Plus-que-parfait | Conjugaison

Le plus-que-parfait est un temps composé qui évoque l’antériorité d’une action par rapport à une autre action passée, exprimée, elle, au passé simple ou à l’imparfait. Il se compose de l’auxiliaire être ou avoir à l’imparfait suivi du participe passé du verbe à conjuguer.

Plus-que-parfait conjugaison
  • Elle avait tout juste terminé son labeur lorsqu’ils arrivèrent.
  • Il était enfin certain du choix qu’il avait fait.

Si la terminaison du plus-que-parfait n’est pas si difficile à maîtriser, les règles qui régissent l’accord de son participe passé restent une des difficultés majeures de la langue française. À l’indicatif ou au subjonctif, le plus-que-parfait mérite plus qu’un simple récapitulatif…

Plus-que-parfait : définition et emploi

Temps composé du passé, le plus-que-parfait permet d’exprimer des faits antérieurs à ceux déjà racontés au passé. Il fait ainsi préexister une action passée, généralement longue, par rapport à une autre action, elle aussi passée et exprimée à l’imparfait ou au passé simple.

Plus-que-parfait exemple (imparfait)
Nous avions grandi en Provence et vivions désormais dans la capitale.
Plus-que-parfait exemple (passé simple)
J’avais si longtemps voulu lui dire la vérité, mais je me ravisai au dernier moment.

S’il marque toujours l’antériorité d’une action passée, le plus-que-parfait de l’indicatif sert également à réactualiser un évènement terminé depuis longtemps ou des paroles prononcées dans le passé. Associé au passé composé, il transforme ainsi des propos énoncés en paroles rapportées.

Plus-que-parfait exemples
  • Elle m’a fait comprendre qu’ils ne s’étaient pourtant jamais revus.
  • Il est encore sorti ! Mais il m’avait dit que je pouvais l’attendre ici !

Enfin, le plus-que-parfait possède également une fonction modalisatrice, c’est-à-dire qu’il exprime différentes modalités, notamment l’hypothétique. Accompagné par la conjonction de subordination si, le plus-que-parfait, associé au conditionnel présent, insiste sur l’aspect hypothétique de l’action, le fait qu’elle n’ait pas eu lieu.

Plus-que-parfait exemples
  • Si j’avais su, je ne serais pas venu.
  • S’il me l’avait dit, je me serais arrangé autrement.
Attention
Le plus-que-parfait est généralement utilisé pour parler d’une action antérieure à une autre action passée. Il est d’usage, notamment dans les cours de français langue étrangère, d’apprendre que seules les actions exprimées à l’imparfait peuvent être précédées du plus-que-parfait.

Les nombreux exemples ci-dessus témoignent du contraire. Si cette information n’est ni tout à fait exacte ni complètement fausse, c’est avant tout parce qu’il s’agit d’une stratégie didactique à l’intention des apprenants qui ne possèdent pas la sensibilité linguistique d’un francophone natif.

Les règles du français étant particulièrement complexes, tous les moyens sont bons lorsqu’il s’agit d’en systématiser les plus obscures. L’apprentissage méthodique des associations passé antérieur/passé simple et plus-que-parfait/imparfait limite les erreurs.

Plus-que-parfait : terminaisons

La formation du plus-que-parfait est relativement aisée, lorsque l’on connait la conjugaison de l’imparfait, le temps de verbe auquel sont conjugués les auxiliaires être et avoir. Le participe passé du verbe à conjuguer suit alors l’auxiliaire.

