Poème d’amour | Exemple
Ah l’amour ! Sincère, impossible, platonique ou romantique, il est fou quand il rend aveugle, et toujours éternel lorsqu’il est de jeunesse.
S’il fait couler les larmes autant que l’encre des poètes, c’est que le sentiment amoureux est objectivement indescriptible. Le cœur qui s’emballe, les joues qui s’empourprent et les papillons qui papillonnent ne décrivent rien de la légèreté que l’on ressent, de ce sourire permanent sur notre visage, du souvenir tactile et charnel de l’arête d’un nez ou de la douceur d’un cou.
Les plus grands poètes ont pourtant essayé de mettre ces émotions en mots, et surtout des mots sur ces émotions. Voici un florilège de poèmes d’amour pour votre plus grand bonheur, et tous les plus petits…
Nos outils d’aide à la rédaction, comme notre correcteur orthographique ou notre reformulateur de texte, eux, le savent. Qu’il soit infini ou secret, votre amour deviendra des amours passionnées aux accords parfaits !
Poème d’amour pour elle
De Victor Hugo à Paul Éluard, l’amour, conjugué au féminin, est une thématique centrale de la poésie française.
Associé à la nature, à la mélancolie et à l’évanescence des êtres et des choses, l’amour des poètes romantiques est la célébration lyrique de sentiments profonds, souvent cachés, mais toujours complexes et nuancés.
Le sentiment amoureux se superpose aux paysages dans un tableau impressionniste, où les mots brillent de mille feux à la faveur d’un clair-obscur lunaire ou d’une aurore lumineuse.
L’amour, c’est le cri de l’aurore,
L’amour c’est l’hymne de la nuit.
Ce que le flot dit aux rivages,
Ce que le vent dit aux vieux monts,
Ce que l’astre dit aux nuages,
C’est le mot ineffable : Aimons !
L’amour fait songer, vivre et croire.
Il a pour réchauffer le cœur,
Un rayon de plus que la gloire,
Et ce rayon c’est le bonheur !
Aime ! qu’on les loue ou les blâme,
Toujours les grands cœurs aimeront :
Joins cette jeunesse de l’âme
À la jeunesse de ton front !
Aime, afin de charmer tes heures !
Afin qu’on voie en tes beaux yeux
Des voluptés intérieures
Le sourire mystérieux !
Aimons-nous toujours davantage !
Unissons-nous mieux chaque jour.
Les arbres croissent en feuillage ;
Que notre âme croisse en amour !
Soyons le miroir et l’image !
Soyons la fleur et le parfum !
Les amants, qui, seuls sous l’ombrage,
Se sentent deux et ne sont qu’un !
[…]
(Victor Hugo, « Aimons toujours ! Aimons encore », Les contemplations, 1856, premières strophes)
Confrontés à la brutalité d’un siècle et aux maux d’une époque, les poètes surréalistes vivent l’amour au présent de peur qu’il ne leur échappe dans les failles de l’Histoire et les plaies béantes d’une humanité en guerre.
Une femme au cœur pâle
Met la nuit dans ses habits.
L’amour a découvert la nuit
Sur ses seins impalpables.
Comment prendre plaisir à tout ?
Plutôt tout effacer.
L’homme de tous les mouvements,
De tous les sacrifices et de toutes les conquêtes
Dort. Il dort, il dort, il dort.
Il raye de ses soupirs la nuit minuscule, invisible.
Il n’a ni froid, ni chaud.
Son prisonnier s’est évadé — pour dormir.
Il n’est pas mort, il dort.
Quand il s’est endormi
Tout l’étonnait,
Il jouait avec ardeur,
Il regardait,
Il entendait.
Sa dernière parole :
« Si c’était à recommencer, je te rencontrerais sans te chercher. »
Il dort, il dort, il dort.
L’aube a eu beau lever la tête,
Il dort.
(Paul Éluard, « Mourir de ne pas mourir », Capitale de la douleur, 1926)
À l’image de Paul Éluard ou de Louis Aragon, les poètes surréalistes ont véritablement érigé leurs histoires d’amour comme on dresse des barricades : pour se protéger de la violence latente.
La banalité d’un quotidien pourtant très fragile renforce la résilience d’un amour clandestin, dissident, résistant. La force de l’habitude, sa gravité ordinaire se fracasse sur l’extraordinaire des circonstances.
Soir ou matin minuit midi
Dans l’enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C’était hier que je t’ai dit
Nous dormirons ensemble
C’était hier et c’est demain
Je n’ai plus que toi de chemin
J’ai mis mon cœur entre tes mains
Avec le tien comme il va l’amble
Tout ce qu’il a de temps humain
Nous dormirons ensemble
Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J’ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t’aime que j’en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble.
(Louis Aragon, Nous dormirons ensemble, Le Fou d’Elsa, 1963)
Poème d’amour pour lui
Les rimes et l’agencement des mots n’ont rien d’une discipline exclusivement masculine. Depuis toujours, les femmes ont manié les vers avec brio, mais leur talent est resté confidentiel dans un univers littéraire gouverné par les hommes.
Pourtant, d’Hélène de Troie à Louise Labé, des geishas japonaises aux poétesses romantiques anglaises, toutes les sociétés, même les plus patriarcales, ont vu des plumes féminines explorer avec passion et génie le sentiment amoureux.
Ce regard féminin offre à la poésie de nouvelles représentations, plus complexes et nettement plus transgressives. Il révèle surtout tout l’antagonisme de la condition féminine, entre le devoir et la liberté d’aimer.
Mon tourment, mon plaisir,
Dis-moi si ton envie
S’accorde à mon désir ?
