Conditionnel présent | Terminaisons

Le conditionnel présent est un temps de verbe qui sert à exprimer un désir, un vœu ou une action soumise à une condition.

Temps simple, plutôt que composé, le conditionnel présent exprime une valeur temporelle très particulière, celle d’un futur hypothétique, qui devient même, à l’occasion, une formule de politesse.

Être conditionnel présent
  • un vœu exprimé poliment :
    Je serais heureuse de vous rencontrer.
  • un souhait, un désir :
    Je serais si contente qu’il vienne !
  • une action conditionnelle :
    Il serait brillant s’il y mettait un peu d’ardeur.

Devant la fréquence des erreurs qu’il engendre, le conditionnel présent mérite une petite explication grammaticale, linguistique et surtout phonétique…

Terminaisons conditionnel présent

Puisqu’il possède une valeur de futur, le conditionnel présent se compose sur le même modèle que ce dernier, auquel on ajoute les terminaisons de l’imparfait. Par exemple, le verbe aller au futur, j’irai, devient, au conditionnel, j’irais, la finale en « s » étant la terminaison de l’imparfait.

1ᵉʳ groupe : verbes en -er , sauf aller

AIMER
au conditionnel présent
j’ aimerais
tu aimerais
il/elle/on aimerait
nous aimerions
vous aimeriez
ils/elles aimeraient

2ᵉ groupe : certains ​verbes en -ir

FINIR
au conditionnel présent
je finirais
tu finirais
il/elle/on finirait
nous finirions
vous finiriez
ils/elles finiraient

3ᵉ groupe : verbes en -re en -oir, certains verbes en -ir et le verbe aller

FAIRE
au conditionnel présent
POUVOIR
au conditionnel présent
VOULOIR
au conditionnel présent
ALLER
au conditionnel présent
je ferais je pourrais je voudrais j’irais
tu ferais tu pourrais tu voudrais tu irais
il/elle/on ferait il/elle/on pourrait il/elle/on voudrait il/elle/on irait
nous ferions nous pourrions nous voudrions nous irions
vous feriez vous pourriez vous voudriez vous iriez
ils/elles feraient ils/elles pourraient ils/elles voudraient ils/elles iraient

Formes irrégulières au conditionnel présent

Les formes verbales irrégulières du futur sont identiques à celles du conditionnel présent : l’ajout de la terminaison de l’imparfait parachève aisément la conjugaison de ces formes.

Être et avoir

ÊTRE
au conditionnel présent
AVOIR
au conditionnel présent
je serais j’aurais
tu serais tu aurais
il/elle/on serait il/elle/on aurait
nous serions nous aurions
vous seriez vous auriez
ils/elles seraient ils/elles auraient

Venir et tenir

VENIR
au conditionnel présent
TENIR
au conditionnel présent
je viendrais je tiendrais
tu viendrais tu tiendrais
il/elle/on viendrait il/elle/on tiendrait
nous viendrions nous tiendrions
vous viendriez vous tiendriez
ils/elles viendraient ils/elles tiendraient

Voir et savoir

VOIR
au conditionnel présent
SAVOIR
au conditionnel présent
je verrais je saurais
tu verrais tu saurais
il/elle/on verrait il/elle/on saurait
nous verrions nous saurions
vous verriez vous sauriez
ils/elles verraient ils/elles sauraient

Conditionnel présent : les pièges à éviter

L’association de la désinence du futur aux terminaisons de l’imparfait est un moyen mnémotechnique infaillible, puisqu’il permet de reproduire le schéma de toutes les irrégularités et exceptions communes aux deux temps.

