Se serait ou ce serait | Orthographe

De nombreux francophones hésitent avant d’écrire ce serait ou se serait. Ces formes, si elles expriment toutes deux une condition, ne jouent pas le même rôle syntaxique.

La confusion entre ces formes est en grande partie due au verbe être et à sa double fonction : celle de verbe, synonyme d’exister, qui présente une réalité réelle ou envisagée, et celle d’auxiliaire, élément constitutif des formes verbales pronominales conjuguées à un temps composé.

Se serait ou ce serait ?
    • Ce serait plus agréable s’il faisait beau.
    • Ce serait avec plaisir !
    • Ce serait possible en théorie.
    • Je pense que ce serait mieux de prendre l’abonnement mensuel.
  • se serait = auxiliaire être au conditionnel présent (3e personne du singulier)
    • Elle se serait occupée d’eux comme de ses propres enfants.
    • Il ne se serait pas énervé si tu lui avais parlé calmement.
    • Ma mère se serait remariée si elle avait pu.
    • Le père Noël se serait brulé l’arrière-train dans cette cheminée !

Entre condition et politesse, ce serait est souvent suivi d’un adjectif. La forme verbale se serait, elle, précède le participe passé d’un verbe obligatoirement pronominal.

Un bref retour sur des notions grammaticales essentielles devrait vous aider à y voir plus clair… et ce serait vraiment dommage de s’en priver !

Se serait : conditionnel passé d’un verbe pronominal

La forme se serait se compose du pronom personnel réfléchi se et de l’auxiliaire être, conjugué au conditionnel présent. Cette forme fait partie intégrante d’une construction verbale spécifique : le conditionnel passé d’un verbe pronominal.

Temps composé, le conditionnel passé se forme à partir de l’auxiliaire être, conjugué au conditionnel présent suivi du participe passé du verbe à conjuguer. Dans le cas d’un verbe pronominal, un pronom personnel réfléchi s’ajoute à la forme verbale.

Ce pronom est obligatoire pour que le sujet de l’action en soit également l’objet. Se laver exprime une action menée par et sur le sujet. Au contraire, laver ne transmet que l’action elle-même.

Se laver au conditionnel passé
  • Je me serais lavé ;
  • Tu te serais lavé ;
  • Elle se serait lavée ;
  • Nous nous serions lavés ;
  • Vous vous seriez lavés ;
  • Ils se seraient lavés.

Le conditionnel passé du verbe se laver associe l’auxiliaire être, conjugué au conditionnel présent, et le participe passé du verbe se laver.

Un verbe pronominal présente toujours le pronom personnel réfléchi se à l’infinitif et à la troisième personne du singulier et du pluriel. Dans le cas de se serait, l’auxiliaire est conjugué à la troisième personne du singulier, la forme plurielle étant se seraient.

Utiliser un autre pronom personnel réfléchi s’avère un très bon moyen de repérer une construction pronominale. Le verbe être suivi d’un participe passé permet de rétablir l’infinitif du verbe et d’identifier très facilement une forme pronominale nécessitant le pronom réfléchi se.

Se serait : astuce
  • Il se serait conduit différemment s’il avait été mis au courant plus tôt.
    = auxiliaire être au conditionnel suivi du participe passé du verbe se conduire
  • Le braqueur se serait échappé par le système de ventilation.
    = auxiliaire être au conditionnel suivi du participe passé du verbe s’échapper
  • Si elle avait su, elle ne se serait probablement pas donné autant de mal.
    = auxiliaire être au conditionnel suivi du participe passé du verbe se donner

Explication :

Le dernier exemple montre que des adverbes, notamment de négation (ne pas) ou de modalisation (probablement), peuvent s’intercaler entre l’auxiliaire et le participe passé.

Si le groupe verbal est plus long, l’infinitif reste le même. Ce dernier permet d’identifier la valeur pronominale du verbe, et, par conséquent, l’utilisation du pronom personnel réfléchi se.

