Réplique | Définition & exemples

Au théâtre, une réplique est une prise de parole de l’acteur. Lorsqu’elle a lieu entre deux protagonistes, elle est l’une des deux parties du dialogue.

Réplique définition théâtre
[…]

SCAPIN. — La justice en pleine mer ! Vous moquez-vous des gens ?

GÉRONTE. — Que diable allait-il faire dans cette galère ?

SCAPIN. — Une méchante destinée conduit quelquefois les personnes.

[…]

(Molière, Les Fourberies de Scapin, 1671, Acte II, Scène 7)

Explication :

Célèbre réplique du théâtre de Molière, la prise de parole de Géronte relève du comique de répétition, car cette réplique est prononcée plusieurs fois dans la scène.

Du monologue à la stichomythie, la réplique participe à la double énonciation théâtrale. Qu’elle soit écrite, prononcée ou chantée, une chose est sûre : elle ne ménage jamais ses paroles…

Avis aux dramaturges
Avant de donner la réplique, assurez-vous d’utiliser le correcteur orthographique et le reformulateur de textes pour éviter que vos dialogues ne soient que des paroles en l’air !

La réplique théâtrale

Au théâtre, la réplique se caractérise par la prise de parole d’un acteur. Dans un manuscrit, elle est introduite par une didascalie fonctionnelle, qui présente, entre autres, le nom du personnage. Cette didascalie est elle-même suivie d’un signe typographique : le tiret cadratin.

De longueur variable, la réplique regroupe alors toutes les paroles prononcées par un personnage. Au sein d’un dialogue, elle constitue un tour de parole, c’est-à-dire la prise de parole d’un des locuteurs du dialogue.

Toutefois, la réplique se caractérise également par la prise de parole d’un locuteur seul sur scène. Ainsi, elle n’est pas forcément la réponse d’un personnage à un autre. Elle n’a pas besoin d’une quelconque symétrie pour exister.

Bon à savoir…
Dans le théâtre antique, le chœur participe à la progression du récit par la narration chantée d’éléments narratifs inconnus du public. Ces parties chantées correspondent à la limite définitoire de la réplique.

Certains spécialistes considèrent que tout élément de jeu, qu’il soit parlé, chanté ou acté, est une réplique théâtrale. Le langage paraverbal, le déplacement des personnages sur scène ou, de façon plus générale, toute action sans paroles s’inscrit dans le cours du jeu et sert à la progression narrative.

Même sans didascalies, ces différents éléments participent à la transmission du message : des bras croisés, un haussement d’épaules, un évanouissement ou la sortie soudaine d’un personnage trahissent un certain état émotionnel.

Puisque ces actions en disent long, au moins autant que des paroles, elles sont considérées comme des répliques en raison de leur expressivité.

Les types de répliques

Qu’elle soit prononcée ou actée, la réplique théâtrale correspond à une unité temporelle. Sa fin est un véritable signal qui marque le début d’une nouvelle prise de parole ou d’une nouvelle action.

Ainsi, le point commun de toute réplique, en particulier du tour de parole au sein du dialogue, est l’absence d’interruption. Dès que les propos sont interrompus, la réplique prend fin et une autre commence.

Cette unité temporelle explique que l’action soit aussi considérée comme une réplique, car elle coupe littéralement la parole et met ainsi fin à l’action précédente.

De façon générale, les répliques s’enchainent entre deux ou plusieurs personnages, mais elles concernent également les actions ou les paroles d’un seul personnage.

Voici les formes de répliques les plus courantes :

  • le dialogue : chaque tour de parole entre deux personnages constitue une réplique. Leur succession entraîne une véritable discussion sur le mode conversationnel.
Exemple type de réplique : le dialogue
[…]

ŒNONE— Aimez-vous ?

PHÈDRE— De l’amour j’ai toutes les fureurs.

ŒNONE— Pour qui ?

PHÈDRE— Tu vas ouïr le comble des horreurs.

J’aime… À ce nom fatal, je tremble, je frissonne.

J’aime…

ŒNONE— Qui ?

PHÈDRE— Tu connais ce fils de l’Amazone,

Ce prince si longtemps par moi-même opprimé ?

ŒNONE— Hippolyte ! Grands Dieux !

PHÈDRE— C’est toi qui l’as nommé.

ŒNONE— Juste ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace.

Ô désespoir ! ô crime ! ô déplorable race !

Voyage infortuné ! Rivage malheureux,

Fallait-il approcher de tes bords dangereux ?

[…]

(Jean Racine, Phèdre, 1677, Acte I, Scène 3)

  • la tirade : cette longue prise de parole s’adresse à d’autres personnages présents sur scène. C’est l’une des formes de réplique les plus longues.
Exemple type de réplique : la tirade
[…]

CYRANO— Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !

On pouvait dire… Oh ! Dieu !… bien des choses en somme…

En variant le ton, — par exemple, tenez :

Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais un tel nez,

Il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse ! »

Amical : « Mais il doit tremper dans votre tasse

Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! »

Descriptif : « C’est un roc !… c’est un pic ! … c’est un cap !

Que dis-je, c’est un cap ? … C’est une péninsule ! »

Curieux : « De quoi sert cette oblongue capsule ?