  • Les verbes du 1ᵉʳ groupe qui se terminent en « -ouer », « -uer », « -ier » et « -éer » prennent un « e » muet dans leur radical.
Conditionnel présent: « e » muet
  • Je jouerais du piano ;
  • Tu suerais trop ;
  • Il nierait tout ;
  • Nous créerions un monstre ;
  • Vous loueriez ses qualités ;
  • Elles oublieraient leur tête.
  • Certains verbes (acheter, mener, peser, lever, etc.) et leurs dérivés (racheter, emmener, soupeser, relever, etc.) prennent un accent grave sur le « e » de leur radical.
Conditionnel présent : accent grave sur le « e »
  • J’achèterais un billet de train ;
  • Tu n’en mènerais pas large ;
  • On pèserait plus lourd ;
  • Nous lèverions nos verres ;
  • Vous rachèteriez vos fautes ;
  • Ils emmèneraient leurs enfants.
  • Certains verbes (appeler, jeter, épeler, mourir, courir, acquérir, etc.) doublent la consonne de leur radical.
Conditionnel présent : consonnes doubles
  • J’appellerais un médecin à ta place ;
  • Tu jetterais l’éponge trop facilement ;
  • Il épellerait son propre nom avec des fautes ;
  • Nous mourrions de honte ;
  • Vous courriez trop lentement ;
  • Elles acquerraient un peu de sagesse.
  • Les verbes qui se terminent en « -oyer » et « -uyer » perdent leur « y » pour un « i » (sauf envoyer et renvoyer).
Conditionnel présent : le « y » devient « i »
  • Je nettoierais le tapis si je le pouvais ;
  • Tu appuierais sur tous les boutons ;
  • Elle tutoierait même le président ;
  • Nous essuierions les pots cassés ;
  • Vous emploieriez des incompétents ;
  • Ils se noieraient dans un verre d’eau.
  • Les verbes qui se terminent en « -ayer » peuvent s’écrire avec un « y » pour un « i ».
Conditionnel présent : deux graphies possibles
  • Je paieriez/payeriez cher pour le voir ;
  • Tu essaierais/essayerais que tu n’y arriverais pas ;
  • Il monnaierait/monnayerait son expertise ;
  • Nous balaierions/balayerions ses doutes ;
  • Vous effraieriez/effrayeriez des vampires ;
  • Elles défraieraient/défrayeraient la chronique.

Conditionnel présent : emploi

La proximité phonétique et graphique du conditionnel présent et du futur induit en erreur bon nombre de francophones qui ne font plus la distinction orale entre ces deux temps. Les Français, par exemple, se questionnent souvent avant d’écrire je voudrais ou je voudrai, je ferai ou je ferai, etc.

La faute à l’assimilation phonétique…
Au Québec, contrairement au reste de la francophonie, les locuteurs continuent de prononcer différemment les terminaisons « -ai » et « -ais ».

Par conséquent, les Québécois font nettement moins de fautes sur l’usage du conditionnel en lieu et place du futur, et inversement, que les autres francophones. Puisque cette erreur est audible, elle s’apparente, pour eux, à confondre les sons « an » et « on ».
À l’exception des locuteurs présentant des troubles de l’apprentissage, aucun francophone n’intervertit ces deux sons. Pourtant, chez la grande majorité d’entre eux, les terminaisons « -ai » et « -ais » ont subi une assimilation phonétique.

Ce phénomène est nettement moins complexe qu’il en a l’air. Il s’agit de deux sons voisins qui se ressemblent tellement que le premier finit par « déteindre » sur le deuxième, ce qui supprime totalement les différences qui les caractérisaient.

C’est le cas des paires brin et brun, pâtes et pattes, et de toutes les formes conjuguées au conditionnel présent et au futur, comme ferais et ferai. Pour certains francophones, ces mots ne sont pas des homophones, mais bien des paires de mots phonétiquement différents.

Ne faisant plus de différence phonétique entre les deux temps, un grand nombre de locuteurs ne peut que recourir au contexte sémantique de la phrase pour la conjuguer adéquatement. Le choix entre le conditionnel présent et le futur repose donc entièrement sur le sens du message et l’intention de son auteur.

De cette fine subtilité naissent bon nombre d’erreurs. Pour les éviter, il convient de rappeler les différents contextes dans lesquels le conditionnel présent s’impose.

La formule de politesse

La plus simple utilisation du conditionnel présent reste probablement la formule de politesse. Proche du vœu ou du souhait, elle occupe une place primordiale dans la correspondance écrite.

Des verbes comme vouloir, souhaiter, désirer sont fortement associés à ce genre de formulations, témoignant de requêtes exprimées au je ou au nous, sur un ton formel et poli. Elles se distinguent en ce sens de l’usage de l’impératif présent.