En bref…

se serait = auxiliaire du conditionnel passé d’un verbe pronominal

Le pronom personnel réfléchi est obligatoire dans la structure des verbes pronominaux.

Vérifier la présence d’un participe passé après l’auxiliaire permet de retrouver l’infinitif du verbe pronominal, qui atteste la présence du pronom personnel réfléchi.

Ce serait : pronom démonstratif et verbe être au conditionnel présent

Le pronom démonstratif ce, associé au conditionnel présent du verbe être, exprime une réalité envisagée.

Si cette réalité, ce fait dont la réalisation demeure hypothétique, est un groupe nominal, le noyau de ce groupe, nom commun ou nom propre, peut être masculin ou féminin.

Toutefois, c’est sous la forme d’un adjectif que ce fait est le plus souvent énoncé. Quelle que soit sa catégorie grammaticale, il demeure singulier puisqu’il est contraint par la conjugaison du verbe être à la troisième personne du singulier.

L’association d’un pronom démonstratif au conditionnel présent est également employée dans des locutions figées ou pour véhiculer des propos courtois répondant à une certaine bienséance.

Ce : pronom démonstratif 
  • Ce serait le comble !
    = groupe nominal masculin singulier ; fait non réalisé.
  • Ce serait la moindre des choses !
    = groupe nominal féminin singulier ; fait non réalisé.
  • Ce serait mieux d’y aller ensemble.
    = groupe adjectival ; fait non réalisé.
  • Ce serait difficile d’arrêter, mais il le fallait.
    = groupe adjectival ; fait sur le point de se réaliser.
  • Ce serait le plus grand des honneurs !
    = groupe nominal masculin singulier ; locution polie.
  • Ce serait avec joie !
    =  groupe nominal féminin singulier ; locution polie.
  • Ce serait très aimable de votre part si vous acceptiez.
    = groupe adjectival ; locution polie.

Tout pronom démonstratif s’écrit avec un « c » et peut, en règle générale, se substituer à un autre pronom démonstratif. Ce peut donc être remplacé par cela, même si ce dernier appartient à un registre plus soutenu.

Leur substitution permet de valider leur équivalence syntaxique et lève le doute concernant l’orthographe du pronom : il ne peut s’agir que du démonstratif.

Ce sera: astuce
  • Ce serait un tel revers pour lui !
    = cela serait un tel revers.
  • Ce serait exactement la même chose si la vérité éclatait.
    = cela serait exactement la même chose.
  • Ce serait merveilleux si tu pouvais venir !
    = cela serait merveilleux.
En bref…

ce serait = pronom démonstratif suivi du verbe être au conditionnel présent

Ce, pronom démonstratif, suivi du verbe être conjugué à la troisième personne du singulier, exprime une réalité hypothétique ou véhicule une certaine politesse.

Majoritairement utilisée devant un adjectif, la construction ce serait ne peut introduire qu’un complément singulier et se remplace le plus souvent par cela serait.

Questions fréquentes sur se serait ou ce serait

Écrit-on se ou ce serait ?

La forme ce serait se compose d’un pronom démonstratif suivi du verbe être au conditionnel présent.

Ce peut alors être remplacé par cela et le verbe être précède, la plupart du temps, un adjectif.

  • Ce serait bien s’il pouvait venir à la cérémonie.
    = cela serait bien
  • Est-ce que ce ne serait pas mieux d’y aller demain ?
    = cela ne serait pas mieux

La forme se serait est, en partie, la forme conjuguée au conditionnel passé d’un verbe pronominal.

Être est alors utilisé comme auxiliaire et le pronom qui le précède est un pronom personnel réfléchi, obligatoire devant les verbes pronominaux.

Les verbes pronominaux conjugués au conditionnel passé présentent toujours un participe passé après l’auxiliaire être.

Identifier le participe passé et l’infinitif du verbe à conjuguer permet d’en reconnaître la valeur pronominale.

  • Il se serait bien passé de cette mésaventure.
    = se passer de quelque chose
  • On ne se serait pas fait tant de souci pour rien.
    = se faire du souci
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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.