d’ici une heure. | L’ajout de la préposition à derrière la locution adjectivale d’ici est une erreur de langage due à un usage oral répandu, mais erroné. |
S’ils croivent que c’est facile… | S’ils croient que c’est facile… | Confusion entre le verbe croire et « croiver », qui n’existe pas. |
Solécisme et barbarisme : quelle est la différence ?
Le barbarisme et le solécisme sont des termes de linguistique qui désignent chacun un type d’erreur langagière bien spécifique :
- Le solécisme est une faute de syntaxe, c’est-à-dire que l’erreur vient de la mauvaise articulation de plusieurs mots ou formulations entre eux.
- Le barbarisme, quant à lui, ne renvoie pas à une faute de syntaxe mais à une faute de morphologie ou de lexique. Il révèle une altération au sein même du mot, qui s’en trouve ainsi déformé.
Cette déformation peut consister en un remplacement d’une lettre par une autre à l’intérieur du mot, une inversion, un oubli ou bien un ajout de lettre superflue.
Elle peut également donner lieu à des mots inexistants.
Plus particulièrement, lorsque la faute touche aux caractéristiques grammaticales du mot, on la qualifie de barbarisme grammatical.
Les barbarismes puisent la plupart du temps leur origine dans une mauvaise compréhension auditive de la façon dont on prononce certains mots, qui se transmet de locuteur en locuteur jusqu’à ce que la forme fautive supplante dans l’usage la forme originelle, quand bien même elle serait correcte.
Tout comme pour les solécismes, il n’y a donc aucune honte à faire des barbarismes.
L’important est de savoir les repérer et les corriger.
Comment éviter les solécismes ?
Ne plus faire de solécismes, ou du moins en réduire la fréquence, passe par les mêmes méthodes que pour se délester des fautes de syntaxe :
- Vous relire attentivement lors de la production de textes écrits ;
- Demander conseil à des personnes particulièrement au fait des règles du français ;
- Étudier la grammaire et ses champs linguistiques ;
- Lire/écouter des discours d’éloquence, et ce afin d’emmagasiner le maximum de tournures exactes par mimétisme ;
- Utiliser un correcteur automatique à même de repérer, signaler et corriger vos solécismes, par exemple le correcteur d’orthographe de Quillbot.
Notez que, quelles que soient les techniques vers lesquelles vous préfèrerez vous tourner, un apprentissage durable passera obligatoirement par la répétition.
Questions fréquentes sur le solécisme
- Quels sont les synonymes de solécisme ?
-
Solécisme étant un terme de linguistique très spécifique, il ne possède pas de synonyme à proprement parler. Néanmoins, on peut, si besoin, le remplacer par des termes plus génériques l’englobant, au cas où l’on cherche à éviter une répétition par exemple :
- Faute de syntaxe ;
- Erreur de syntaxe ;
- Erreur syntaxique ;
- Incongruité ;
- Impropriété.