Statu quo | Locution latine
Voilà encore une locution latine qui a su se tailler une place de choix au sein de la langue française !
Mais saviez-vous que statu quo n’est que l’abréviation d’une expression plus longue ?
De nos jours, on utilise l’expression statu quo pour évoquer l’état actuel des choses, pour pointer du doigt une situation donnée. Et s’il est un domaine où cette locution s’invite régulièrement à la table, c’est bien celui de la diplomatie.
En cas d’utilisation à l’écrit, ayez toutefois à l’esprit que les pièges orthographiques que le statu quo peut vous tendre, aussi confortable soit-il, sont nombreux…
Faire appel à des aides extérieures est désormais possible, où que vous soyez : correcteur orthographique, chatbot IA, ou encore assistant dédié à l’humanisation de textes sont autant d’outils pensés et conçus pour vous faciliter la tâche, en cours de rédaction ou a posteriori.
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Statu quo : définition
Dans le langage actuel, statu quo (qu’on emploie comme un nom commun) signifie « état actuel des choses ».
Cette locution fait implicitement référence à une situation figée, sans évolution en cours, voire s’inscrit dans le contexte d’un blocage.
On l’associe notamment aux expressions :
- « maintenir le statu quo » (= préserver la situation telle qu’elle est),
- « préférer le statu quo » (= privilégier l’inaction),
- « préserver le statu quo » (= conserver une situation en l’état, afin d’éviter qu’un conflit dégénère ou qu’une situation se dégrade),
- « défendre le statu quo » (= soutenir l’idée d’un non-mouvement face à l’hypothèse d’un changement),
- « sortir du statu quo » (= agir, bousculer la situation, faire bouger les lignes)…
Le statu quo est intimement lié au lexique de la diplomatie et de la géopolitique, puisque son utilisation la plus notable renvoie au maintien d’une situation politique et militaire en place, et ce en dépit de tensions intérieures ou extérieures, de conflits ou de risques de renversements de pouvoir.
Le terme substantif statu quo porte souvent une connotation négative cachée, liée au climat de stagnation et d’inaction dans lequel il s’inscrit. Car, même s’il peut être synonyme de tranquillité et de paix, ces dernières ne sont jamais dans ce cas que temporaires, et annonciatrices d’un grand bouleversement ou d’une décision difficile à prendre dès que le statu quo sera rompu.
Il y a l’idée que préserver le statu quo, c’est « reculer pour mieux sauter », car rien ne peut demeurer figé à jamais, surtout pas un conflit en latence…
Hors contexte diplomatique, le statu quo trouve sa place dans le domaine juridique, mais aussi, plus surprenant, dans le monde de l’entreprise, où il vient désigner une stratégie de stabilité ou une résistance à l’innovation entretenue à des fins économiques ou profitables.
Les origines de la locution Statu quo
Bien que l’expression statu quo ait été peu à peu vulgarisée sous sa forme abrégée, ce qui lui a permis d’élargir ses usages, la locution populaire d’origine était in statu quo ante bellum.
In statu quo ante bellum
In statu quo ante bellum (parfois recensé sans la préposition in) peut être traduit littéralement par « comme les choses étaient avant la guerre ».
À l’origine, on employait cette expression au sein des traités de paix afin d’acter le retour à une situation antérieure (sous-entendu, avant le début du conflit impliqué), notamment concernant le retrait des troupes ennemies sur un territoire envahi, ou la restauration du pouvoir politique d’avant.
En clair, il s’agissait de prononcer un retour en arrière, sans modifications de limites géographiques et terrestres par rapport à la configuration initiale.
Pouvant être traduite par « comme tu possèdes, ainsi posséderas », elle implique que les parties belligérantes d’un conflit conservent, à l’issue de celui-ci, les territoires acquis par la force.
Aujourd’hui encore, elle demeure un principe fondamental en droit international, bien que régulièrement contesté pour les raisons qu’on imagine. Ledit principe prend également l’appellation de principe de l’intangibilité des frontières.
Le « biais du statu quo » : késako ?
Exit la guerre et les conflits géopolitiques, et place aux sciences sociales !
La locution qui nous intéresse a donné son nom à une notion de psychologie cognitive, le biais du statu quo.
Le biais du statu quo est un biais cognitif qui décrit la tendance humaine à préférer se maintenir dans une situation, quand bien même celle-ci serait inconfortable ou nuisible, plutôt qu’à tester une nouvelle position, ainsi que la résistance au changement qu’elle induit.
