Poésie printemps | Exemples

Les oiseaux pépient et jacassent, les degrés escaladent enfin l’échelle du thermomètre, l’air se parfume d’une délicieuse odeur sucrée, il n’y a plus de doute : le printemps est là, et la nature est en émoi !

Poésie printemps
Le carnaval s’en va, les roses vont éclore ;
Sur les flancs des coteaux déjà court le gazon.
Cependant du plaisir la frileuse saison
Sous ses grelots légers rit et voltige encore,
Tandis que, soulevant les voiles de l’aurore,
Le Printemps inquiet paraît à l’horizon.

(Alfred de Musset, « À la Mi-Carême » (première strophe), Poésies nouvelles, 1850)

Synonyme de renaissance, le printemps se caractérise par le réveil d’une nature engourdie par le froid de l’hiver. Symbole de transition, de renouveau ou de progrès, bien des révolutions ont adopté son nom.

Le printemps reverdit les champs, rajeunit nos cœurs d’enfants et sème ses vers pour chasser l’hiver !

Poésie : le printemps

Le gazouillis des oiseaux se mêle à celui des enfants dans la cour de l’école ? L’occasion parfaite de créer une activité pédagogique ludique et, pourquoi pas, extérieure !

Poésie printemps cp

Intéresser les plus jeunes à l’art poétique n’est pas une tâche aisée. Rien de tel que de laisser leur environnement saisonnier et des poètes bien inspirés stimuler leur créativité…

Lauréat de l’Académie française, Michel Beau est un poète français, connu pour avoir réécrit La Marseillaise, dont il juge les paroles trop violentes, à l’occasion des Jeux olympiques de Paris.

Ses valeurs se reflètent dans chacun de ses poèmes, en particulier ceux destinés aux enfants. D’une grande simplicité lexicale et phonétique, les deux strophes de « L’hirondelle et le poète », et sa finale charmante, en font un excellent outil pédagogique pour le jeune public.

Le printemps poésie
« Bonjour, bonjour », dit l’hirondelle,
qui revient nicher sous mon toit.
« J’ai du printemps au bout des ailes
et t’apporte des fleurs nouvelles ;
je te suis fidèle ».

« Merci, merci, dit le poète,
de revenir auprès de moi
de l’autre bout de la planète. »
et j’avais du bleu plein la tête
Car l’hirondelle c’était toi.

(Michel Beau, « L’hirondelle et le poète »)

Et puisque poème rime avec épicène, rendons hommage à toutes ces anonymes de la rime et ces maîtresses-poétesses, qui honorent de leur génie la poésie et les tout-petits.

Monsieur printemps poésie
Le mois de mars a un secret
Que je vais vous raconter.
Il nous prépare doucement
L’arrivée de monsieur Printemps.

Monsieur Hiver n’est plus le roi,
Dame Nature reprend ses droits.
Les fleurs apparaissent dans les champs
Pour saluer monsieur Printemps.

Le soleil réchauffe de ses rayons
Les ailes fragiles des papillons.
Tout reprend vie lentement
Grâce au bienveillant monsieur Printemps.

(Karine Persillet, « Monsieur Printemps »)

Poésie printemps cm1

La poésie offre une excellente raison de joindre l’utile à l’agréable : faciliter l’apprentissage du français grâce à la fantaisie des rimes.

Sans frontière, l’art poétique met à l’honneur tous les génies francophones et permet de sensibiliser les élèves à la diversité d’un français pluriel, parlé aux quatre coins de la francophonie.

Poète et écrivain belge, Maurice Carême s’est largement inspiré de sa formation d’instituteur pour produire des poèmes joyeusement simples, sans jamais être simplistes. Pour tous les francophones, son ton familier reste celui de l’enfance, des pupitres d’écoliers et des tableaux noirs blanchis de craie.

Le printemps reviendra poésie
Hé oui, je sais bien qu’il fait froid,
Que le ciel est tout de travers ;
Je sais que ni la primevère
Ni l’agneau ne sont encore là.
La terre tourne ; il reviendra,
Le printemps, sur son cheval vert.
Que ferait le bois sans pivert, Le petit jardin sans lilas ?
Oui, tout passe, même l’hiver,
Je le sais par mon petit doigt
Que je garde toujours en l’air…

(Maurice Carême, « Le printemps reviendra », En Sourdine, 1964)

Un poème, dont un certain nombre de mots sont inconnus, est l’exercice idéal pour familiariser les élèves aux différents outils lexicographiques.

L’utilisation du dictionnaire (papier ou numérique), la reformulation synonymique (à l’aide de synonymes) ou l’élaboration d’un champ lexical sont autant d’activités pédagogiques ludiques et pertinentes, à réaliser en classe ou à la maison.

Poésie Au printemps Théophile Gautier
Regardez les branches,
Comme elles sont blanches.
Il neige des fleurs,
Riant sous la pluie,
Le soleil essuie
Les saules en pleurs,
Et le ciel reflète
Dans la violette
Ses pures couleurs.