Conditionnel présent et formules de politesse
  • Je désirerais vous faire part de mon inquiétude ;
  • Nous souhaiterions un rendez-vous dans les plus brefs délais ;
  • Je voudrais que l’on me laisse la chance de m’exprimer ;
  • Nous espérions pouvoir en discuter avec vous.

Le conditionnel présent offre également un avantage certain pour toute communication professionnelle. Qu’ils soient écrits ou oraux, comme une lettre de motivation ou un pitch de présentation, ces exercices de style n’en sont que plus formels lorsqu’ils sont rédigés au conditionnel présent.

Le souhait ou le désir conditionnel

Le conditionnel présent permet aussi d’exprimer l’éventualité d’un fait dont la réalisation est soumise à une condition. Cette valeur renvoie à un futur hypothétique, qui se réalisera uniquement si la condition est remplie.

Invariablement, cet aspect temporel joue un rôle sémantique essentiel dans l’expression du désir ou du souhait : ces derniers demeurent des éventualités, et non des réalités.

Ces éventualités sont généralement accompagnées d’une proposition subordonnée circonstancielle de condition, introduites par la préposition si. Elle présente la condition à remplir pour que le désir ou le souhait devienne réalité.

Cette subordonnée circonstancielle requiert un verbe à l’imparfait, qui atteste que l’action n’est pas achevée. La proposition principale, elle, est au conditionnel présent, car elle résulte de la condition, elle en dépend.

Conditionnel présent et proposition subordonnée circonstancielle à l’imparfait
  • Si j’avais les moyens, je partirais en voyage ;
  • Si tu savais ce qu’elle a vécu, tu la traiterais différemment ;
  • Il n’agirait pas autrement, même si tu le réprimandais.

Dans les phrases ci-dessus, l’imparfait implique que l’action n’est pas encore accomplie : elle ne le sera qu’une fois la condition réalisée. Le résultat de cette hypothétique réalisation s’exprime au conditionnel présent dans la proposition principale.

Toutefois, la présence de la proposition subordonnée circonstancielle n’est pas du tout obligatoire dans l’expression du souhait ou du désir. Le conditionnel suffit à exprimer qu’une condition implicite n’est pas, ou pas encore, réalisée.

Conditionnel présent et expression du souhait
  • J’aimerais tellement avoir le temps de voyager ;
  • Il souhaiterait te voir ;
  • Nous accepterions ces excuses.

Si la présence de la proposition subordonnée circonstancielle n’est pas indispensable, elle apporte toutefois une information sémantique primordiale. En son absence, la réalisation hypothétique d’une condition repose uniquement sur le contexte de la phrase.

Conditionnel présent ou futur
  • Je t’achèterais cette paire de chaussures quand tu prendras la peine de faire tes lacets !
  • Je t’achèterai cette paire de chaussures quand les tiennes seront trop petites.

Ces deux phrases témoignent d’une intention bien différente qui réside dans le sens de la phrase.

Dans la première phrase, le futur hypothétique du conditionnel présent suppose que l’auteur des propos n’a pas du tout l’intention d’acheter une nouvelle paire de chaussures, et que la condition mentionnée est davantage une stratégie de négociation.

La deuxième phrase, au futur, valide l’intention de l’auteur des propos, qui se soumet volontairement à l’obligation de réaliser l’action énoncée.

  • Je ferais bien une pause ;
  • Je ferai une pause dans une heure.

Ces deux phrases témoignent d’une même intention : celle de faire une pause. C’est uniquement le contexte de la phrase qui nous renseigne ici sur la probabilité que l’action se réalise.

Dans la première phrase, au conditionnel présent, l’adverbe bien transmet l’idée d’une possibilité et laisse sous-entendre que, malgré le désir du locuteur, son souhait dépend d’une condition implicite. La pause reste une éventualité, et non une réalité, qui ne dépend pas entièrement de son bon vouloir.

Dans la deuxième phrase, au futur, le groupe prépositionnel dans une heure apporte une valeur sémantique essentielle à la phrase. La pause devient une réalité, qui sera accomplie dans un futur proche.

