Le ou la covid | Orthographe

Dès décembre 2019, la pandémie de Covid-19 a instantanément modifié nos vies et notre lexique. De nouveaux mots sont entrés dans la langue française à vitesse grand V… comme virus.

La covid ou le covid ?
  • Extrait du site de l’Académie française :

« On devrait donc dire la covid 19, puisque le noyau est un équivalent du nom français féminin maladie. […] Il n’en reste pas moins que l’emploi du féminin serait préférable et qu’il n’est peut-être pas trop tard pour redonner à cet acronyme le genre qui devrait être le sien. »

  • Extrait du Grand dictionnaire terminologique, de l’Office québécois de la langue française :

« Les sigles étrangers prennent généralement le genre qu’aurait en français le mot de base qui les compose. En vertu de cette règle, COVID‑19 est de genre féminin, car dans la forme longue du terme français, maladie à coronavirus 2019, le mot de base est maladie. »

Au Québec comme en France, les autorités langagières recommandent l’utilisation du féminin, conforme aux règles de composition des acronymes.

Mais au-delà d’une simple hésitation grammaticale entre la ou le covid, ce mot résume à lui seul tout le pouvoir de l’usage sur la norme prescriptive et celui grandement exagéré de certaines institutions…

Avis aux gardiens du bon usage…
En matière de langue, il y a l’usage et il y a la norme. Quand les deux s’accordent, tout va bien. Quand le deuxième décide le contraire du premier, les choses se compliquent et complexifient inutilement une grammaire déjà particulièrement obscure…

Heureusement, les outils QuillBot d’aide à la rédaction, comme le correcteur orthographique ou le reformulateur de texte, obéissent à la norme prescriptive. S’ils savent relever vos coquilles et proposer une alternative à vos structures de phrases, ils vous laisseront toujours le dernier mot.

Obéir ou désobéir à une norme, quelle qu’elle soit, relève de l’humain et non de la machine. Les outils de l’IA proposent, mais ce sont les locuteurs qui, depuis toujours, disposent…

La covid : genre grammatical féminin

Grammaticalement parlant, le mot covid est féminin singulier, car c’est un acronyme. La composition des acronymes répond à des règles strictes. L’une d’elles commande son genre grammatical : il doit correspondre à celui du premier mot de la série que l’on souhaite abréger.

Acronymes féminins
  • une zep : une zone d’éducation prioritaire,
  • une bobo : une bourgeoise bohème,
  • une sicav : une société d’investissement à capital variable.

Précisons d’emblée qu’un acronyme n’est pas un sigle. Le sigle est épelé lettre par lettre (S.N.C.F., I.V.G ou encore P.M.E.), alors que l’acronyme est lu. Notons également la présence de majuscules et accessoirement de points abréviatifs dans le sigle, alors qu’ils sont totalement absents de l’acronyme.

Les acronymes varient donc en genre et parfois en nombre (des bobos). Toutefois, les règles de composition des acronymes sont mises à mal lorsqu’il s’agit d’emprunts linguistiques : les mots radar et laser en sont le parfait exemple.

Acronymes empruntés à l’anglais
  • radar : radio detecting and ranging = détection et télémétrie par ondes radio,
  • laser : light amplification by stimulated emission of radiation = lumière amplifiée par émission stimulée de rayonnement.

Covid, acronyme de corona virus disease et traduit par maladie à coronavius, respecte le principe du genre grammatical de l’acronyme. Le premier mot de la série, abrégée et traduite, est bel et bien maladie, de genre féminin.

Ce n’est absolument pas le cas des mots radar et laser. En français, ces mots sont de genre masculin alors que détection, télémétrie, onde, lumière et émission sont tous des mots féminins. En toute logique, et pour suivre celle appliquée à covid, radar et laser devraient être… des mots féminins.

La grammaire du français : un code arbitraire 
Logique et grammaire font rarement bon ménage, parce que cette dernière n’est pas une science, mais une norme prescriptive, un code purement artificiel.

De la même façon que le Code de la route impose un comportement responsable et exemplaire, la grammaire française dicte des règles à respecter pour garantir une certaine compréhension entre les locuteurs.

Pourtant, à cinq ans, un locuteur natif est parfaitement compréhensible sans aucune connaissance grammaticale. Il apprendra les règles de la grammaire à l’école pour espérer « écrire sans faute », comme il apprendra, à l’adolescence, le Code de la route pour conduire en tentant d’éviter les accidents.

Ce que l’on entend par grammaire du français correspond au « bon usage », celui qu’il convient d’appliquer en contexte. De la même façon que l’on s’apprête pour un entretien d’embauche, on utilise le code grammatical pour se faire bien voir, se faire valoir.

