Sa ou ça | Orthographe

L’orthographe des homophones grammaticaux, ça et sa, fait partie des fautes récurrentes chez les francophones.

S’ils se prononcent de la même façon, le rôle syntaxique et sémantique de ces deux petits mots est pourtant bien différent.

Ça ou sa ?
  • Ça = pronom démonstratif à valeur de présentatif
    • Ça me semble une bonne idée !
      = cela
  • Sa = déterminant possessif féminin singulier
    • Sa voiture est en panne.
      = la sienne (de voiture) est en panne

Ça, pronom démonstratif, peut être remplacé par cela ; tandis que sa, déterminant possessif, signifie la sienne.

Pour ceux d’entre vous qui souhaiteraient une petite explication grammaticale, et surtout linguistique, sur le triptyque ça, sa et çà, vous allez être servis… autre chose avec ça ?

Ça, pronom démonstratif

Le pronom démonstratif ça, à l’instar des autres démonstratifs, déterminants et pronoms inclus, s’écrit avec la lettre « c », et plus spécifiquement, un « ç » cédille.

En tant que démonstratif, il sert à désigner un objet ou une chose dont on ignore le possesseur. C’est aussi le cas des déterminants démonstratifs ce, cet, cette et ces au pluriel.

En tant que pronom, il se met à la place du nom pour éviter les répétitions ou tout simplement parce que l’on ignore le nom qu’il remplace. Dans la plupart des cas, on peut le remplacer par un autre démonstratif, comme le pronom cela.

Je vois ça ou sa ?
  • Je vois ça !
    = je vois cela
  • C’est comme ça !
    = c’est comme cela
  • Il ne ferait jamais ça !
    = il ne ferait jamais cela
  • Tout ça, c’est des bêtises !
    = tout cela est des bêtises
  • Ça, c’est sûr !
    = cela est sûr

Explication :

Dans les exemples ci-dessous, le pronom démonstratif ça désigne une réalité intangible et que l’on peut difficilement désigner par un mot précis.

Le rôle du pronom démonstratif est de combler cette lacune sémantique, tout en assurant la cohérence syntaxique de la phrase.

Par ailleurs, les pronoms ça ou cela possèdent par défaut un genre et un nombre masculin singulier. Puisqu’ils désignent une réalité indéterminée, certains grammairiens les considèrent comme neutres, mais toujours singuliers.

Lorsqu’il est utilisé en début de phrase, le pronom démonstratif ça possède une valeur de présentatif, comme voilà, voici ou encore c’est. Dans ce cas, le pronom démonstratif est sujet de phrase et son complément est un groupe verbal.

Ça : pronom démonstratif à valeur de présentatif
  • Ça s’est très bien passé.
  • Ça y est ! Il est arrivé !
  • Ça faisait longtemps qu’elle y pensait.
  • Humm… Ça sent le pain d’épices !
  • Ça fait au moins dix ans qu’on ne l’a pas vu…

Explication :

Le pronom démonstratif à valeur de présentatif ça ne peut pas systématiquement être remplacé par cela. L’énoncé Cela sent le pain d’épices est syntaxiquement cohérent, mais incorrect sur le plan sémantique.

On lit souvent que le pronom démonstratif ça est l’équivalent non standard de cela. L’exemple ci-dessus montre bien que ça comble une lacune de la langue, et que tous les usages du pronom démonstratif n’appartiennent pas uniquement au registre familier.

Ça ou çà ?
S’il peut être complexe de faire la différence entre ça, pronom démonstratif, et sa, déterminant possessif, sachez qu’il existe un troisième acolyte, sous la forme de l’adverbe çà.

Heureusement, ce dernier ne s’utilise plus que dans la locution adverbiale çà et là. L’accent grave sur la voyelle est caractéristique de la particule adverbiale « -là », et, de fait, des formes en deçà, au-delà, ici et là, etc.