La mouche ouvre l’aile,
Et la demoiselle
Aux prunelles d’or,
Au corset de guêpe,
Dépliant son crêpe,
A repris l’essor.
L’eau gaiement babille,
Le goujon frétille :
Un printemps encore.

(Théophile Gautier, « Au printemps », Poésies, 1830)

Poésie printemps cm2

Pour les plus grands, certaines notions peuvent être abordées en vue de leur entrée au collège. La mise en relief de certaines structures initie les élèves aux procédés narratifs et aux figures de style, comme l’anaphore.

Printemps poésie
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s’est vêtu de broderie
De soleil luisant, clair et beau.

Il n’y a bête ni oiseau
Qu’en son jargon ne chante ou ne crie :
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie.

Rivière, fontaine et ruisseau
Portent en livrée jolie
Gouttes d’argent d’orfèvrerie ;
Chacun s’habille de nouveau :
Le temps a laissé son manteau.

(Charles d’Orléans, « Printemps », en français moderne)

Version originale

Le temps a laissié son manteau
De vent, de froidure et de pluye,
Et s’est vestu de brouderie,

Le temps a laissié son manteau

De soleil luyant, cler et beau.
Il n’y a beste ne oyseau,
Qu’en son jargon ne chante ou crie ;
Le temps a laissié son manteau.

Riuière, fontaine et ruisseau
Portent, en liuree jolie,
Gouttes d’argent d’orfaverie,
Chascun s’abille de nouveau :
Le temps a laissié son manteau.

(Charles d’Orléans, « Printemps », en moyen français)

La version originale de ce poème, écrite au XVe siècle, permet de rappeler l’histoire de la langue française et les modifications qui ont réformé son orthographe. Mêlant histoire de France et histoire du français, cette activité transversale permet de mobiliser différentes disciplines et connaissances.

Poésie au printemps

Le printemps est la saison idéale pour faire rimer poésie et esprit. Les maîtres japonais du haïku et les poètes romantiques se sont largement inspirés de la nature, du rythme constant et régulier des saisons pour regretter la fuite du temps et l’évanescence des êtres.

poésie printemps

Certes, la campagne se pare de merveilleuses couleurs dès les premières percées printanières, mais la ville n’est pas en reste quand s’annonce la belle saison. Haut les cœurs, Citadins du monde, le Printemps s’invite partout si l’on sait par des rimes l’embrasser !

Poésie sur le printemps
Le retour des beaux jours
Dans l’air, la promesse
D’une éternelle jeunesse
Et de nouveaux amours.

De délicieux parfums,
Dans les parcs et les rues,
Le bitume mis à nu,
La nature prend la main.

En terrasse de bistrot,
Sur un quai, sur une berge,
De tous lieux, on converge
Pour prendre l’apéro.

On trinque et on arrose,
On rit, on vit, on fête,
Dame Nature qui s’apprête,
De nos pensées écloses.

Nul besoin de talent,
Pour savoir recevoir,
Sur un bout de trottoir,
La douceur du Printemps.

Si vous préférez les vers printaniers des plus grands poètes français, voici deux des plus beaux. De Nerval ou Hugo, il y en aura bien un pour faire frissonner votre cœur d’artichaut !

Poésie le printemps
Déjà les beaux jours, – la poussière,
Un ciel d’azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ; –
Et rien de vert : – à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs !

Ce beau temps me pèse et m’ennuie.
– Ce n’est qu’après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui, souriante, sort de l’eau.

(Gérard de Nerval, « Avril », Odelettes, 1853)

Rien de tel que deux sizains (strophe de six vers) aux rimes suivies pour nous vanter les vertus de la pluie. Et si avril vous laisse fébriles, le mois de mai enchantera vos journées !

Poésie printemps Victor Hugo
N’attendez pas de moi que je vais vous donner
Des raisons contre Dieu que je vois rayonner ;
La nuit meurt, l’hiver fuit ; maintenant la lumière,
Dans les champs, dans les bois, est partout la première.
Je suis par le printemps vaguement attendri.
Avril est un enfant, frêle, charmant, fleuri ;
Je sens devant l’enfance et devant le zéphyre
Je ne sais quel besoin de pleurer et de rire ;
Mai complète ma joie et s’ajoute à mes pleurs.
Jeanne, George, accourez, puisque voilà des fleurs.
Accourez, la forêt chante, l’azur se dore,
Vous n’avez pas le droit d’être absents de l’aurore.
Je suis un vieux songeur et j’ai besoin de vous,
Venez, je veux aimer, être juste, être doux,
Croire, remercier confusément les choses,
Vivre sans reprocher les épines aux roses,
Être enfin un bonhomme acceptant le bon Dieu.

Ô printemps ! bois sacrés ! ciel profondément bleu !
On sent un souffle d’air vivant qui vous pénètre,
Et l’ouverture au loin d’une blanche fenêtre ;
On mêle sa pensée au clair-obscur des eaux ;
On a le doux bonheur d’être avec les oiseaux
Et de voir, sous l’abri des branches printanières,
Ces messieurs faire avec ces dames des manières.

(Victor Hugo, « Après l’hiver », Les Contemplations, 1856)

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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.