1ᵉʳ groupe : verbes en « -er », sauf aller

CHANTER
 plus-que-parfait
j’avais chanté
tu avais chanté
il/elle/on avait chanté
nous avions chanté
vous aviez chanté
ils/elles avaient chanté

2ᵉ groupe : certains verbes en « -ir »

FINIR
 plus-que-parfait
j’avais fini
tu avais fini
il/elle/on avait fini
nous avions fini
vous aviez fini
ils/elles avaient fini

3ᵉ groupe : verbes en « -re » en « -oir », certains verbes en « -ir » et le verbe aller

FAIRE
 plus-que-parfait
POUVOIR
plus-que-parfait
APPRENDRE
plus-que-parfait
j’avais fait j’avais pu j’avais appris
tu avais fait tu avais pu tu avais appris
il/elle/on avait fait il/elle/on avait pu il/elle/on avait appris
nous avions fait nous avions pu nous avions appris
vous aviez fait vous aviez pu vous aviez appris
ils/elles avaient fait ils/elles avaient pu ils/elles avaient appris
REVENIR
plus-que-parfait
ALLER
plus-que-parfait
j’étais revenu / j’étais revenue j’étais allé / j’étais allée
tu étais revenu / tu étais revenue tu étais allé / tu étais allée
il/on était revenu / elle était revenue il/on était allé / elle était allée
nous étions revenus / nous étions revenues nous étions allés / nous étions allées
vous étiez revenus / vous étiez revenues vous étiez allés / vous étiez allées
ils étaient revenus / elles étaient revenues ils étaient allés / elles étaient allées

Avoir et être au plus-que-parfait

AVOIR
plus-que-parfait
ÊTRE
plus-que-parfait
j’avais eu j’avais été
tu avais eu tu avais été
il/elle/on avait eu il/elle/on avait été
nous avions eu nous avions été
vous aviez eu vous aviez été
ils/elles avaient eu ils/elles avaient été
Être ou ne pas avoir : l’auxiliaire du plus-que-parfait
Difficulté majeure dans l’apprentissage du français, le choix de l’auxiliaire est souvent une subtilité aussi obscure que la différence entre les verbes espagnols ser et estar pour un francophone.

Théoriquement, l’auxiliaire avoir est utilisé pour tous les verbes transitifs directs, c’est-à-dire qu’ils possèdent obligatoirement un complément direct, ainsi que la plupart des verbes transitifs indirects, obligés eux de posséder un complément indirect.

L’auxiliaire être, lui, s’utilise surtout avec les verbes pronominaux, dont l’action se reflète sur le sujet, et avec quelques verbes intransitifs, qui n’exigent aucun complément (naître, mourir, partir, tomber, rentrer, rester, monter, etc.). Ce sont pour la plupart des verbes de mouvement, qui expriment l’idée d’un déplacement, voire de l’absence de déplacement.

Loin d’être systématique, cet exposé théorique écarte tous les verbes qui acceptent à la fois l’auxiliaire être et avoir et dont le sens diffère selon l’auxiliaire choisi.

C’est le cas du verbe ressortir, utilisé avec les deux auxiliaires dans les phrases suivantes :

  • J’avais ressorti mon vieux tourne-disque pour l’occasion.
  • J’étais ressorti du restaurant par la porte de service.

On comprend l’hésitation des apprenants devant ce choix délicat. En cas de doute, que l’on soit francophone natif ou francophile insatiable, l’utilisation d’un dictionnaire ou d’un correcteur de texte évite les maladresses syntaxiques et sémantiques.

Accord du participe passé

La composition du plus-que-parfait exige l’utilisation d’un participe passé après l’auxiliaire. Bien qu’il existe de nombreuses formes irrégulières, connaitre les principales règles de son accord minimise les erreurs.

  • les verbes du premier groupe, comme aimer, ont un participe passé en « é » ;
  • les verbes du deuxième groupe, comme finir, ont un participe passé en « i » ;
  • les verbes du troisième groupe, comme prendre, voir ou encore mourir, ont un participe passé en « u ».

Lorsque la forme verbale se construit avec l’auxiliaire être, l’accord du participe passé se fait en genre et en nombre avec le sujet du verbe. Les participes passés des verbes pronominaux répondent toutefois à des règles d’accord différentes, selon s’ils sont essentiellement ou occasionnellement pronominaux.

