Se serait ou ce serait | Orthographe
De nombreux francophones hésitent avant d’écrire ce serait ou se serait. Ces formes, si elles expriment toutes deux une condition, ne jouent pas le même rôle syntaxique.
La confusion entre ces formes est en grande partie due au verbe être et à sa double fonction : celle de verbe, synonyme d’exister, qui présente une réalité réelle ou envisagée, et celle d’auxiliaire, élément constitutif des formes verbales pronominales conjuguées à un temps composé.
Entre condition et politesse, ce serait est souvent suivi d’un adjectif. La forme verbale se serait, elle, précède le participe passé d’un verbe obligatoirement pronominal.
Un bref retour sur des notions grammaticales essentielles devrait vous aider à y voir plus clair… et ce serait vraiment dommage de s’en priver !
Se serait : conditionnel passé d’un verbe pronominal
La forme se serait se compose du pronom personnel réfléchi se et de l’auxiliaire être, conjugué au conditionnel présent. Cette forme fait partie intégrante d’une construction verbale spécifique : le conditionnel passé d’un verbe pronominal.
Temps composé, le conditionnel passé se forme à partir de l’auxiliaire être, conjugué au conditionnel présent suivi du participe passé du verbe à conjuguer. Dans le cas d’un verbe pronominal, un pronom personnel réfléchi s’ajoute à la forme verbale.
Ce pronom est obligatoire pour que le sujet de l’action en soit également l’objet. Se laver exprime une action menée par et sur le sujet. Au contraire, laver ne transmet que l’action elle-même.
Un verbe pronominal présente toujours le pronom personnel réfléchi se à l’infinitif et à la troisième personne du singulier et du pluriel. Dans le cas de se serait, l’auxiliaire est conjugué à la troisième personne du singulier, la forme plurielle étant se seraient.
Utiliser un autre pronom personnel réfléchi s’avère un très bon moyen de repérer une construction pronominale. Le verbe être suivi d’un participe passé permet de rétablir l’infinitif du verbe et d’identifier très facilement une forme pronominale nécessitant le pronom réfléchi se.
Ce serait : pronom démonstratif et verbe être au conditionnel présent
Le pronom démonstratif ce, associé au conditionnel présent du verbe être, exprime une réalité envisagée.
Si cette réalité, ce fait dont la réalisation demeure hypothétique, est un groupe nominal, le noyau de ce groupe, nom commun ou nom propre, peut être masculin ou féminin.
Toutefois, c’est sous la forme d’un adjectif que ce fait est le plus souvent énoncé. Quelle que soit sa catégorie grammaticale, il demeure singulier puisqu’il est contraint par la conjugaison du verbe être à la troisième personne du singulier.
L’association d’un pronom démonstratif au conditionnel présent est également employée dans des locutions figées ou pour véhiculer des propos courtois répondant à une certaine bienséance.
Tout pronom démonstratif s’écrit avec un « c » et peut, en règle générale, se substituer à un autre pronom démonstratif. Ce peut donc être remplacé par cela, même si ce dernier appartient à un registre plus soutenu.
Leur substitution permet de valider leur équivalence syntaxique et lève le doute concernant l’orthographe du pronom : il ne peut s’agir que du démonstratif.
Questions fréquentes sur se serait ou ce serait
- Écrit-on se ou ce serait ?
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La forme ce serait se compose d’un pronom démonstratif suivi du verbe être au conditionnel présent.
Ce peut alors être remplacé par cela et le verbe être précède, la plupart du temps, un adjectif.
- Ce serait bien s’il pouvait venir à la cérémonie.
= cela serait bien
- Est-ce que ce ne serait pas mieux d’y aller demain ?
= cela ne serait pas mieux
La forme se serait est, en partie, la forme conjuguée au conditionnel passé d’un verbe pronominal.
Être est alors utilisé comme auxiliaire et le pronom qui le précède est un pronom personnel réfléchi, obligatoire devant les verbes pronominaux.
Les verbes pronominaux conjugués au conditionnel passé présentent toujours un participe passé après l’auxiliaire être.
Identifier le participe passé et l’infinitif du verbe à conjuguer permet d’en reconnaître la valeur pronominale.
- Il se serait bien passé de cette mésaventure.
= se passer de quelque chose
- On ne se serait pas fait tant de souci pour rien.
= se faire du souci
- Ce serait bien s’il pouvait venir à la cérémonie.