Farce | Définition & évolution

Au théâtre, la farce est une courte pièce comique visant à dédramatiser des sujets sérieux et dont les personnages sont issus du peuple.

Invariablement liée aux mystères médiévaux, la farce, tantôt triviale et grossière, tantôt lucide et satirique, s’est vue tour à tour encensée, interdite puis glorifiée au gré des modes et des époques.

Populaire dans le fond et la forme, la farce théâtrale a longtemps eu le rire gras et le propos grivois. Mais pour rire de tout, encore faut-il savoir le faire avec goût, car si la critique est aisée, l’art est difficile…

Avis aux dramaturges…
Si les farces de Molière sont encore si populaires, c’est qu’il a su y mettre la manière !

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La farce théâtrale : définition et évolution

De façon générale, la farce peut se définir comme une pièce de théâtre drôle et cocasse. Comique par essence, elle met en scène des personnages issus du peuple, dont les travers, la bêtise et l’amoralité sont moqués.

Toutefois, il est impossible de la dissocier de son évolution sociohistorique. Du Moyen Âge aux comédies de Molière, la farce a subi de profondes modifications pour délaisser le mauvais goût et se mettre à celui du jour.

Genèse et interdiction

Les premières apparitions du mot farce remontent au milieu du XVe siècle. À l’époque, elle constitue un intermède comique au sein d’une pièce plus longue, appelé mystère. De nature liturgique, le mystère est la représentation scénique d’un épisode religieux ou d’un récit biblique.

Si le mystère présente un aspect sérieux et moralisateur, la farce, au contraire, sert d’entracte, de divertissement comique, de pause récréative pour les fidèles. Joués en extérieur, notamment sur le parvis des églises, les mystères et leurs farces deviennent très populaires auprès du peuple dans son ensemble.

De courte durée, elle est, à ses débuts, complètement improvisée et les comiques de geste et de mot l’emportent sur la complexité de l’intrigue. Accompagnées de jongleries et d’acrobaties, les situations sont farfelues et burlesques, le langage familier et populaire.

Devant ce large public — à l’opposé du spectateur pieux et dévot de ses débuts —, la farce change progressivement de ton. De burlesque, elle devient grossière et vulgaire. Véritable miroir à la fois grossissant et déformant de la société, la farce se forge une réputation sulfureuse, très éloignée du mystère et de sa moralité.

Pour aller plus loin…
La Farce de Maître Pathelin est l’une des premières traces écrites d’une œuvre comique dans la littérature française. Composée au milieu du XVe siècle, elle est écrite en octosyllabes (vers de huit syllabes) et dans un dialecte mêlant francilien et angevin.

À l’instar d’autres farces médiévales, l’intrigue, portée par des bourgeois malhonnêtes et des avocats peu scrupuleux, mêle perfidie, roublardise et tromperie dans une satire aussi mordante qu’absurde.

Réimprimé et réédité tout au long du XVIe siècle, ce manuscrit témoigne, à lui seul, de l’immense popularité de ce sous-genre théâtral à une époque où le papier est une denrée rare et l’illettrisme monnaie courante.

Les personnages de la farce, drôles et ridicules, se transforment en bourgeois trompés, en femmes infidèles ou en moine paillard. Plus leur comportement est excessif et leur langage cru, plus la farce plaît, et le public en redemande.

Cet engouement, loin de servir les intérêts de l’Église, suscite des inquiétudes. Les ecclésiastiques et les aristocrates, régulièrement moqués, tolèrent de moins en moins cette invitation à la débauche, d’autant que les farces sont maintenant publiées et jouées dans tout le royaume.

De plus en plus vulgaire, parfois même scatologique, la farce tourne court : l’Église en interdit les représentations et condamne son obscénité. Sa popularité joue en sa défaveur et le peuple n’est plus autorisé à se divertir aux dépens de l’autorité morale.

