A fortiori | Définition

A fortiori est une locution latine qui se traduit par « à plus forte raison ».

On l’utilise pour exprimer qu’une conclusion s’impose avec plus de force, plus de conviction encore que dans un cas déjà présenté comme favorable.

A fortiori def
Je déteste les zoos, a fortiori quand ils proposent des spectacles d’animaux marins. Enfermer des créatures sauvages dans une cage ou un bassin trop petits pour eux, tout ça pour le bon plaisir voyeuriste des êtres humains, est une hérésie, une insulte à l’humanité tout entière !

Si la locution a fortiori était initialement l’apanage des manuels de théorie du droit, son usage s’étend désormais au langage courant, auquel elle est aujourd’hui pleinement intégrée.

De ce fait, on la rencontre souvent à l’oral comme à l’écrit, ce qui pose diverses questions quant à son usage et à ses normes typographiques…

Comme souvent dans ces cas-là, un point sur le sujet s’impose !

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Que veut dire A fortiori?

A fortiori   (à prononcer « a for-ss-iori » en français, et non « a for-t-iori ») signifie littéralement « à plus forte raison », « d’autant plus ».

A fortiori définition
Locution latine employée pour souligner qu’un fait ou un argument est encore plus vrai, évident ou probable qu’un autre.

On peut la traduire littéralement par à plus forte raison ou raison de plus.

Sur le plan grammatical, a fortiori fonctionne comme un adverbe en français. Il apporte en effet des précisions sur une proposition initiale, ce qui est le propre de cette catégorie de mots invariables.

Si l’on veut être encore plus précis, on peut dire que sa classe grammaticale est celle des locutions adverbiales (une locution adverbiale est un adverbe formé à partir de plusieurs mots).

A fortiori exemple
Tout divertissement interdit aux mineurs l’est, a fortiori, aux enfants en bas âge.

Étymologiquement, a fortiori découle du latin scolastique (médiéval) a fortiori ratione, lui-même construit à partir des latins classiques ab (« à partir de ») et fortis (« fort »).

Cependant, la forme réduite de l’expression (a fortiori) s’imposa rapidement.

Grâce à la vulgarisation de cette locution, a fortiori ne se cantonne plus uniquement à une utilisation érudite ou en lien avec le droit.

On la retrouve d’ailleurs fréquemment dans les déclarations médiatiques ou les essais philosophiques.

A fortiori dans une phrase connue
« Plus personne, ou presque, ne pense que voter peut changer significativement sa condition, a fortiori celle du monde. »

(Jacques Attali)

A fortiori : cas particuliers

A fortiori est au cœur de la construction de plusieurs expressions figées, et toutes ont trait à la rhétorique (art du discours) et à l’argumentation en droit.

Raisonnement a fortiori

Le concept de raisonnement a fortiori a une définition très similaire à celle de la locution seule.

En effet, cela désigne un type de raisonnement logique qui consiste à conclure qu’une affirmation est encore plus certaine ou encore plus véridique dans un cas donné, parce qu’elle l’est déjà dans un cas moins favorable ou moins fort.

Autrement dit, le raisonnement a fortiori vient établir qu’une affirmation est vraie parce qu’elle l’est déjà dans une situation qui est moins évidente ou moins extrême.

Dans le domaine juridique, ce type de raisonnement est très utile lorsque des difficultés d’interprétation de la règle de droit se présentent.

En effet, imaginons qu’un dilemme quant à l’interprétation et/ou les modalités d’application d’une règle écrite ou d’une jurisprudence se pose au législateur.

Raisonner « a fortiori » dans cette situation peut lui permettre d’étendre ladite règle à un cas non prévu par elle sur le papier, précisément parce que la raison d’être de cette règle se retrouve avec plus de force encore dans le cas non prévu par le texte de loi ou la décision de justice.

Raisonnement a fortiori : exemple
Si le règlement d’un camping établit l’interdiction pour un client d’occuper le logement ou l’emplacement qu’il loue avec son animal de compagnie, on peut supposer que ladite interdiction s’applique également aux animaux sauvages, et même d’autant plus, alors que la règle ne mentionne pas ce cas de figure tant la chose semble évidente compte tenu de la prescription concernant les animaux domestiques.

Il s’agit typiquement d’un raisonnement a fortiori.

Selon le principe sur lequel il repose, le raisonnement a fortiori fait appel à l’esprit logique de celui ou celle qui interprète la loi, et implique inévitablement une part de subjectivité.

A fortiori, a pari et a contrario
Puisqu’une locution latine en cache souvent une autre, voire plusieurs, a fortiori ne saurait être abordée dans ce contexte sans qu’il soit fait mention de deux de ses consœurs : a pari et a contrario.

