A ou à | Orthographe

Formes très similaires, a sans accent et à avec accent ne se distinguent que par la présence ou l’absence d’un accent grave. Pourtant, leurs rôles syntaxique et sémantique n’ont rien de comparable.

A et à
  • A est la forme du verbe avoir, conjuguée au présent ou au passé composé. Pour le reconnaître, il suffit de mettre la phrase à l’imparfait.
  • Elle a fière allure avec ses chaussures à talons.
  • Elle avait fière allure avec ses chaussures à talons.
  • Elle avait fière allure avec ses chaussures avait talons.
  • À est une préposition invariable qui ne change jamais de forme.

Absent des locutions latines, cet accent grave n’a pas toujours eu l’importance qu’on lui connaît aujourd’hui. Et ce petit trait incliné a encore bien du mal à s’imposer sur les majuscules…

À ou a : explication

La distinction entre les formes a, forme conjuguée du verbe avoir, et à, préposition, est relativement aisée lorsque l’on réalise qu’une forme conjuguée est variable, alors qu’une préposition ne l’est pas.

A, verbe avoir

La forme a, sans accent, est la forme conjuguée du verbe avoir à la troisième personne du singulier au présent (elle a) et au passé composé (il a eu).

Comme toutes formes verbales, le verbe avoir change de forme selon le temps de la phrase. Ainsi, pour le repérer dans une phrase, il suffit de mettre cette phrase à l’imparfait, temps simple du passé.

A à ? – a, verbe avoir à l’imparfait
  • Elle a beaucoup de mal à accepter sa condition. (présent)
  • Elle a eu beaucoup de mal à accepter sa condition. (passé composé)
  • Elle avait beaucoup de mal à accepter sa condition. (imparfait)

À, préposition

À l’inverse, la forme à, avec accent, est une préposition et reste invariable. Seule la forme verbale du verbe avoir peut changer de forme ; la préposition à ne peut être modifiée.

À a ? – à, préposition invariable
  • Elle a beaucoup de mal à accepter sa condition.
  • Elle a beaucoup de mal avait accepter sa condition.

De plus, une préposition introduit généralement un groupe nominal ou un groupe infinitif. Sa position dans la phase donne un indice sur son rôle syntaxique.

A ou à : groupe prépositionnel ou groupe infinitif
  • Il a beaucoup de travail à faire à la maison.
  • Il avait beaucoup de travail à faire à la maison.
  • Il a beaucoup de travail avait faire avait la maison.

Explication :

Le groupe infinitif à faire est constitué de la préposition à et du verbe faire à l’infinitif. Il ne doit pas être confondu avec la forme verbale a fait, conjuguée au passé composé, à partir de l’auxiliaire avoir.

Le groupe prépositionnel, comme son nom l’indique, rassemble une préposition (à) qui introduit un groupe nominal (la maison).

Ainsi, la préposition à se retrouve généralement avant un groupe infinitif (ou verbe à l’infinitif) ou un groupe nominal.

Enfin, la locution adverbiale à tout à l’heure répond à la même logique. Si les deux à qu’elle recense ne peuvent changer de forme, c’est qu’ils sont des prépositions invariables.

A tout à l’heure ou à tout à l’heure
  • Elle m’a dit : À tout à l’heure !
  • Elle m’avait dit : Avait tout avait l’heure !
Histoire et déboires d’un signe diacritique
L’accent grave n’a pas toujours joué un tel rôle grammatical. La preuve : les locutions latines encore utilisées de nos jours n’en portent pas. Par contre, leur traduction en français, elle, l’exige (a fortiori = à plus forte raison).

Inexistant en latin, parfois remplacé par ad, comme dans ad vitam æternam (à jamais), l’accent sur le à prépositionnel ne fait son apparition qu’au XVIe siècle, à la faveur des premières tentatives de codification du français.

Si les premières presses d’imprimerie ne permettaient pas l’accentuation des caractères de grande taille, les outils numériques d’aujourd’hui ne laissent plus aucune excuse. La fonction grammaticale essentielle de ces signes diacritiques requiert leur présence sur les majuscules, et ce, même dans les productions manuscrites.

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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.