En linguistique, la synérèse est la prononciation en une seule syllabe de deux voyelles successives au sein d’un mot.
Également utilisée en poésie, la synérèse permet de supprimer une syllabe du vers pour le raccourcir, et ainsi respecter les contraintes métriques concernant sa longueur.
Phonétiquement, la synérèse est la fusion de deux syllabes d’un mot, en une seule. Ce phénomène a lieu à l’intérieur d’un mot, lorsque deux voyelles se suivent.
Ces voyelles, prononcées successivement, forment une diphtongue, c’est-à-dire la prononciation de deux sons vocaliques, l’un à la suite de l’autre.
Aujourd’hui, les mots Saône et saoul ne présentent plus de diphtongue : elle s’est effacée, par synérèse, au profit d’une seule syllabe. La synérèse réduit phonétiquement, et non graphiquement, le nombre de syllabes d’un mot.
Le phénomène phonétique inverse de la synérèse est la diérèse, qui consiste à découper une seule syllabe en deux syllabes distinctes.
Si de nombreux mots présentent une prononciation différente selon les variétés francophones, rares sont ceux de seulement quatre lettres qui acceptent diérèse et synérèse. D’autres n’offrent pas ce choix, peu importe leur longueur.
Diérèse et synérèse en poésie
En poésie classique, la métrique du vers contraint sa longueur à un nombre précis de syllabes. Le grand vers, l’alexandrin, présente un nombre exact de douze syllabes.
Si la diérèse permet d’ajouter des syllabes pour allonger le vers, la synérèse crée l’effet inverse et réduit sa longueur.
En poésie classique, il était plutôt d’usage de composer des vers longs, considérés plus nobles, et la synérèse a connu un succès nettement moins franc que la diérèse.
Ces deux phénomènes offrent pourtant des perspectives sonores et rythmiques complémentaires. La diérèse permet de ralentir le rythme en étirant un son sur deux syllabes, tandis que les syllabes fusionnées de la synérèse accélèrent la cadence en ne conservant qu’un seul son.
Synérèse et diérèse sont avant tout des phénomènes phonétiques et montrent l’évolution de la langue au cours des siècles, conservant parfois des traces graphiques des différentes prononciations privilégiées par l’usage.
Lorsqu’ils sont utilisés pour le décompte des syllabes, ils deviennent des effets stylistiques, propres au genre poétique, mais systématiquement volontaires et artificiels, créés de toutes pièces par les poètes.
Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.