Le ou la wifi | Orthographe & usage
L’éternel débat entre le wifi ou la wifi n’a pas lieu d’être, car il ne repose sur aucune règle grammaticale. Le genre masculin ou féminin de ce mot dépend surtout de l’usage en vigueur dans une communauté linguistique donnée.
- Extraits du dictionnaire Le Robert, fait en France à l’usage des Français :
- Nom masculin ou féminin,
- anglicisme,
- technique qui permet la communication sans fil entre divers appareils (ordinateur, périphérique, téléviseur…) grâce aux ondes radioélectriques. Des wifis, des wi-fi.
- Extraits du dictionnaire Usito, fait au Québec, à l’usage des Québécois :
- Nom masculin,
- ensemble de normes de transmission de données sans fil destiné à un réseau local.
Qu’on le considère ou non comme un acronyme, le mot wifi, emprunté à l’anglais, ne peut prétendre à un genre masculin ou féminin, car l’anglais ne possède tout simplement pas de genre grammatical…
Comme toujours en matière de langue, la circulation d’un mot ou d’une forme se fait selon des facteurs sociolinguistiques. Et l’usage est roi en son royaume…
Table des matières
Wifi : définition et historique
Techniquement, la ou le wifi désigne toute transmission sans fil réalisée au moyen d’ondes électromagnétiques.
Par métonymie, le mot wifi est aujourd’hui largement employé pour faire référence à un certain type d’ondes : celles permettant l’accès à Internet.
Fondateur de Wi-Fi Alliance, Phil Belanger aurait lui-même affirmé que wi-fi ne portait aucune signification et ne reposait que sur un simple parallélisme de structure avec le terme hi-fi (high fidelity, désignant la qualité sonore des appareils audio).
Lorsqu’un acronyme emprunté à une autre langue intègre le lexique du français, il prend généralement le genre du premier mot de la série que l’on cherche à réduire. L’anglais ne possédant pas de genre grammatical, l’application stricte de cette règle n’est pas possible.
Deux choix s’imposent alors : on traduit la forme anglaise et l’adjectif wireless est relégué en deuxième position (fidélité sans fil) ou on conserve l’expression anglaise, mais on utilise le genre du premier mot, traduit en français (sans fil).
- la wifi pour respecter le genre féminin de fidélité dans l’expression traduite la fidélité sans fil,
- le wifi pour respecter le genre masculin de sans fil dans l’expression originale anglaise wireless fidelity.
Wifi : usage
Outre ces considérations techniques et, qui plus est, stériles pour notre débat, une seule règle s’impose : celle de l’usage. Au-delà de leur sens, de leur classe grammaticale ou de leurs règles de composition, les mots ne prennent vie que dans la bouche de ceux qui les utilisent.
Chocolatine ou pain au chocolat, déjeuner ou dîner, le covid ou la covid sont autant d’exemples de cette diversité. Tout francophone devrait apprendre à la célébrer plutôt que de vouloir, à tout prix, trancher en faveur de l’une ou l’autre forme.
Un locuteur ne pèse, à lui seul, pas grand-chose en matière de langue. Seul l’usage, l’ensemble des règles et des codes propres à sa communauté linguistique, possède un pouvoir décisionnel.
Même les institutions ne peuvent rien contre l’usage. Malgré une recommandation officielle de l’Académie française, les Français ont persisté dans l’emploi du covid au masculin. Au Québec, dès l’arrivée inopinée de ce mot dans le quotidien des locuteurs, les Québécois ont adopté la covid sans débat autour de son genre grammatical.
Aussi, chaque locuteur doit faire un choix : se conformer à l’usage de la communauté linguistique ou s’y opposer. Si un Français parle de la wifi au Québec et qu’un Québécois parle du wifi en France, il s’oppose à l’usage en vigueur au sein de sa communauté linguistique d’adoption.
Si l’usage est roi, il ne l’est qu’en son royaume, et ce genre d’impairs linguistiques est malheureusement très (trop) souvent moqué. D’ailleurs, se conformer à l’usage linguistique d’une communauté est généralement perçu favorablement comme une volonté d’intégration.
Récemment, le wifi au masculin semble s’imposer en France. La wifi reste un usage grammaticalement correct, mais exclusif à l’hexagone. À défaut de mettre définitivement un terme au débat, la question soulevée permet d’apprécier des phénomènes sociolinguistiques fascinants et trop souvent ignorés.