Plus-que-parfait : accord avec l’auxiliaire être
  • Elles étaient nées à quelques heures d’écart.
  • Elles s’étaient dit des choses impardonnables.
  • Les choses impardonnables qu’elles s’étaient dites avaient semé l’émoi dans la famille.

Lorsque la forme verbale se construit avec l’auxiliaire avoir, le participe passé reste invariable si le complément direct du verbe est placé après le verbe.

Plus-que-parfait : absence d’accord avec l’auxiliaire avoir
  • Elles avaient lavé leurs mains dans l’étang.
  • Elles avaient vu Notre-Dame lors de leur dernier voyage à Paris.

Si le complément direct du verbe est placé avant le verbe, le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec ce même complément direct.

Plus-que-parfait : accord avec l’auxiliaire avoir
  • Les seules histoires qu’elles avaient lues étaient des contes de fées.
  • Il s’excusait des erreurs qu’il avait faites et des promesses qu’il n’avait pas tenues.

À la voix passive, l’ajout de l’auxiliaire être impose l’accord en genre et en nombre du participe passé avec le sujet.

Plus-que-parfait : accord voix passive
  • Toutes les cerises de l’arbre avaient été picorées par les oiseaux.
  • La voleuse avait été aperçue, portant à son cou la rivière de diamants.

Plus-que-parfait du subjonctif

Le subjonctif plus-que-parfait, ou plus-que-parfait du subjonctif, ressemble à s’y méprendre à son homologue de l’indicatif, quand vient le temps d’exprimer l’antériorité d’une action sur une autre ou son achèvement à un moment précis dans le passé.

Il se compose d’ailleurs sur le même modèle, à une exception près : l’auxiliaire n’est plus à l’imparfait de l’indicatif, mais à l’imparfait du subjonctif.

AVOIR
subjonctif plus-que-parfait
ÊTRE
subjonctif plus-que-parfait
que j’eusse eu que j’eusse été
que tu eusses eu que tu eusses été
qu’il/elle/on eût eu qu’il/elle/on eût été
que nous eussions eu que nous eussions été
que vous eussiez eu vous eussiez été
qu’ils/elles eussent eu ils/elles eussent été
Bizarre, certainement, mais très logique pourtant
Les formes des auxiliaires dans le tableau ci-dessus sont identiques pour les verbes avoir et être. Pourtant, l’imparfait du subjonctif de l’auxiliaire être se décline comme suit :

que je fusse
que tu fusses
qu’il fût
que nous fussions
que vous fussiez
qu’ils fussent

Alors pourquoi le verbe être se conjugue-t-il avec l’auxiliaire avoir ? Parce qu’il s’agit d’un temps composé dont l’infinitif est avoir été et non « être été ». D’ailleurs, au passé composé, ce même verbe se décline aussi avec l’auxiliaire avoir : j’ai été, tu as été, il a été, etc.

Pour tous les verbes, qu’ils soient du premier, du deuxième ou du troisième groupe, l’accent circonflexe est obligatoire à la troisième personne du singulier. Ce diacritique est indispensable puisqu’il sert de signe distinctif entre le subjonctif plus-que-parfait et le passé antérieur (« il eut fait », « elle fut prise », etc.). Il est complètement absent de toutes les autres personnes.

ALLER
subjonctif plus-que-parfait
que je fusse allé / que je fusse allée
que tu fusses allé / que tu fusses allée
qu’il/on fût allé / qu’elle fût allée
que nous fussions allés / que nous fussions allées
que vous fussiez allés / que vous fussiez allées
qu’ils fussent allés / elles fussent allées
REVENIR
subjonctif plus-que-parfait
que je fusse revenu / que je fusse revenue
que tu fusses revenu / que tu fusses revenue
qu’il/on fût revenu / qu’elle fût revenue
que nous fussions revenus / que nous fussions revenues
que vous fussiez revenus / que vous fussiez revenues
qu’ils fussent revenus / qu’elles fussent revenues
PRENDRE
subjonctif plus-que-parfait
que j’eusse pris
que tu eusses pris
qu’il/elle/on eût pris
que nous eussions pris
que vous eussiez pris
qu’ils/elles eussent pris

Comme pour le subjonctif présent, le subjonctif plus-que-parfait peut avoir une valeur hypothétique. En revanche, il s’inscrit dans le système verbal du passé et doit donc être associé à d’autres temps du passé (conditionnel passé, passé simple, imparfait, etc.).