  • Un raisonnement a pari est synonyme de « raisonnement par analogie ».
    Il implique de mettre deux situations semblables (sans rapport de supériorité ou d’infériorité logique l’une sur l’autre) côte à côte afin d’établir une conclusion ou de rendre un jugement.
  • Un raisonnement a contrario, quant à lui, suppose de retenir ce que l’inverse de la règle prévoit, afin de tirer une conclusion à partir d’une situation contraire.

Cas pratique :

Imaginons la situation suivante : le règlement intérieur d’une entreprise stipule que les téléphones portables sont interdits pendant les réunions entre les membres de la direction.

Pascal, le nouvel employé fraîchement arrivé, demande au cours de son intégration si les téléphones portables sont autorisés pendant les réunions d’équipe ordinaires, posant une colle à ses chefs. En effet, aucune règle n’ayant été posée noir sur blanc à ce propos, ils ne sont pas d’accord sur la réponse à apporter… Chacun avance ainsi un raisonnement différent.

  • Sylviane part du principe que si les réunions entre les membres de la direction, qui ont un rang hiérarchique plus élevé que les autres membres de l’équipe, doivent se faire avec la contrainte de laisser son téléphone à la porte, alors cette interdiction doit absolument s’appliquer aux employés, car ils doivent être d’autant plus stricts avec le « petit personnel » : elle applique un raisonnement a fortiori.
  • Tristan lui oppose le fait que les réunions d’équipe ne sont pas les réunions de la direction, et que si la règle fait le distinguo, alors l’inverse doit s’appliquer par exclusion aux réunions d’équipe qui ne sauraient être concernées par le règlement imputable aux membres de la direction : sa prise de position est, cette fois, l’aboutissement d’un raisonnement a contrario.
  • Finalement, c’est Christian, le grand patron, qui tranche et donne raison à Sylviane, sa logique étant toutefois sensiblement différente, plus égalitaire. Lui part plutôt du principe que les réunions d’équipe sont, au même titre que les réunions de la direction, des moments d’échange collaboratif, où concentration, mais aussi écoute et respect de la parole de l’autre sont de mise. Christian, par souci d’équité et d’éviter de créer des tensions verticales au sein de son entreprise, a opté pour un raisonnement a pari.

Argument a fortiori

Dans la même lignée, un argument a fortiori est un type d’argument logique qui repose sur l’idée que si quelque chose est vrai dans un cas donné, ladite chose doit l’être encore plus dans un autre cas plus évident, plus valable, ou plus extrême dans sa démonstration.

A fortiori argument : exemple
Si Lily est capable de porter un meuble de 30 kilos seule, a fortiori elle peut en déplacer un de 20 kilos.

Interprétation a fortiori

Une interprétation a fortiori consiste à conclure qu’une règle, une loi ou une idée s’applique avec encore plus d’évidence à un cas non mentionné, parce qu’elle s’applique déjà à un cas moins fort ou moins significatif que le cas dont il est question.

Interprétation a fortiori : exemple
Au cours d’un repas de famille, une mère rappelle à son enfant qu’il ne peut pas manger de fromage maintenant, car le plat principal n’a pas encore été servi. Celui-ci se met alors à pleurer et réclame un dessert séance tenante. Lorsque sa mère lui oppose une fin de non-recevoir, le garçon proteste et avance qu’elle l’avait averti quant au fromage, mais pas pour le dessert.

Or, si la règle de bienséance établit que le fromage fait suite au plat principal, il est évident que la mère qui souhaite suivre la norme traditionnelle refusera d’autant plus que son enfant mange à ce moment-là son dessert, lequel est censé conclure le repas (du moins dans la culture occidentale), car cela constituerait une transgression plus flagrante encore.

Remarque
De la même façon que l’existence du raisonnement a fortiori implique celle des raisonnements a contrario et a pari, il existe des arguments a contrario, des arguments a pari, des interprétations a contrario, ainsi que des interprétations a pari.

A fortiori : l’écrire correctement

Lorsqu’on souhaite employer une locution latine dans un texte ou une correspondance écrite, deux variables typographiques doivent retenir notre attention :

  • l’usage de l’italique,
  • la présence (ou l’absence) de tiret entre les éléments de ladite locution.

Ainsi, a fortiori ne déroge pas à la règle. Néanmoins, dans le cas présent, une troisième interrogation peut faire irruption : ce « a », le sert-on avec ou sans accent grave ?

À fortiori ou a fortiori ?

Les deux, mon capitaine !
En effet, s’il y a bien une chose dont on peut être sûr, c’est que la forme originale de la locution latine a fortiori s’écrivait — et s’écrit toujours — sans accent grave sur le « a » initial.

