Poésie automne | Exemples

Saison de transition, l’automne se prête plus que toute autre à la contemplation méditative qui caractérise le genre poétique. Les feuilles qui s’embrasent, qui tourbillonnent, qui recouvrent de leurs dernières couleurs une nature humide, pleurant, elle aussi, la fin de l’été, offrent un spectacle saisonnier grandiose à qui sait l’apprécier.

Automne poésie
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine, « Chanson d’automne », Poèmes saturniens

Et quoi de mieux que les grands classiques de la poésie, et les non moins grands anonymes, pour apprécier cette saison à sa juste valeur. Voici quelques vers automnaux qui réjouiront petits et grands…

La poésie pour les petits

L’école primaire est l’occasion de développer, grâce à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, l’amour des mots. Au-delà des prédispositions intellectuelles, ou d’une fibre artistique héritée d’un environnement familial propice, la littérature et la poésie offrent aux jeunes lecteurs un univers sensoriel aussi vaste que l’imagination elle-même.

Voici, à l’attention des enseignants, une sélection de poèmes qui peuvent faire l’objet d’un atelier thématique sur l’automne. En complément d’autres ressources pédagogiques, ces poèmes rimés, adaptés à chaque niveau, développent les compétences phonétiques des élèves, essentielles à leur apprentissage graphique.

Poésie automne cours préparatoire

Pour le jeune public du cours préparatoire, l’acrostiche s’avère une initiation ludique à l’univers poétique, tout en développant le repérage de lettres isolées ou de mots entiers.

Automne poésies CP
Au temps des marrons
Un petit champignon
Têtu et mignon
Offre sans façon 
Mais pour l’occasion
Nouvel habit de saison
Et large chapeau rond.

Six pommes de pin,
Et deux oiseaux malins,
Pour accompagner de leur refrain,
Tous les enfants en chemin.
Et main dans la main,
Mes meilleurs copains,
Bonne mine et sourire en coin,
Récitent ces vers avec soin,
Et rêvent déjà au printemps prochain.

Poésie automne cours élémentaire

Le cours élémentaire est l’occasion de développer des compétences syntaxiques, grammaticales et lexicales. Les différents éléments de ponctuation propres au lyrisme poétique (accent circonflexe, point d’exclamation) peuvent également constituer un support d’initiation pédagogique.

Poésie automne René Guy Cadou (poésie automne CE1)
Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison !
À sept ans comme il faisait bon,
Après d’ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison !
La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées,
Sentait l’encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières
Amassées par tout un été.
Ô temps charmant des brumes douces,
Des gibiers, des longs vols d’oiseaux,
Le vent souffle sous le préau,
Mais je tiens entre paume et pouce
Une rouge pomme à couteau.

René Guy Cadou, « Automne »

Automne Poésie CE2
On s’emmitoufle
Comme des oignons
Tout se camoufle
On frissonne pour de bon
Brrrr… je vois mon souffle
Résister dans l’air froid
Et, dans mes moufles, je ne sens plus mes doigts.

Poésie automne cours moyen

Des contraintes grammaticales spécifiques, comme la présence obligatoire d’adjectifs ou de participe présents, ou des exigences lexicales imposées (un certain champ lexical par exemple), font de l’acrostiche un excellent exercice de révision pour les élèves du cours moyen… ou l’art de faire de la grammaire sans en avoir l’air.

Poésie automne CM1
Noués sont les foulards,
Oubliés, les espoirs,
Venteux, les boulevards,
Enrhumés, les mouchoirs.
Mortes sont les feuilles,
Balayées par le vent,
Réunies sur les seuils,
Elles attendent le printemps.
Automne poésie CM2
Dansant sur les pavés,
Éclatante de lumière,
Couvrant la chaussée
Effrayant les parterres,
Maudissant le soleil,
Brillant sous les étoiles,
Réduite à la clémence du ciel
Et la blancheur d’un voile.

Les grands classiques pour les grands enfants

De Hugo à Apollinaire, de Chateaubriand à Verhaeren, tous les grands poètes ont rendu hommage à la mélancolique beauté de l’automne. Voici quelques-uns des plus grands classiques de la poésie francophone qui, à défaut de contrer la chute des degrés, réchauffe l’âme et ravive la flamme de ces génies disparus.