Et si les si et les -rais faisaient finalement bon ménage…
La formule mnémotechnique des poissonsscies qui n’aiment pas les raies a bercé des milliards de francophones, et pourtant… elle n’est pas tout à fait exacte.

Il faut reconnaitre que la formule a l’avantage de synthétiser et de simplifier une grande partie du problème. Toutefois, dans certains contextes, il est tout à fait correct d’utiliser la préposition si et le conditionnel présent. Âmes sensibles, s’abstenir…

  • Si introduit une phrase interrogative indirecte :
    J’aimerais savoir si tu serais intéressé par ce nouveau défi ;
    On ne saura jamais si elle aurait accepté sa demande !

    Ces mêmes questions au style direct :
    Serais-tu intéressé par ce nouveau défi ?
    Aurait-elle accepté sa demande ?

  • Si exprime la concession (registre soutenu) :
    Si mes opinions paraîtraient farfelues de prime abord, je prétendrais qu’elles n’engagent que moi.

Dans cette proposition subordonnée circonstancielle de concession, on peut remplacer la préposition si par la locution concessive s’il faut admettre que.

Le conditionnel présent : une question de style… indirect

Enfin, le conditionnel présent transmet également une valeur temporelle moins connue, mais tout aussi utile, celle d’un futur dans le passé. Il est notamment employé pour rapporter des propos prononcés, eux, au futur. Le passage du style direct au style indirect nécessite cette adéquation, appelée concordance des temps.

Conditionnel présent et concordance des temps
  • Style direct (futur) :
    Je viendrai la chercher lundi.
    Nous irons à la plage.
  • Style indirect (conditionnel présent) :
    Il m’a dit qu’il viendrait la chercher lundi.
    Elles m’ont dit qu’elles iraient à la plage.

Exercice conditionnel présent

En portant une attention particulière au contexte de la phrase, conjuguez au conditionnel présent, à l’imparfait ou au futur, les formes verbales proposées.

Questions fréquentes sur le conditionnel présent

Comment conjuguer le verbe voir au conditionnel présent ?

Le verbe voir au conditionnel présent se conjugue comme suit :

  • je verrais
  • tu verrais
  • il verrait
  • nous verrions
  • vous verriez
  • ils verraient
Comment conjuguer le verbe prendre au conditionnel présent ?

Le verbe prendre au conditionnel présent se conjugue comme suit :

  • je prendrais
  • tu prendrais
  • il prendrait
  • nous prendrions
  • vous prendriez
  • ils prendraient
Comment conjuguer le verbe courir au conditionnel présent ?

Le verbe courir au conditionnel présent se conjugue comme suit :

  • je courrais
  • tu courrais
  • il courrait
  • nous courrions
  • vous courriez
  • ils courraient
Comment conjuguer le verbe partir au conditionnel présent ?

Le verbe partir au conditionnel présent se conjugue comme suit :

  • je partirais
  • tu partirais
  • il partirait
  • nous partirions
  • vous partiriez
  • ils partiraient
Comment conjuguer le verbe manger au conditionnel présent ?

Le verbe manger au conditionnel présent se conjugue comme suit :

  • je mangerais
  • tu mangerais
  • il mangerait
  • nous mangerions
  • vous mangeriez
  • ils mangeraient
Comment conjuguer le verbe croire au conditionnel présent ?

Le verbe croire au conditionnel présent se conjugue comme suit :

  • je croirais
  • tu croirais
  • il croirait
  • nous croirions
  • vous croiriez
  • ils croiraient
Comment conjuguer le verbe mettre au conditionnel présent ?

Le verbe mettre au conditionnel présent se conjugue comme suit :

  • je mettrais
  • tu mettrais
  • il mettrait
  • nous mettrions
  • vous mettriez
  • ils mettraient
Comment conjuguer le verbe jeter au conditionnel présent ?

Le verbe jeter au conditionnel présent se conjugue comme suit :

  • je jetterais
  • tu jetterais
  • il jetterait
  • nous jetterions
  • vous jetteriez
  • ils jetteraient
Comment conjuguer le verbe devoir au conditionnel présent ?

Le verbe devoir au conditionnel présent se conjugue comme suit :

  • je devrais
  • tu devrais
  • il devrait
  • nous devrions
  • vous devriez
  • ils devraient
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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.