Prétérition – figure de style : définition, exemples
La prétérition est une figure de style d’atténuation consistant à dire quelque chose en prétextant ne pas le mentionner.
Issu du latin praeteritus (« passer sous silence »), ce procédé de rhétorique fonctionne donc comme un véritable paradoxe et peut être employé à dessein ou à son insu.
Prétérition : exemples d’emploi
Qu’on l’utilise volontairement ou non, la prétérition est présente dans de nombreuses communications formelles ou informelles. En témoignent ces quelques exemples de la vie courante ou de la littérature où la prétérition est souvent représentée.
Comment reconnaître une prétérition
De manière générale, la prétérition se reconnaît facilement au paradoxe des propos : on annonce ne pas parler de quelque chose pour finalement en faire l’objet de la discussion.
Elle peut également être identifiée grâce aux signes de ponctuation utilisés : présence de points de suspension, de points d’exclamation ou de points d’interrogation.
Souvent, la prétérition peut être suivie d’une longue énumération, comme dans l’exemple suivant.
Il est aussi possible d’identifier une prétérition en fonction de sa construction, principalement sous trois formes.
La forme négative
La forme négative est celle que l’on retrouve le plus souvent dans la formation d’une prétérition. Elle se caractérise par des formes verbales telles que :
- je ne vous dirais point
- je ne vous dirais pas
- je ne mentionnerai pas
- je n’insisterai pas sur le fait que
- je ne vous parlerai pas de
- je ne dirai pas
- je ne dirai rien
- je ne ferai pas
- il va sans dire
- il me semble inutile de rappeler que
- pour ne pas dire
- pour ne pas parler de
Le mode conditionnel
Bien souvent, l’emploi du mode conditionnel, couplé à la mention de quelque chose que l’on prétend ne pas évoquer, est un indicateur de la figure d’atténuation.
Le mode interrogatif
Il est possible de repérer une prétérition grâce à sa construction sous forme de phrase interrogative.
Pourquoi utiliser une prétérition
Qu’elle soit utilisée de manière involontaire ou dans un but spécifique, la prétérition présente de nombreux effets stylistiques.
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Atténuer :
En prétendant passer sous silence certains faits et en les énonçant par la suite, la prétérition vise à atténuer les propos afin de ne pas heurter l’interlocuteur. Elle vient alors désamorcer les potentielles objections.
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Mettre en valeur :
À l’inverse, la prétérition peut atténuer les propos pour leur apporter du relief, les mettre en exergue, et donc les faire ressortir.
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Insinuer, persuader :
Utilisée dans des discours rhétoriques, la prétérition est une figure de style idéale pour convaincre l’auditoire.
Véritable stratagème, elle peut permettre d’insinuer une information et d’instaurer, de manière implicite, une certaine connivence avec le lecteur. C’est donc une figure de style fréquemment employée pour influencer un public en permettant de faire accepter une réalité même si cette dernière repose sur une véracité douteuse.
Prétérition ou euphémisme : différences
La prétérition est une figure de style proche de nombreuses autres figures d’atténuation, comme la litote, la paraphrase ou l’ironie. Bien souvent, elle est cependant confondue avec l’euphémisme, dont l’emploi reste très proche de la prétérition.
L’euphémisme
L’euphémisme consiste à atténuer un propos ou à amoindrir la portée d’une idée afin d’éviter l’emploi de propos déplaisants ou choquants.
Dans cet exemple, le verbe quitter et le substantif disparition sont tous deux des euphémismes utilisés pour évoquer le décès de la personne. Leur emploi permet d’adoucir la brutalité des propos et d’éviter des termes plus désagréables, pouvant heurter la sensibilité.