Y compris lorsqu’il existe une perspective objectivement mieux à même de nous satisfaire, les efforts demandés par la métamorphose conjugués à un autre biais cognitif, l’aversion à la perte, nous conduisent naturellement à choisir de stagner pour ne pas prendre de risque.
De ce fait, on se maintient dans le confort entretenu par l’inertie et le connu, même si cela nous coûte davantage sur le long terme et nous empêche de nous accomplir pleinement. C’est cela, le biais du statu quo.
Il s’appuie sur des expériences tendant à montrer que la douleur de perdre quelque chose est bien plus intensément ressentie — jusqu’à deux fois plus en réalité — que le plaisir apporté par un gain équivalent à l’ampleur de ladite perte.
Pensez-y la prochaine fois que vous souhaitez démissionner de cet emploi que vous ne supportez plus, et que vous reportez cette décision par peur (ou flemme) d’agir… Très souvent, il s’agit seulement de votre cerveau qui, prêt à tout pour se maintenir dans un état de sécurité matérielle et de confort émotionnel, trompe votre perception de la réalité et de l’ampleur du risque encouru, quitte à sacrifier vos rêves et votre bonheur.
Malveillant, votre cerveau ? Que nenni ! Ce réflexe de protection, qui naît sous l’impulsion de notre cerveau reptilien, est un héritage de notre mémoire généalogique. À la préhistoire, il fallait demeurer en permanence vigilant pour survivre dans une nature hostile et dépourvue de tout le confort moderne. Le moindre état de confort et de stabilité constituait alors une largesse inestimable.
En fait, en agissant de la sorte, votre cerveau veut — et pense faire — votre bien.
Il n’existe pas, en réalité, de synonyme de statu quo au sens strict.
Cependant, des noms tels que stabilité, marasme, inertie ou inaction partagent un sens voisin, et peuvent, selon le contexte, s’y substituer pour éviter une répétition lourde.
Orthographe de Statu quo : les pièges à éviter
Quand vient le moment d’écrire la locution statu quo, l’erreur la plus fréquente est d’ajouter un « s » à statu. Mais ce n’est pas la seule difficulté que présente cette expression…
Statu quo ou status quo ?
Au singulier comme au pluriel, on écrit statu quo sans « s ».
Cette locution est en effet invariable.
- Ce statu quo ne fait que différer l’inévitable.
- Ce status quo ne fait que différer l’inévitable.
- Ces statu quo ne font que différer l’inévitable.
- Ces status quo ne font que différer l’inévitable.
Les locuteurs et apprenants du français sont spontanément tentés d’ajouter un « s » à statu, y compris au singulier.
Cette erreur, fréquente, est en grande partie imputable à l’influence de l’anglais « status quo », qui n’est autre que l’équivalent de l’expression francisée statu quo. De quoi en perdre son anglais, son français… et son latin !
Mais, car cela aurait été trop beau, attention à une subtilité de taille : cette absence d’accord pluriel ne s’applique qu’à l’orthographe traditionnelle de statu quo.
Statuquo/statuquos : une variante acceptée sur le principe, mais largement minoritaire dans la pratique
Les rectifications orthographiques de 1990 ont consacré l’existence d’une variante « avec soudure » à la locution statu quo : statuquo.
Peu utilisée dans la pratique, cette orthographe nouvelle n’en est pas moins correcte sur le plan grammatical, et ne saurait être sanctionnée comme une faute.
Et si l’espace entre statu et quo disparaît dans cette version rectifiée, en guise de compensation, un « s » apparaît au pluriel, en conformité avec la règle d’accord des pluriels réguliers appliquée aux noms et aux adjectifs en français.
- Forme traditionnelle, normative et majoritaire dans l’usage :
- statu quo (pluriel invariable : des statu quo).
- Forme prescrite à la suite de la réforme de l’orthographe de 1990, minoritaire en termes d’usage :
- statuquo (pluriel variable : des statuquos).
Autres points à contrôler :
- Statu quo s’écrit sans trait d’union.
-
- statu quo
- statu-quo
- Statu quo ne prend pas la marque de l’italique dans le corps du texte.
-
- Ce statu quo (ou statuquo) est un manque de respect total de la part de nos alliés !
- Ce statu quo (ou statuquo) est un manque de respect total de la part de nos alliés !
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Tihay, L. (11 décembre 2025). Statu quo | Locution latine. Quillbot. Retrieved 23 décembre 2025, from https://quillbot.com/fr/blog/locutions-latines/statu-quo/