Comme je t’aime en mes beaux jours,
Je veux t’aimer toujours.
Donne-moi l’espérance ;
Je te l’offre en retour.
Apprends-moi la constance ;
Je t’apprendrai l’amour.
Comme je t’aime en mes beaux jours,
Je veux t’aimer toujours.
Sois d’un cœur qui t’adore
L’unique souvenir ;
Je te promets encore
Ce que j’ai d’avenir.
Comme je t’aime en mes beaux jours,
Je veux t’aimer toujours.
Vers ton âme attirée
Par le plus doux transport,
Sur ta bouche adorée
Laisse-moi dire encor :
Comme je t’aime en mes beaux jours,
Je veux t’aimer toujours.
(Marceline Desbordes-Valmore, « Le serment », Romances, 1830)
Tout en maîtrise, les poèmes de Marceline Desbordes-Valmore démontrent, s’il est encore nécessaire, que la versification n’est pas l’apanage des hommes.
Fort de leurs rimes croisées et suivies, les quatre strophes du poème se finissent par deux vers identiques. Cette symétrie visuelle et sonore, semblable à des refrains, apporte au poème une rythmique spécifique et invariablement musicale.
Monts blanchis, golfe calme aux contours gracieux,
Votre splendeur m’attriste, et souvent à mes yeux
Votre divin sourire a fait monter les larmes.
Du compagnon chéri que m’a pris le tombeau
Le souvenir lointain me suit sur ce rivage.
Souvent je me reproche, ô soleil sans nuage !
Lorsqu’il ne te voit plus, de t’y trouver si beau.
(Louise Ackermann, « In Memoriam II », Premières Poésies, 1871)
Dans le sillon des poètes romantiques, Louise Ackermann dépose sa peine et son désenchantement sur la scène littéraire. Endeuillée par un veuvage précoce, elle se retire de la société à 32 ans pour se consacrer à sa propre éducation. Érudite, mais recluse, la poétesse souffre d’un mal bien plus profond que le mal d’amour.
Son pessimisme donne à ses poèmes une force vive, ironiquement virile, loin de la mièvrerie habituellement — mais très arbitrairement — associée au féminin. C’est toute la faiblesse de l’Homme et de son orgueil face à la mort qui se dessinent en filigrane de sa poésie nihiliste.
Vive comme un poisson dans l’onde,
Lasse et délasse tes projets,
T’offre la clef d’un nouveau monde
Ferme les yeux et disparaît.
Son corset est l’armure ancienne
Où se cache ce qui te plaît.
C’est le château, c’est la persienne,
C’est le rempart et le coffret
Où tes désirs vont et reviennent.
Refusant ce qu’elle promet,
Retenant l’amour qui se sauve,
Est-ce une femme ou un brochet
En coutil blanc lacé de mauve ?
Est-ce une femme ou un corset ?
(Louise de Vilmorin, « Le Corset », Le Sable du sablier, 1945)
Souvent comparée aux surréalistes (Paul Éluard et Max Jacob, notamment), Louise de Vilmorin a toujours exercé son art dans l’ombre de ses illustres compagnons de vie, Antoine de Saint-Exupéry, puis André Malraux.
Bien moins connue que ses contemporains masculins, elle n’attend pas leur validation pour faire preuve d’indépendance et d’audace. Ses poèmes « conversationnels » reproduisent un dialogue avec le sexe opposé, où les figures de style tiennent le haut du pavé.
Questions rhétoriques, métaphores filées, personnification, tous les moyens sont bons pour oser de délicates comparaisons, d’où s’exhale une sensualité exacerbée et pleinement assumée. Résolument moderne, l’amour de Louise de Vilmorin est un échange, profitable et équitable, de paroles et de principes.
Poème d’amour très touchant
Rien ne vous empêche de vous inspirer des poèmes ci-dessus pour composer le vôtre. De la nature à la routine du quotidien, toutes les thématiques sont valables et tous les procédés stylistiques sont exploitables.
Garante d’une identification immédiate, la métaphore offre d’infinies possibilités créatives et personnalisées, loin des clichés éculés.
L’anaphore, ainsi que son contraire l’épiphore, offre un parallélisme de structure visuellement et sémantiquement pertinent, en plus de faciliter l’amorce du processus créatif.
L’utilisation d’un champ lexical spécifique, outre celui de l’amour, devrait vous fournir quelques munitions si vous veniez à manquer d’inspiration.
La promesse solennelle d’un amour sans fard,
Un premier baiser dans la douceur d’un soir,
Des cœurs à la craie sur un grand tableau noir.
Des lettres et des photos cachées dans un tiroir,
Un sourire aux lèvres matin, midi et soir,
Les idées en vrac et la chambre en foutoir,
La lecture de Zola et de son Assommoir.
Qu’il est bon par moments de se les rappeler,
Ces instants merveilleux, ces secrets bien gardés,
Où out semblait futile à côté des années,
S’étalant devant nous dans leur éternité.
Quarante ans d’ivresse et de félicité,
Le cœur intact, mais les corps transformés,
D’ados boutonneux en visages ridés,
Le bonheur insensé d’une vie à s’aimer.
D’amour de jeunesse en jeunesse éternelle,
Le cœur en bandoulière à l’école de la vie,
De longues amours à l’échéance cruelle,
Des souvenirs précieux à l’aube de la nuit.
Enfin, si vous ne parveniez vraiment pas à rédiger un beau poème d’amour touchant qui fait pleurer parce que votre réservoir de mots et de rimes est véritablement épuisé, rassurez-vous : il vous restera toujours le coup de la panne…
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