Consonne : définition et emploi en français

Les vingt consonnes du français sont des sons rythmant le langage. À l’inverse de la voyelle, la consonne se caractérise par une obstruction de l’air qui circule des poumons à la bouche. Par exemple, le « t », le « d », le « m » ou encore le « f » ne peuvent être prononcés sans que la langue, les dents, les lèvres ou les muscles de la gorge ne viennent perturber le passage de l’air.

À l’écrit, les consonnes peuvent être simples ou doubles, ce qui donne des maux de tête à bien des rédacteurs ! Et comme toute règle du français, celle des consonnes doubles n’échappe pas à de nombreuses exceptions !

Une consonne, c’est quoi ?

Définition et liste

Une consonne est « un son pour lequel le passage de l’air nécessaire à sa production est gêné, voire totalement interrompu, par les muscles et les organes qui permettent de parler ».

Dans la liste ci-dessous figurent les consonnes graphiques, représentées grâce à une seule lettre de l’alphabet :

  • « b »
  • « c »
  • « d »
  • « f »
  • « g »
  • « h »
  • « j »
  • « k »
  • « l »
  • « m »
  • « n »
  • « p »
  • « q »
  • « r »
  • « s »
  • « t »
  • « v »
  • « w »
  • « x »
  • « z »

Différence entre consonne et voyelle

Lorsque l’air, envoyé par les poumons, circule dans la gorge jusqu’aux lèvres sans rencontrer d’opposition, le son produit est une voyelle. À l’inverse, lorsque ce même parcours est obstrué, le son produit est une consonne.

Le meilleur moyen de comprendre cette différence est encore d’essayer par vous-même :

  • Lorsque vous prononcez la suite de voyelles « a », « e », « i », « o », « u », vous remarquez que le passage de l’air dans votre bouche n’est jamais obstrué.
  • À l’inverse, lorsque vous prononcez la suite de consonnes « c », « f », « n », « k », « v », « s », vous remarquez, cette fois, que le passage de l’air est gêné par un ou plusieurs éléments de votre appareil phonatoire (la langue, les dents, les lèvres, etc.).

Différence entre consonne graphique et consonne phonétique

Il existe deux types de consonnes :

  • Les consonnes graphiques qui s’écrivent à l’aide d’une seule lettre ;
  • Les consonnes phonétiques qui correspondent aux sons produits, mais pas forcément aux consonnes graphiques. C’est le cas du son « ch », comme dans chat, qui s’écrit à l’aide de la combinaison des lettres « c » et « h », mais dont l’association, « ch », n’est pas, elle-même, une consonne graphique.

Exemples de consonnes phonétiques et graphiques :

Consonne phonétique (le son produit à la lecture des mots) Consonne graphique Combinaison de plusieurs lettres
une voiture, un wagon « v » et « w »
une chose « ch »
une forêt, un éléphant « f » « ph »
un jouet, une girafe « j » et « g »
un zèbre, un magasin « z » et « s »
un coup, un koala, une question « c » et « k » « qu »
une table, un thermomètre « t » « th »
un signe, la campagne « gn »

Les cases vides indiquent clairement qu’il n’y a pas toujours de correspondance entre les consonnes graphiques et les consonnes phonétiques.

Ainsi, un seul et même son peut graphiquement être représenté par une ou plusieurs lettres… et c’est là que l’orthographe du français se complique !

Le saviez-vous ?
Il existe un certain nombre de mots sans consonne en français.

On en trouve dans :

  • les noms :
    1. une oie
    2. de l’eau
    3. l’ouïe
    4. un yoyo
    5. le yéyé
  • les formes simples ou composées du verbe avoir :
    1. j’ai (indicatif présent)
    2. elle a (indicatif présent)
    3. il faut que j’aie (subjonctif présent)
    4. on a eu (passé composé)
    5. le stylo qu’il a eu (participe passé au masculin singulier)
    6. la note qu’elle a eue (participe passé au féminin singulier)
  • les conjonctions et les prépositions :
    1. Tu vas où ? À la mer ou à la montagne ?
  • les adverbes et les interjections :
    1. oui (adverbe d’affirmation et d’approbation)
    2. aïe (interjection exprimant la douleur)

Consonne double : règles et exceptions

Règle de la double consonne

Certaines consonnes doublent très fréquemment et d’autres absolument jamais. Il existe quelques grands principes pour savoir quand doubler une consonne, mais aussi beaucoup d’exceptions.

