Or ou hors | Orthographe

Or, conjonction de coordination, se prononce de la même façon que hors, préposition. Ces deux homophones possèdent toutefois une signification bien différente.

Hors ou or
  • Or : conjonction de coordination qui coordonne deux énoncés
    • Je ne croyais pas aux revenants. Or, il était revenu et se tenait devant moi.
    • Pour avoir de l’argent, il faut travailler. Or, pour travailler, il faut un peu d’argent, une modeste mise de départ, un investissement préalable.
  • Hors : préposition synonyme de à l’extérieur de
    • Elle voyageait hors des sentiers battus, aux confins de lieux insoupçonnés.
    • Il était toujours hors sujet avec ses questions idiotes et ses remarques inutiles.

En tant que préposition, hors est toujours suivi d’un complément, tandis que la conjonction or peut être remplacée par pourtant. Un petit rappel du rôle syntaxique de chacun devrait vous permettre de choisir la bonne graphie, hors de tout doute raisonnable.

Or : conjonction de coordination

À l’instar de mais, , et, donc, ni et car, or est une conjonction de coordination. Elle exprime un lien logique entre ce qui vient d’être énoncé et ce qui est sur le point de l’être.

Or : conjonction de coordination (lien logique)
  • Ma sœur adore le Maroc ; or, puisque nous y allons prochainement, je pensais l’inviter à nous y rejoindre.
    = et puisque nous y allons
  • Il devait les accompagner, or, il était malade.
    = car il était malade
  • Ils n’étaient que tous les deux. Or il y avait trois assiettes.
    = Mais il y avait

Si or coordonne logiquement des énoncés, cette conjonction permet aussi de les opposer, à l’image de pourtant, toutefois, néanmoins ou cependant. Ces adverbes expriment pleinement la valeur sémantique de or et s’y substituent parfaitement au sein des énoncés.

Or : conjonction de coordination (opposition)
  • Il ne connaissait pas la réponse. Or, il tenta une explication.
    = Pourtant, il tenta
  • Elle se maquilla outrageusement. Or, rien ne pouvait masquer la pâleur de son visage.
    = Cependant, rien ne pouvait
  • Elle n’aime pas le café ; or, c’est précisément ce qu’il boit tous les matins.
    = toutefois, c’est précisément
  • Il lui demeure fidèle, or, ses fanfaronnades sont connues de tous.
    = néanmoins, ses fanfaronnades sont connues

Comme pour la plupart des conjonctions, or est suivi d’une virgule, qui devient facultative lorsque la conjonction introduit une phrase courte.

Puisque la conjonction or oppose plus souvent qu’elle ne coordonne, la ponctuation qui la précède est dite forte. Si le point-virgule est aussi fréquent que le point, ce dernier nécessite toutefois la majuscule à l’initiale de or.

Hors : préposition

La préposition hors est issue du latin classique foris, signifiant « dehors ». Par ailleurs, la préposition hormis est elle-même composée de hors et du participe passé du verbe mettre.

Étymologiquement, hormis signifie « mettre dehors, exclure » ; un sens qui se traduit aujourd’hui par à l’exception de, sauf. Ce sens, également partagé par la préposition hors, est désormais vieilli, bien que présent dans la littérature classique.

Hors et hormis : l’exclusion
  • Ma condescendance auroit été un prétexte bien naturel et bien honnête, mais je m’étois expliquée si nettement à ce sujet, et je lui avois si bien signifié qu’hors elle je ne voulois voir absolument personne, qu’elle n’avoit osé revenir à la charge.

Charles de Fieux Mouhy, La Paysanne parvenue, 1735

  • Brisson, qui a présentement le pouvoir, jure qu’il n’y tient pas, et je le crois bien volontiers, car, visiblement, il ne sait qu’en faire. Tout le monde gouverne hors lui, Félix Faure, Zurlinden, Sarrien, Gyp et Drumont, qu’anime l’esprit de l’église.

Georges Clémenceau, Vers la réparation, 1899

  • Toutefois la chambre des dix-huit lits demeurait encore le séjour de l’élégance et du bon ton : hors deux détenus qu’on y avait mis, récemment transférés du Luxembourg à la Conciergerie, […]

Anatole France, Les Dieux ont soif, 1912

  • Cette Vicky est bonne et même débonnaire, comme le sont souvent les filles que rien n’intéresse hors l’amour.