Poèmes Automne : exemple
Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux
Et son bœuf lentement dans le brouillard d’automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux
Et s’en allant là-bas le paysan chantonne
Une chanson d’amour et d’infidélité
Qui parle d’une bague et d’un cœur que l’on brise
Oh ! l’automne l’automne a fait mourir l’été
Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises

Guillaume Apollinaire, « Automne », Alcools

Poème sur l’automne
Matins frileux
Le temps se vêt de brume ;
Le vent retrousse au cou des pigeons bleus
Les plumes.
La poule appelle
Le pépiant fretin de ses poussins
Sous l’aile.
Panache au clair et glaive nu
Les lansquenets des girouettes
Pirouettent.
L’air est rugueux et cru ;
Un chat près du foyer se pelotonne ;
Et tout à coup, du coin du bois résonne,
Monotone et discord,
L’appel tintamarrant des cors
D’automne.

Émile Verhaeren, « Automne »

Poème d’automne
I
Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.
Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon cœur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.
J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.
Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? – C’était hier l’été ; voici l’automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.

II
J’aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,
Douce beauté, mais tout aujourd’hui m’est amer,
Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l’âtre,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.
Et pourtant aimez-moi, tendre cœur ! soyez mère,
Même pour un ingrat, même pour un méchant ;
Amante ou sœur, soyez la douceur éphémère
D’un glorieux automne ou d’un soleil couchant.
Courte tâche ! La tombe attend ; elle est avide !
Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,
Goûter, en regrettant l’été blanc et torride,
De l’arrière-saison le rayon jaune et doux !

Charles Baudelaire, « Chant d’automne », Les Fleurs du mal

Poème automne : exemple
Mais des nuits d’automne
Goûtons les douceurs ;
Qu’aux aimables fleurs
Succède Pomone.
Le pâle couchant
Brille encore à peine ;
De Vénus, qu’il mène.
L’astre va penchant ;
La lune, emportée
Vers d’autres climats,
Ne montrera pas
Sa face argentée.
De ces peupliers,
Au bord des sentiers,
Les zéphyrs descendent,
Dans les airs s’étendent,
Effleurent les eaux,
Et de ces ormeaux
Raniment la sève :
Comme une vapeur,
La douce fraîcheur

De ces bois s’élève.
Sous ces arbres verts,
Qu’un vent frais balance,
J’entends en silence
Leurs légers concerts :
Mollement bercée,
La voûte pressée
En dôme orgueilleux
Serre son ombrage,
Et puis s’entr’ouvrant.
Du ciel lentement
Découvre l’image.
Là, des nuits l’azur
Dans un cristal pur
Déroule ses voiles.
Et le flot brillant
Coule en sommeillant
Sur un lit d’étoiles

– Oh ! charme nouveau !
Le son du pipeau
Dans l’air se déploie,
Et du fond des bois
M’apporte à la fois
L’amour et la joie.
Près des ruisseaux clairs.
Au chaume d’Adèle
Le pasteur fidèle
Module ses airs.
Tantôt il soupire,
Tantôt il désire ;
Se tait : tour à tour
Sa simple cadence
Me peint son amour
Et son innocence.
Dans son lit heureux
La pauvre attentive
Écoute, pensive,
Ces sons dangereux :
Le drap qui la couvre
Loin d’elle a roulé,

Et son œil troublé
Mollement s’entr’ouvre.
Tout entière au bruit
Qui pendant la nuit
La charme et l’accuse,
Adèle au vainqueur
Son aveu refuse
Et donne son cœur.

François-René de Chateaubriand, « Nuit d’automne », Tableaux de la nature

Poème sur l’automne
Voici que la saison décline,
L’ombre grandit, l’azur décroît,
Le vent fraîchit sur la colline,
L’oiseau frissonne, l’herbe a froid.

Août contre septembre lutte ;
L’océan n’a plus d’alcyon ;
Chaque jour perd une minute,
Chaque aurore pleure un rayon.

La mouche, comme prise au piège,
Est immobile à mon plafond ;
Et comme un blanc flocon de neige,
Petit à petit, l’été fond.

Victor Hugo, « Voici que la saison décline », Dernière gerbe

Vous avez aimé cet article ?
Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.