Jamais ou presque jamais

  1. Consonnes qui ne doublent jamais : « q », « v », « w », « x »
  2. Consonnes qui ne doublent presque jamais. Il s’agit en grande majorité de mots empruntés à d’autres langues :
Consonne graphique Langues « prêteuses » Exemples d’exceptions
« b » anglais lobby, lobbyiste, lobbying
latin liturgique (utilisé en contexte religieux) abbé, abbaye, rabbin, sabbat, sabbatique
« d » sanskrit bouddha, bouddhiste, bouddhisme
latin addition, additionner, additif, adducteur, reddition
anglais addictif, addiction, cheddar
« g » latin aggraver, aggravation, aggravante, agglomérer, agglomération, agglutiner, agglutination, suggérer, suggestion, suggestif
anglais reggae, jogging, legging, baggy, toboggan
« h » arabe Wahhabisme, wahhabite
« j » inuktitut (langue inuite) Kuujjuaq, kuujjuamiuq, Kangiqsualujjuaq
« k » suédois drakkar
anglais trekking
« z » italien pizza, pizzeria, pizzaiolo, Jacuzzi, paparazzi, mezzanine
anglais jazz, buzz, puzzle, grizzly, blizzard
arabe razzia

Attention aux anglicismes orthographiques !

Sous l’influence de l’anglais, on doute parfois de l’orthographe de certains mots français :

Français Anglais
adresse « address »
abréviation « abbreviation »
agressif « aggressive »
appartement « apartment »
bagage « baggage »
coton « cotton »
courrier « courier »
developpement « development »
enveloppe « envelope »
girafe « giraffe »
littérature « literature »
mariage « marriage »
professionnel « professional »
trafic « traffic »
tranquille « tranquil »

Consonnes doubles

  1. Pour refléter une prononciation spécifique :
Consonnes doubles entre deux voyelles Exemples Prononciation
« ss » assurer, assez, aussi, essayer, passer, poisson, possible, nécessaire, etc. La double consonne est prononcée comme le son « s » de serpent
« mm » femme, évidemment, récemment, apparemment, fréquemment, patiemment, etc. La voyelle « e » précédent la double consonne est prononcée comme le son « a » de arbre
  1. Pour différencier des homonymes, des « mots de sens différents » :
Homonyme 1 Homonyme 2
une cane
« la femelle du canard »
une canne
« une aide pour marcher »
une date
« l’indication du jour, du mois, de l’année »
une datte
« le fruit du dattier »
une balade
« une promenade »
une ballade
« un poème ou une chanson »
un tome
« la division d’un livre »
une tomme
« un fromage »
une veste sale
« tachée »
une vaste salle
« pièce »
le soufre
« élément chimique »
elle souffre
le verbe souffrir
un explosif détone
« exploser »
il détonne dans ce décor
« contraster, ressortir »
  1. Pour la plupart des mots commençant par les lettres « ac », sauf pour une trentaine d’exceptions, parmi lesquelles une quinzaine seulement sont utilisées fréquemment : acabit, acacia, académie, académique, acarien, acajou, acoustique, acouphène, acompte, acolyte, acoquiner, acuité, acupuncture.
  2. Pour les mots dont le préfixe, c’est-à-dire « la courte série de lettres ajoutées avant un mot », se termine par la même consonne que celle qui commence le mot : ac-cueillir, ac-climater, ac-cumuler, af-ficher, ap-porter, ap-prendre, em-magasiner, em-mener, en-nuager, en-neiger, des-sécher, s-serrer, inter-rompre, il-lettré, il-légale, in-né, etc.
Attention !
La présence d’un préfixe implique que le mot sans préfixe est un mot à part entière.

  • im-matricule-r = préfixe im- + nom matricule + terminaison verbale -er
  • immensité = « mensité » n’est pas un mot à part entière, donc les lettres im ne peuvent pas être considérées comme un préfixe

    Exceptions

    Voici quelques exemples des mots et familles de mots qui ne suivent aucun des principes énoncés ci-dessus. Et le problème, c’est qu’ils sont légion !

    • un an, mais une année, un anniversaire
    • un don ou un abandon, mais donner et abandonner
    • un honneur, mais honorer et honorifique
    • une proportion, mais proportionnel et proportionnalité
    • une confession, mais un confessionnal
    • un appel et appeler, mais une appellation
    • un nom et une nomination, mais nommer
    • sonner et résonner, mais sonore et résonance
    • une coordination, mais coordonner

    Certains cas du français sont impossibles à énoncer sous forme de règles parce qu’il existe beaucoup trop d’exceptions qui rendent bien souvent ces règles illogiques et difficiles à appliquer.

    En français, l’important est de savoir qu’on ne sait pas ! Le doublement des consonnes est source d’erreurs pour tout rédacteur et le meilleur moyen de ne pas se tromper reste encore de consulter un dictionnaire.

    Un peu d’histoire…
    Bien avant l’invention de l’imprimerie, le seul moyen de reproduire un texte écrit était de le copier. Les écrits de l’époque étant principalement des textes religieux, cette tâche était confiée aux rares personnes religieuses et lettrées, les scribes monastiques, aussi appelés moines copistes.

    Les lignes de textes copiées étaient alors soumises à leur interprétation. Pour certains, effectuant leur labeur avec beaucoup de sérieux, leur responsabilité dépassait le stade de la simple copie : il s’agissait de rendre le texte lisible par leurs contemporains.