D’écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? »

Gracieux : « Aimez-vous à ce point les oiseaux

Que paternellement vous vous préoccupâtes

De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? » […]

(Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, 1897, Acte I, Scène 4)

  • le monologue : à l’inverse de la tirade, cette prise de parole plus ou moins longue est prononcée par un personnage qui se croit seul sur scène. Sa réplique s’adresse généralement à lui-même, mais elle peut aussi être destinée à une tierce personne, physique ou symbolique. Par ailleurs, dans un monologue, la fin de la réplique coïncide avec la fin de la scène.
Exemple type de réplique : le monologue
HARPAGON, seul, criant au voleur dès le jardin, et venant sans chapeau. — Au voleur ! au voleur ! à l’assassin ! au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné ; on m’a coupé la gorge : on m’a dérobé mon argent. Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il point là ? n’est-il point ici ? Qui est-ce ? […]

(Molière, L’Avare, 1668, Acte IV, scène 7)

  • le soliloque : volontairement introspective, cette réplique est l’expression à voix haute des sentiments les plus profonds et les plus intimes d’un des personnages.
Exemple type de réplique : le soliloque
[…]

IAGO, seul. — Voilà comment je fais toujours ma bourse de ma dupe.

Car ce serait profaner le trésor de mon expérience

que de dépenser mon temps avec une pareille bécasse

sans en retirer plaisir et profit. Je hais le More.

On croit de par le monde qu’il a, entre ses draps,

rempli son office d’époux. J’ignore si c’est vrai ;

mais, moi, sur un simple soupçon de ce genre,

j’agirai comme sur la certitude. Il fait cas de moi.

Je n’en agirai que mieux sur lui pour ce que je veux…

Cassio est un homme convenable… Voyons maintenant…

Obtenir sa place et donner pleine envergure à ma vengeance :

coup double ! Comment ? comment ? Voyons… […]

(William Shakespeare, Othello, 1604, Acte II, Scène 3)

  • l’aparté : cette courte réplique consiste à adresser des propos à certains personnages seulement. Accompagné d’une gestuelle mimant la confidence, ce type de réplique est toujours, par défaut, adressé au public.
Exemple type de réplique : l’aparté
[…]

LA COMTESSE, bas à Suzanne. — Le cachet.

SUZANNE, bas à Figaro. — Le cachet manque.

LE COMTE, à Figaro. — Vous ne répondez pas ?

FIGARO. — C’est… qu’en effet, il y manque peu de choses. Il dit que c’est l’usage.

LE COMTE. — L’usage ! l’usage ! l’usage de quoi ?

FIGARO. — D’y apposer le sceau de vos armes. Peut-être aussi que cela ne valait pas la peine.

LE COMTE rouvre le papier et le chiffonne de colère. — Allons, il est écrit que je ne saurai rien.

(À part.) C’est ce Figaro qui les mène, et je ne m’en vengerais pas !

[…]

(Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, 1784, Acte II, Scène 21)

  • la stichomythie : chaque tour de paroles, vif et rapide, entraîne un nouveau tour de paroles, généralement symétrique. Les répliques fusent, jaillissent entre les personnages, dont l’échange se maintient sur un rythme très soutenu.
Exemple type de réplique : la stichomythie
[…]

VADIUS. — La ballade pourtant charme beaucoup de gens.

TRISSOTIN. — Cela n’empêche pas qu’elle ne me déplaise.

VADIUS. — Elle n’en reste pas pour cela plus mauvaise.

TRISSOTIN. — Elle a pour les pédants de merveilleux appas.

VADIUS. — Cependant nous voyons qu’elle ne vous plaît pas.

TRISSOTIN. — Vous donnez sottement vos qualités aux autres.

VADIUS. — Fort impertinemment vous me jetez les vôtres.

TRISSOTIN. — Allez, petit grimaud, barbouilleur de papier.

VADIUS. — Allez, rimeur de balle, opprobre du métier.

TRISSOTIN. — Allez, fripier d’écrits, impudent plagiaire.

VADIUS. — Allez, cuistre…

[…]

(Molière, Les Femmes Savantes, 1672, Acte III, Scène 3)

Réplique et double énonciation théâtrale

Élément de jeu, une réplique théâtrale peut être une parole ou une action à condition qu’elle véhicule un message.

Ce message, quel que soit le type de réplique dans lequel il s’inscrit, s’adresse toujours à un destinataire. Cette particularité du langage théâtral est appelée la double énonciation.

En effet, même lorsque les répliques ne présentent a priori aucun destinataire spécifique, elles s’adressent en définitive toujours au public. Un monologue ou un soliloque, s’il semble n’exister que pour le protagoniste qui l’énonce, vise indéniablement le lecteur ou le spectateur.

De plus, lorsqu’un personnage s’exprime, c’est en réalité la pensée de l’auteur qui se manifeste. Les plus grands dramaturges ont fait de leur œuvre une tribune politique et sociale pour dénoncer les travers d’une époque et les vices d’une société.

Si la réplique est une prise de parole qui n’a pas besoin d’être confrontée à d’autres paroles pour exister, c’est parce qu’elle n’est jamais vaine. La présence immuable de deux émetteurs, le dramaturge et le protagoniste, et de deux destinataires, le protagoniste et le public, en fait par défaut un message énoncé et perçu.

Cette double énonciation est l’essence même du théâtre, mais elle n’est possible que par la réplique : la prise de parole d’un des personnages ou la mise en action de ce dernier.

Questions fréquentes sur la réplique

Quelle est la plus célèbre réplique du théâtre français ?

« Il n’y a plus de honte maintenant à cela, l’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. Le personnage d’homme de bien est le meilleur de tous les personnages qu’on puisse jouer aujourd’hui, et la profession d’hypocrite a de merveilleux avantages, […] »

(Molière, Dom Juan, 1683, Acte V, Scène 2)

Cette réplique, prononcée par Don Juan à l’intention de son valet Sganarelle, est l’une des plus célèbres du théâtre français.

Elle démontre toute la fourberie du personnage de Don Juan, qui ne cherche pas à dissimuler sa malhonnêteté. C’est là toute la finesse du portrait dressé par Molière : une sournoiserie assumée qui, comparée à l’hypocrisie des hommes, passe pour de l’honnêteté.

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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.