Subjonctif plus-que-parfait : exemples d’accord
  • Il ne se doutait pas qu’elle fût tombée malade. (imparfait)
  • J’aurais aimé que tu lui eusses souhaité son anniversaire
    avant la fête. (conditionnel passé)
  • Elles s’animèrent avant qu’il n’eût été trop tard. (passé simple)

Héritage de l’ancien français, le subjonctif plus-que-parfait n’est quasiment plus utilisé aujourd’hui, tant à l’oral qu’à l’écrit. Le déclin de son emploi a commencé au milieu du XIXe siècle pour nettement s’accélérer au XXe.

Aujourd’hui, le subjonctif plus-que-parfait a même déserté le registre soutenu et le genre littéraire. À l’oral, on lui préfère le subjonctif présent, que l’on utilise d’ailleurs avec le passé composé. Toutefois, si son usage se fait rare, il en subsiste pourtant des traces dans de rares locutions figées.

Certains écrits juridiques, journalistiques et littéraires conservent la forme négative du verbe être, et son accent circonflexe, à la troisième personne du singulier et du pluriel. N’eût été la volonté farouche de ces journalistes et de ces écrivains, les étudiants francophones n’auraient jamais eu le loisir de rencontrer cette forme désuète. Il est à parier que leur maitrise de la langue n’en aurait pas souffert, n’eussent été les allégations des puristes…

Exercice plus-que-parfait

En portant une attention particulière à l’accord du participe passé, conjuguez les phrases suivantes au plus-que-parfait de l’indicatif :


Questions fréquentes sur le plus-que-parfait

Comment conjuguer le verbe être au plus-que-parfait ?

Être au plus-que-parfait de l’indicatif se conjugue comme suit : 

j’avais été
tu avais été
il avait été
nous avions été
vous aviez été
ils avaient été

Comment conjuguer le verbe avoir au plus-que-parfait ?

Avoir au plus-que-parfait de l’indicatif se conjugue comme suit : 

j’avais eu
tu avais eu
il avait eu
nous avions eu
vous aviez eu
ils avaient eu

Quelle est la valeur du plus-que-parfait ?

La valeur temporelle du plus-que-parfait correspond à l’énonciation d’un fait passé antérieur à un autre fait passé. Toutefois, cette antériorité est très relative lorsque les différents évènements sont réunis dans une seule et même phrase.

En effet, la valeur du plus-que-parfait tend à évoluer vers la simultanéité des actions énoncées, bien qu’elles soient toujours toutes deux situées dans le passé, comme dans la phrase suivante : il avait mal attaché son casque, mais faisait pourtant vrombir sa moto sur les boulevards.

Comment conjuguer le verbe partir au plus-que-parfait ?

Partir au plus-que-parfait de l’indicatif se conjugue comme suit : 

j’étais parti(e)
tu étais parti(e)
il était parti, elle était partie
nous étions parti(e)s
vous étiez parti(e)s
ils étaient partis, elles étaient parties

Comment conjuguer le verbe parler au plus-que-parfait ?

Parler au plus-que-parfait de l’indicatif se conjugue comme suit : 

j’avais parlé
tu avais parlé
il avait parlé
nous avions parlé
vous aviez parlé
ils avaient parlé

Comment conjuguer le verbe écrire au plus-que-parfait ?

Écrire au plus-que-parfait de l’indicatif se conjugue comme suit : 

j’avais écrit
tu avais écrit
il avait écrit
nous avions écrit
vous aviez écrit
ils avaient écrit

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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.