Néanmoins, une forme francisée de la locution existe : à fortiori. Elle suit la règle grammaticale selon laquelle seule la forme du verbe avoir conjuguée au présent ou au passé composé peut se passer de l’accent grave, afin de la distinguer de la préposition à.

De plus en plus utilisée, son existence est légitimée de façon tacite par la réforme de l’orthographe de 1990, qui recommande que les mots empruntés à un lexique étranger suivent les règles des mots français… du moins sur le papier.

En réalité, il n’est fait aucune mention explicite de a fortiori ou de toute autre locution latine de morphologie similaire (a priori, a posteriori, a contrario…) dans leurs rapports.

Les dictionnaires eux-mêmes oscillent régulièrement entre les deux orthographes au fil des nouvelles versions, avec un léger avantage donné à la version traditionnelle a fortiori, quand le rapport Langues et cité, commandé par le ministère de la Culture en 2006, prend clairement position en faveur de à priori avec un accent, laissant entendre que la logique voudrait qu’il en soit de même pour à fortiori.

Mais alors, quelle orthographe adopter ?

Si ni l’une ni l’autre ne saurait être réellement considérée comme fautive de nos jours, nous vous recommandons de privilégier l’orthographe traditionnelle a fortiori, pour la simple et bonne raison que la préposition à en français est différente de la préposition latine a (ab), et que cette position vous évitera toute confusion avec la règle a/à, déjà complexe à appréhender. Il y a juste à se rappeler que, « si c’est latin, alors pas d’accent » !

A fortiori avec ou sans accent ?
  • On évitera de chanter des chansons paillardes à tue-tête dans la classe, a fortiori le jour où notre maîtresse reçoit la visite de l’inspecteur d’académie…
  • Orthographe recommandée, conforme aux origines latines de la locution
  • On évitera de chanter des chansons paillardes à tue-tête dans la classe, à fortiori le jour où notre maîtresse reçoit la visite de l’inspecteur d’académie…
  • Orthographe francisée, acceptée mais moins cohérente sur le fond

A fortiori s’écrit en italique

Si l’on opte pour la version originale sans accent, a fortiori, bien que rentrée dans le langage courant, s’écrit en italique, contrairement à d’autres expressions latines telles que alter ego, dixit, ou grosso modo.

Cette norme typographique permet de marquer la différence avec la version francisée de la locution (celle avec accent), que l’on peut écrire, quant à elle, avec des lettres droites.

A fortiori : italique ou romain ?
  • On doit secours et assistance à autrui, a fortiori aux membres de sa famille.
  • On doit secours et assistance à autrui, a fortiori aux membres de sa famille.
Attention
Cette recommandation s’applique uniquement à la locution latine a fortiori, et non à sa version francisée à fortiori.

On écrira donc « a fortiori », mais « à fortiori ».

De l’absence de tiret à a fortiori

Dans la même veine que d’autres locutions latines construites sur le même modèle binaire (de facto, in situ, in fine…), a fortiori n’échappe pas à cette fâcheuse tendance naturelle que l’on a d’ajouter aux locutions latines utilisées en français moderne un trait d’union entre les mots qui la composent.

Pourtant, il s’agit là d’une erreur, et la règle en vigueur ne souffre aucune exception : a fortiori ne prend jamais de tiret, ni dans sa version traditionnelle ni dans sa version francisée.

A fortiori tiret
  • Élever des enfants est un défi herculéen, a fortiori si l’on en a plus de trois.
  • Élever des enfants est un défi herculéen, a-fortiori si l’on en a plus de trois.

Orthographe alternative :

  • Élever des enfants est un défi herculéen, à fortiori si l’on en a plus de trois.
  • Élever des enfants est un défi herculéen, à-fortiori si l’on en a plus de trois.

Synonymes de a fortiori

Peuvent être employées comme synonymes d’a fortiori ses traductions possibles, à savoir :

  • à plus forte raison,
  • d’autant plus,
  • qui plus est.
A fortiori synonyme
  • Tifany aura du mal à courir ce marathon, a fortiori deux semaines seulement après avoir terminé sa rééducation.
  • Tifany aura du mal à courir ce marathon, à plus forte raison deux semaines seulement après avoir terminé sa rééducation.
  • Tifany aura du mal à courir ce marathon, d’autant plus deux semaines seulement après avoir terminé sa rééducation.
  • Tifany aura du mal à courir ce marathon, qui plus est deux semaines seulement après avoir terminé sa rééducation.

À l’inverse, les antonymes de a fortiori pourraient être ceux des locutions adverbiales citées ci-dessous, soit :

  • d’autant moins,
  • qui pis est (très rare).
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Laurine Tihay, BA

Laurine est titulaire d’une licence de lettres et sciences du langage. Formée à l’enseignement des langues et dotée d’une solide expérience en matière de correction éditoriale, elle est experte en grammaire et syntaxe.