Plus que la mise à l’index d’un sous-genre théâtral, l’interdiction des farces est le reflet d’une société cléricale où le divertissement, voire le simple fait de rire, n’est pas l’apanage du peuple.

Renaissance et réhabilitation

Alors que l’obscurantisme religieux tire le rideau sur les premières comédies françaises, de l’autre côté des Alpes, la Renaissance italienne met en lumière une toute nouvelle forme de théâtre de rue, la Commedia dell’arte.

Nettement moins vulgaire que la farce, le théâtre de la Commedia dell’arte en conserve néanmoins la vocation originelle. Installés au milieu de la rue, les acteurs improvisent des réparties vives et subtiles, à l’intention d’un large public.

Formés à l’improvisation, les comédiens sont de véritables professionnels mettant l’emphase sur les accents locaux et les parlers régionaux. Comme le langage, les intrigues retrouvent leur caractère populaire : elles reposent essentiellement sur des personnages issus du peuple. Les domestiques, et notamment le valet, y jouent les premiers rôles, ceux d’entremetteurs rusés et perspicaces.

Art populaire par essence, la comédie le redevient dans toutes ses dimensions : une représentation libre, gratuite et grand public, valorisant les qualités du petit peuple. Opposées à l’oisiveté bourgeoise, l’ingéniosité et la débrouillardise des gens ordinaires, mêlés au talent de comédiens professionnels, rendent à la comédie ses lettres de noblesse.

Pour aller plus loin…
Molière est à la farce ce que La Fontaine est à la fable : le maître incontesté du genre.

Des Fourberies de Scapin au Sganarelle de Dom Juan, le valet malicieux fait toujours preuve d’une ingéniosité remarquable sous ses faux airs de bouffon.

Le vulgaire est délaissé au profit de la parodie et de la caricature, sous une plume aussi habile qu’incisive.

Les farces du dramaturge deviennent de véritables représentations théâtrales en trois ou cinq actes, loin de la forme brève des farces médiévales ou italiennes.

Auteur d’une trentaine de pièces en vers et en prose, Molière est le dramaturge le plus prolifique de la farce théâtrale et de la comédie à la française.

Inspiré par ce renouveau transalpin, Molière en reprend les subterfuges scéniques. Quiproquos et costumes renchérissent l’aspect caricatural et grotesque de personnages qui, bien que grossiers, ne sont jamais vulgaires.

Les monologues pédants et incompréhensibles sont attribués aux docteurs, les tirades mensongères aux jeunes et beaux soldats, les apartés hystériques aux bons pères de famille.

Personne n’échappe à la plume acerbe du dramaturge. Cependant, la caricature le protège de la censure. Tirant parti de la distanciation entre le sujet et son observateur, l’auteur se dédouane à bon compte de nombreuses accusations.

Molière réinstaure ainsi le rire aux dépens du bourgeois, grâce à des comédiens passés maîtres dans l’art de grossir certains traits de caractère. Forme et fond se confondent : l’écriture du dramaturge et le jeu des acteurs transforment chaque représentation en une satire féroce des mœurs de la société de l’époque.

Longtemps considérée comme vulgaire, la farce est définitivement réhabilitée par Molière. Si ce type de comédie est aussi largement plébiscité, c’est parce que ses farces correspondent à un certain esthétisme poétique. Molière ne se contente pas de moquer la noblesse, il perfectionne un art, celui de faire brillamment rire aux éclats.

Plus qu’un dramaturge, Molière se distingue aujourd’hui encore par la justesse de ses observations sociologiques. En critiquant le clergé, il s’attire la sympathie des élites intellectuelles, un gage incontestable de reconnaissance et de légitimité. Loin du simple divertissement populaire, les farces de Molière sont un véritable tour de force poétique, sociologique et politique.

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Charrin, A. (28 octobre 2025). Farce | Définition & évolution. Quillbot. Date : 21 novembre 2025, issu de l’article suivant : https://quillbot.com/fr/blog/theatre/farce/

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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.

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