À la maison ou en famille, notre tenue vestimentaire est à l’image de notre grammaire : détendue et relâchée. Par ailleurs, si une cravate ou un tailleur nous semblent des tenues appropriées à un entretien d’embauche, qui en a décidé ainsi ?

Pourquoi un nœud papillon ou une robe de bal nous paraissent trop guindés pour un rendez-vous professionnel ? Parce que nous avons intégré des codes sociaux qui nous ont été imposés de façon arbitraire, et auxquels nous choisissons ou non de nous conformer.

La grammaire est aussi un code social, arbitraire, éminemment complexe, car illogique, mais tout aussi contextuel. Toutefois, l’erreur grammaticale est rarement perçue comme un simple impair vestimentaire.

Dans le monde francophone, le langage est un signe extérieur de richesse, et la faute de grammaire, nettement plus dommageable qu’une faute de goût…

Rappelons les circonstances exceptionnelles de l’apparition du mot covid dans notre lexique. Du jour au lendemain, médecins, politiciens, journalistes reprennent et font circuler des termes que le monde entier entend pour la première fois.

Les francophones découvrent un mot d’abord relayé au masculin, probablement par métonymie ou ressemblance, pour désigner le virus plutôt que la maladie. Cette explication, bien que plausible, est loin d’être la seule : les mots radar et laser montrent l’aspect parfaitement aléatoire du genre grammatical donné aux acronymes traduits.

Au Québec, l’OQLF (Office québécois de la langue française) est une instance normative qui préconise certains usages, dont ceux propres au français québécois. Début 2020, le genre du mot covid fait l’objet d’une recommandation officielle ; médias et locuteurs reprennent en chœur la covid.

En France, cette recommandation officielle n’arrive qu’en mai 2020, alors que le genre masculin de covid est sur toutes les lèvres depuis plusieurs mois. Ce retard dans l’édiction de la norme a grandement perturbé l’adoption de la covid en France.

À l’exception d’un nombre infime de locuteurs, la quasi-totalité des Français, acteurs médiatiques et politiques inclus, refuse le genre féminin. Le covid, intégré, répété et assimilé comme tel, reste masculin, même chez les locuteurs conscients de « leur erreur ».

Que ce soit par réflexe langagier, par mimétisme ou par pression sociale, le destin contrarié du genre féminin de la covid révèle surtout la faiblesse des institutions langagières françaises. Quoi qu’en dise l’Académie, l’usage l’emporte toujours sur la norme, même lorsqu’il n’est pas le « bon usage »…

Questions fréquentes sur le ou la covid

Doit-on dire le covid ou la covid ?

Covid est l’acronyme de corona virus disease, traduit en français par maladie à coronavirus. Lorsqu’un acronyme est produit, il adopte le genre du premier mot de la série que l’on abrège.

Maladie étant un mot de genre féminin en français, l’acronyme covid doit rester féminin. Toutefois, ce mot a fait une entrée si fracassante dans nos vies que les grands principes théoriques de l’acronymie sont quelque peu passés à la trappe.

Médecins comme journalistes français ont, dès le début, adopté le genre masculin par métonymie : pour eux, le nom de la maladie désignait le virus, un mot masculin.

Au Québec, l’usage a hésité un temps, mais l’OQLF (Office québécois de la langue française) a rapidement tranché.

L’instance normative de la variété de français en usage au Québec est intervenue pour inviter les Québécois à utiliser le genre féminin, plus conforme aux règles de composition de l’acronyme.

En France, l’Académie française, qui n’est pas franchement réputée pour sa réactivité, n’a émis sa prescription que le 7 mai 2020, soit des mois après l’arrivée du mot dans le lexique quotidien des Français.

Ce délai a invariablement participé à mettre la covid sur la touche et à garder le covid en bouche. Il est alors fort probable que les locuteurs, trop occupés à essayer de télétravailler en famille, ne se soient pas formalisés outre mesure de cette mauvaise habitude langagière…

Citer cet article QuillBot

Nous recommandons l’utilisation de sources fiables dans tous les types de communications. Vous souhaitez citer cette source ? Vous avez la possibilité de copier-coller la citation ou de cliquer sur le bouton « Citer cet article » pour ajouter automatiquement la citation à notre générateur de sources gratuit.

Charrin, A. (3 octobre 2025). Le ou la covid | Orthographe. Quillbot. Date : 20 novembre 2025, issu de l’article suivant : https://quillbot.com/fr/blog/orthographe/le-ou-la-covid-orthographe/

Vous avez aimé cet article ?
Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.

Des remarques ? Des questions ?

Veuillez cocher cette case pour confirmer que vous n’êtes pas un robot.