Quiproquo | Définition & exemples

Au théâtre, un quiproquo est un malentendu entre des personnages, au cours duquel, généralement, l’un des personnages est pris pour un autre.

Quiproquo def
Malentendu entre des personnages créant une situation comique à l’intention du spectateur, qui est le seul en mesure de percevoir la méprise.

Souvent comique, le quiproquo est au théâtre ce que la péripétie est à la narration : une façon de développer l’intrigue et de capter l’attention du public, seul témoin de la confusion des personnages et de l’imbroglio situationnel qui en résulte.

Quiproquo : définition

Au théâtre, le quiproquo est habituellement une situation dans laquelle un (ou plusieurs) personnage se méprend sur l’identité d’un autre.

Principalement utilisée dans les comédies, cette méprise participe à la trame narrative. Elle en est l’un des nœuds, un évènement qui entraîne une confusion situationnelle.

Ce nœud n’est pas le point culminant de l’intrigue : il peut se dénouer bien avant le dénouement final. Plusieurs quiproquos bien ficelés peuvent alors contribuer au maillage narratif de la pièce.

Paré de poésie ou de légèreté, le quiproquo fait naître un malaise entre les personnages. Ce malaise est d’autant plus délectable pour le spectateur que les personnages font preuve d’une certaine assurance dans leur ignorance.

Le public prend véritablement part à la représentation en qualité d’observateur omniscient, qui sait tout du malentendu.

Définition quiproquo
Dans le théâtre moderne, le quiproquo est largement associé au vaudeville pour son caractère comique.

Comédie légère, le vaudeville a pour seul but le divertissement du public. L’intrigue est basée sur des quiproquos rocambolesques, mais sans gravité, qui contribuent au comique de situation.

Toutefois, le quiproquo n’est pas l’apanage de la comédie et devient une péripétie nettement plus sérieuse dans les tragédies classiques, dont les conséquences ont des répercussions dramatiques.

Dans Œdipe-Roi, Sophocle fait preuve d’une grande ironie lorsque le personnage d’Œdipe ordonne l’arrestation du meurtrier de Laïos, son père, car il en est lui-même l’assassin.

Dans Cyrano de Bergerac, Edmond de Rostand utilise également le quiproquo à des fins dramatiques dans l’un des premiers tête-à-tête entre Roxane et Cyrano. Complices depuis l’enfance, les deux personnages dialoguent tels deux amants sur le point de s’avouer leur amour réciproque.

Tout au long de leur conversation, Cyrano se méprend sur le destinataire de cet amour. La révélation de l’amour de Roxane pour Christian met fin à la fois au quiproquo et aux espoirs de Cyrano, qui retient son aveu.

Parfois exploité dans la dramaturgie, le quiproquo reste néanmoins nettement plus utilisé pour son potentiel comique, notamment dans la comédie de mœurs.

La portée comique ou dramatique du quiproquo dépend de l’intrigue et de la complexité dans laquelle nous plongent les nœuds, mais surtout de sa transparence pour le spectateur.

Pour qu’il y ait quiproquo, le public doit tout savoir, ou du moins davantage que les protagonistes, et conserver une longueur d’avance sur le déroulement de l’action.

Le public et sa parfaite compréhension de la situation sont les conditions sine qua non à l’efficacité du malaise. Comme deux faces d’une même médaille, le quiproquo repose sur deux rôles essentiels : celui joué par les personnages et celui consenti par le public.

Quelle que soit sa complexité ou sa longueur, le quiproquo comme artifice narratif est l’un des mécanismes les plus efficaces de l’intrigue théâtrale.

Quiproquo synonyme
Le synonyme le plus évident de quiproquo est malentendu. La confusion entre l’identité des personnages entraîne une interprétation qui diverge d’un personnage à l’autre. C’est sur cette divergence que repose tout le potentiel comique de la situation.

Les mots méprise, imbroglio, confusion, erreur et mécompréhension sont également des synonymes de quiproquo.

Quiproquo : exemples

Les comédies de Molière fournissent les meilleurs exemples de quiproquo théâtral. Le célèbre dramaturge a largement exploité cet artifice dans ses satires sociales, bien qu’à l’époque, le quiproquo ne soit pas propre à l’identité d’un personnage.

Sous sa plume, cet artifice prend souvent la forme d’objets ou d’accessoires. Par ailleurs, la mise en scène (distanciation des personnages, posture, déguisement, etc.) s’avère tout aussi essentielle pour dissimuler l’intégrité physique des personnages.

La scénographie rend l’artifice narratif très concret. Elle attire indéniablement le regard et l’attention du spectateur, en plus d’apporter une certaine crédibilité à la représentation.

Dans L’Avare, la cassette, le coffre qui renferme l’argent d’Harpagon, devient l’objet du quiproquo. Un véritable dialogue de sourds s’amorce entre Valère, amoureux de la fille d’Harpagon, et ce dernier.

Quiproquo théâtre
HARPAGON. — Hé ! dis-moi donc un peu : tu n’y as point touché ?

VALÈRE. — Moi, y toucher ! Ah ! vous lui faites tort, aussi bien qu’à moi ; et c’est d’une ardeur toute pure et respectueuse que j’ai brûlé pour elle.

HARPAGON (à part). — Brûlé pour ma cassette !