Cet accent nous vient d’un certain stade de la langue, appelé protofrançais, situé entre le latin et l’ancien français, soit autour du Xe siècle de notre ère. L’orthographe ayant évolué, il n’en reste aucune trace sur le pronom démonstratif, à part dans la littérature médiévale où les deux graphies étaient en concurrence.

L’adverbe a donné lieu à une interjection, que l’on retrouve sporadiquement accentuée jusqu’au milieu du XXe siècle, notamment dans le théâtre et les dialogues narratifs. Aujourd’hui, cette interjection s’écrit le plus souvent sans accent : Ah, ça, je m’en doute !

Sa, déterminant possessif

Le déterminant possessif sa, comme les autres déterminants et pronoms possessifs, associe un objet à son possesseur. Toutefois, ce déterminant ne peut déterminer qu’un nom féminin singulier commençant par une consonne.

Sa = son devant voyelles et « h » muet
  • Sa voiture est accidentée.
  • Son automobile est accidentée.
  • Son histoire est à dormir debout.

Les formes possessives singulières, son, le sien, la sienne, ainsi que plurielles, ses, les siens et les siennes, commencent toutes par un « s ».

Substituer sa à une autre forme possessive, de genre féminin et de nombre singulier (par exemple, la sienne), permet de lever les derniers doutes concernant la forme à employer.

Ça ou sa règle ?
  • Je lui ai emprunté sa règle.
    = j’ai emprunté la sienne (de règle)
  • Tu as bien fermé sa fenêtre.
    = tu as fermé la sienne (de fenêtre)
  • Elle a rangé sa chambre.
    = elle a rangé la sienne (de chambre)
Ça ou sa : astuce
À la lecture de cet article, vous ne devriez plus hésiter entre les formes comme sa ou comme ça. Mais pour tous ceux qui ont besoin d’un récapitulatif, assorti d’un moyen mnémotechnique, voici ce qu’il faut retenir :

  • Ça, pronom démonstratif, peut être remplacé par cela.
    • C’est comme ça = c’est comme cela
  • Ça, pronom démonstratif à valeur de présentatif, précède forcément un verbe, car il est sujet de phrase.
    • Ça suffit ! = cela suffit
  • Sa, déterminant possessif, précède forcément un nom féminin singulier et peut être remplacé par le pronom possessif la sienne.
    • Comme sa robe est belle ! = comme la sienne (de robe) est belle

Questions fréquentes sur sa ou ça

Écrit-on ça fait ou sa fait ?

Seul le pronom démonstratif peut être employé devant un verbe conjugué. En tant que pronom, ça remplace le nom et remplit la fonction de sujet de phrase.

  • Ça fait trois fois que je t’appelle !
  • Ça fait une éternité que je ne l’ai pas vue !
  • Ça fait mal au cœur tout ce gâchis.

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Écrit-on sa passe ou ça passe ?

Seul le pronom démonstratif peut être employé devant un verbe conjugué. En tant que pronom, ça remplace le nom et remplit la fonction de sujet de phrase.

  • Ça passe largement !
  • Ça passe crème !

Les exemples ci-dessus appartiennent au registre familier et leur usage devrait être réservé à un contexte informel.

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Écrit-on ça date ou sa date ?

L’utilisation du pronom démonstratif ou du déterminant possessif dépend de la nature du mot date. Ce dernier peut être un nom féminin singulier ou un verbe conjugué.
Seul le déterminant possessif peut être employé devant nom féminin singulier. Il peut être remplacé par un autre pronom possessif, comme la sienne.

    • Connais-tu sa date de naissance ? = la sienne (de date de naissance)
    • Tu ne devrais pas prendre ce sirop, sa date de péremption est dépassée d’au moins deux ans. = la sienne (de date de péremption)

Seul le pronom démonstratif peut être employé devant un verbe conjugué. En tant que pronom, ça remplace le nom et remplit la fonction de sujet de phrase.

    • Ça date de la préhistoire. = cela date
    • Je ne m’en souviens plus, ça date toute cette histoire ! = cela date

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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.