Benoîte Groult, Il était deux fois, 1968

De nos jours, hors signifie « à l’extérieur de, en dehors de ». On retrouve cette distanciation physique dans des locutions comme hors champ, hors limite ou encore hors des sentiers battus.

Toutefois, ce rapport de sens dépasse les frontières physiques, pour s’appliquer, par métaphore ou métonymie, à des réalités et des concepts plus abstraits, comme en témoignent les locutions hors de danger, hors de question, hors de prix, hors sujet, etc.

Hors : en dehors de
  • Avec sa carrure hors normes, il impressionnait les plus téméraires.
  • Ce lâche hors catégorie avait le culot d’afficher une médaille d’honneur à sa poitrine.
  • Hors la loi et séduisante, elle exerçait sur moi un pouvoir d’attraction auquel il était fort agréable de succomber.
  • Il a été mis hors de cause à la suite de l’enquête.
  • Leurs avancées technologiques étaient hors concours et surclassaient nos théories les plus folles.
  • On était hors saison et aucun touriste ne poussait la lourde porte du chalet. Le ski hors-piste s’annonçait pourtant fantastique.
  • Il s’arrête enfin, hors d’haleine, les mains sur les genoux.
  • Le conducteur a été mis hors d’état de nuire par les forces de l’ordre.

La plupart de ces locutions sont dites figées : elles correspondent à une seule unité lexicale et ne peuvent pas être modifiées. Certaines se sont figées avec un déterminant entre hors et le nom, mais cette construction n’est pas systématique.

De plus, si hors affiche toujours son « s » final hérité du latin, le nom de la locution demande le plus souvent le singulier. Certains noms sont invariables (hors de prix), d’autres n’ont pas de pluriel (hors d’haleine), et ceux qui pourraient l’être n’en nécessitent pas (hors-norme).

La consultation d’un dictionnaire ou l’utilisation d’un correcteur orthographique permet de vérifier l’éventuelle présence de la préposition, voire d’un trait d’union, au sein de ces locutions, ainsi qu’une possible mise au pluriel.

Hors ou or en début de phrase ?
Statistiquement, il y a bien plus de chance que vous utilisiez la conjonction de subordination or en début de phrase. Le lien logique qu’elle affiche entre deux énoncés en fait une charnière essentielle après toute ponctuation forte.

Toutefois, la préposition hors, introduisant un groupe adjectival au sein d’une locution, peut parfaitement se retrouver au début d’un énoncé :

  • Hors de lui, il cria : « Hors de ma vue, mécréant ! »

Le déterminant n’étant pas obligatoire dans les locutions, figées ou non, introduites par hors, il est nécessaire de s’aider du contexte, au sens large, pour déterminer le rôle sémantique et syntaxique établi ou que l’on souhaite établir.

En milieu comme en début de phrase, la préposition hors est toujours suivie d’un complément. Qu’elle fasse partie ou non d’une locution figée, elle précède forcément un déterminant : les formes d’, de ou des selon le nom qu’il détermine. Un nom commençant par une voyelle requiert l’élision du déterminant, tandis qu’un nom pluriel nécessite un déterminant pluriel.

  • Hors d’affaire, il restait allongé au milieu des mourants et des linges souillés.
  • Hors d’usage, ses expressions revêtaient l’élégance surannée des vieux clichés.
  • Hors des limites de la ville, le citadin est perdu.

Toujours suivie d’un complément, la préposition hors n’est donc jamais suivie d’une virgule. C’est aussi le cas pour son emploi vieilli, lorsqu’elle signifie « sauf » et peut être remplacée par hormis.

Questions fréquentes sur or ou hors

Écrit-on or ou hors à ce jour ?

Lorsqu’il s’agit de coordonner des énoncés, en respectant une progression chronologique, la conjonction de coordination or permet de respecter la temporalité induite par l’adverbe de temps à ce jour.

  • Or, à ce jour, toutes les preuves sont établies.
  • Or, à ce jour, nous ne connaissons toujours pas l’identité de toutes les parties.

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Écrit-on or ou hors de question ?

Lorsqu’elle est suivie d’un complément, la préposition hors signifie « à l’extérieur de, en dehors de ».

Métaphoriquement, la locution figée hors de question exprime l’absence de possibilité sous la forme d’une injonction qui ne peut être questionnée, contestée.

Utilisée seule ou accompagnée du verbe être, la locution reste invariable.

  • Hors de question que je fasse son travail !
  • Il en est hors de question.

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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.