VALÈRE. — J’aimerais mieux mourir que de lui avoir fait paraître aucune pensée offensante : elle est trop sage et trop honnête pour cela.

HARPAGON (à part). — Ma cassette trop honnête !

VALÈRE. — Tous mes désirs se sont bornés à jouir de sa vue, et rien de criminel n’a profané la passion que ses beaux yeux m’ont inspirée.

HARPAGON, (à part). — Les beaux yeux de ma cassette ! Il parle d’elle comme un amant d’une maîtresse.

(Molière, L’Avare, acte V, scène 3, 1668)

En confondant l’argent et la fille d’Harpagon, Molière dévoile toute l’avarice du personnage, qui en deviendra par ailleurs la personnification absolue. En filigrane, c’est le rapport à l’argent d’une bourgeoisie pingre et cupide que dénonce l’auteur.

On retrouve cette plume acerbe dans Le Malade imaginaire, dernière raillerie du dramaturge, où le personnage d’Argan, aidé de sa servante Toinette, met en scène sa propre mort.

Quiproquo définition théâtre
TOINETTE. — Votre mari est mort.

BÉLINE. — Mon mari est mort ?

TOINETTE. — Hélas oui. Le pauvre défunt est trépassé.

BÉLINE. — Assurément ?

TOINETTE. — Assurément. Personne ne sait encore cet accident-là, et je me suis trouvée ici toute seule. Il vient de passer entre mes bras. Tenez, le voilà tout de son long dans cette chaise.

BÉLINE. — Le Ciel en soit loué. Me voilà délivrée d’un grand fardeau. Que tu es sotte, Toinette, de t’affliger de cette mort !

TOINETTE. — Je pensais, Madame, qu’il fallût pleurer

BÉLINE. — Va, va, cela n’en vaut pas la peine. Quelle perte est-ce que la sienne, et de quoi servait-il sur la terre ? Un homme incommode à tout le monde, malpropre, dégoûtant, sans cesse un lavement, ou une médecine dans le ventre, mouchant, toussant, crachant toujours, sans esprit, ennuyeux, de mauvaise humeur, fatiguant sans cesse les gens, et grondant jour et nuit servantes, et valets.

TOINETTE. — Voilà une belle oraison funèbre.

BÉLINE. — Il faut, Toinette, que tu m’aides à exécuter mon dessein, et tu peux croire qu’en me servant ta récompense est sûre. Puisque par un bonheur personne n’est encore averti de la chose, portons-le dans son lit, et tenons cette mort cachée, jusqu’à ce que j’aie fait mon affaire. Il y a des papiers, il y a de l’argent, dont je me veux saisir, et il n’est pas juste que j’aie passé sans fruit auprès de lui mes plus belles années. Viens, Toinette, prenons auparavant toutes ses clefs.

ARGAN (se levant brusquement). — Doucement.

BÉLINE (surprise, et épouvantée). — Ahy !

ARGAN. — Oui, Madame ma femme, c’est ainsi que vous m’aimez ?

TOINETTE. — Ah, ah, le défunt n’est pas mort.

ARGAN (à Béline qui sort). — Je suis bien aise de voir votre amitié, et d’avoir entendu le beau panégyrique que vous avez fait de moi. Voilà un avis au lecteur, qui me rendra sage à l’avenir, et qui m’empêchera de faire bien des choses.

(Molière, Le Malade imaginaire, acte III, scène 12, 1673)

Couché dans un fauteuil, Argan trompe Béline et lève le voile sur la vraie nature de ses sentiments. Scénographie et comique de situation s’unissent dans un quiproquo savoureux, que Molière pousse d’ailleurs à son paroxysme en prenant le lecteur à témoin.

Le spectateur n’est plus simple observateur, mais complice, voire confident. Molière meurt quelques jours après la première représentation de la pièce. Peut-être soupçonnait-il que, par manque de temps, le lecteur ne deviendrait jamais spectateur…

Des siècles plus tard, le dramaturge français incarne toujours la quintessence du quiproquo et son théâtre reste à l’image de son art, immortel.

Questions fréquentes sur le quiproquo

C’est quoi un quiproquo au théâtre ?

Au théâtre, un quiproquo est un malentendu entre des personnages. Il se traduit généralement par une certaine confusion autour de l’identité d’un ou de plusieurs personnages.

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Quel serait un bon exemple de quiproquo entre deux personnages ?

Un quiproquo repose sur un malentendu entre des personnages. Généralement, l’identité de ces derniers est au cœur du quiproquo et de la confusion qu’il engendre.

Ainsi, un personnage qui se méprend sur l’identité d’un autre est un excellent moyen d’apporter un élément comique à l’intrigue. Un nom ou un surnom épicène (Camille, Sam, Sacha, etc.) peut donner lieu à des situations drôles et cocasses.

Mais le quiproquo peut aussi résulter de la polysémie des mots ou expressions, de leurs différents sens. Si le personnage de Sacha fait de la musique, ce même personnage peut être un homme ou une femme dans un conservatoire, une église ou un festival électronique.

Le quiproquo et son pouvoir de confusion présentent un grand intérêt narratif à condition que le public ne soit pas lui-même dupe de la situation : il doit être au fait du malentendu.

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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.