    Aussi, il n’était pas rare que les moines corrigent le manuscrit original pour le mettre au goût du jour, le faire correspondre à la prononciation de l’époque. Pire encore, lorsque les mots étaient effacés par le temps ou jugés incorrects, ils étaient remplacés par d’autres.

    Certaines théories, voulant que les moines copistes, payés à la lettre, aient volontairement ajouté des lettres aux mots pour augmenter leur gain, ne sont pas vérifiées.

    Mais a-t-on vraiment besoin d’allégations infondées sur l’avidité cupide de certains moines pour démontrer la complexité de l’orthographe du français ?

    Lorsque la simple copie devient à la fois traduction, du latin à l’ancien français, et exercice de réécriture, il est facile d’imaginer l’étendue des variations orthographiques possibles.

    Ajoutez à cela le nombre de moines copistes ayant effectué consciencieusement leur travail jusqu’à l’invention de l’imprimerie et la fixation progressive de l’orthographe, et vous comprendrez pourquoi il y a autant d’exceptions dans la langue française.

    Le « y » : voyelle ou consonne ?

    Lorsque l’on prononce les mots yéti, yoyo, cyclone ou encore bicyclette, on remarque que la lettre « y » laisse libre cours au passage de l’air, ce qui la range automatiquement dans la catégorie des voyelles.

    Mais on remarque également que le « y » change de prononciation selon sa place dans le mot. Il ne se prononce pas de la même façon dans yoyo, que l’on peut lire « lliollio », que dans bicyclette, que l’on peut lire « biciclette ». Ce n’est donc pas tout à fait une voyelle, mais une semi-voyelle.

    Toutefois, il est impossible d’y ajouter un accent, ou signe diacritique, comme avec les autres voyelles du français, telles que « à », « é », « î », « ô », ou encore « ù ». C’est en raison de ce léger détail technique que certains linguistes affirment qu’il s’agit davantage d’une semi-consonne que d’une semi-voyelle.

    Le saviez-vous ?
    Il existe trois semi-consonnes (ou semi-voyelles) en français. En alphabet phonétique international, on note ces sons [j], [w] et [ɥ]. On les retrouve respectivement dans les mots yoyo, ouate, pluie que l’on peut lire « lliollio », « wouate » et « pluuie ».

    Questions fréquentes sur la consonne

    Combien de consonnes dans l’alphabet ?

    Pour répondre à cette question, il faut d’abord déterminer si l’on parle des 20 consonnes graphiques du français ou de ses 17 consonnes phonétiques.

    Le son « qu », comme dans question, est transcrit par les lettres « q » et « u », mais la forme « qu » ne fait pas partie des 20 consonnes du français. Il en va de même pour les sons « ch » et « gn » qui sont bien des consonnes puisque l’air est gêné lors de leur production, mais qui sont représentés par deux lettres au lieu d’une seule et ne sont donc pas des consonnes graphiques.

    Quelles sont les consonnes en anglais ?

    Langues issues du latin, l’anglais et le français partagent les mêmes consonnes et voyelles. Toutefois, si les consonnes graphiques sont les mêmes, ce n’est pas le cas des consonnes phonétiques.

    Pensez au son « th » de l’anglais, comme dans theory, qu’un Français a bien du mal à prononcer, car il s’éloigne, phonétiquement parlant, du son français « t » de théorie. C’est le même principe pour le son « ch » de l’anglais, qui est davantage prononcé comme un « tch », comme dans Churchill ou China, que le son français de chaise.

    L’anglais dispose de 24 consonnes phonétiques, contre 17 pour le français, ce qui explique certaines difficultés de prononciation : les francophones ont un handicap de 7 sons ! Et s’il est plus difficile de reproduire un son que l’on ne possède pas dans sa propre langue, il n’est pas impossible de l’acquérir avec un peu d’entraînement.

    Comment s’appelle la répétition d’un son consonne ?

    Figure de style largement utilisée dans les textes poétiques, l’allitération consiste en la répétition d’un son consonantique, c’est-à-dire « un son produit par une consonne ».

    Cet effet sonore est souvent associé à l’assonance, la répétition d’un son produit par une voyelle, appelé son vocalique.

    Qu’est-ce qu’une consonne nasale ?

    Une consonne est dite « nasale » lorsque l’air expulsé par les poumons passe par le nez plutôt que par la bouche. Il en existe trois en français : le « m » de maman, le « n » de nounou et le « gn » de gnangnan. Vous avez déjà remarqué que, lorsque vous êtes enrhumé, certains mots sont plus difficiles que d’autres à prononcer. C’est parce que votre nez bouché bloque le passage de l’air et vous empêche de produire correctement les consonnes nasales : vous avez donc un « rhube » plutôt qu’un rhume.

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    Aude Charrin, MA

    Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.