Qu’est-ce que la grammaire ? | Français

À peine fait-on nos premiers pas à l’école élémentaire que nos instituteurs s’attèlent à nous l’enseigner. Impossible encore d’y échapper dans le secondaire, où le bac lui fait la part belle avec pléthore de questions dédiées durant l’oral de français…

Il s’agit bien sûr de la grammaire.Si on la nomme rarement dans le monde des adultes – à moins d’avoir fait de l’étude ou de l’enseignement des langues son métier –, elle n’en reste pas moins présente au quotidien pour chacun de nous.
En effet, la grammaire, tapie dans l’ombre, est toujours prête à se rappeler à votre bon souvenir avec son cheptel de règles contradictoires au moment de rédiger un mail professionnel, de briller à travers une carte de vœux originale, ou bien d’écrire votre plus belle lettre de motivation pour ce poste dont vous rêvez tant.

La grammaire d’une langue est l’affaire de tous ceux qui la parlent ou l’écrivent, même si peu d’entre nous peuvent se targuer d’en connaître chaque norme sur le bout des doigts… sinon personne, en réalité. Pourtant, malgré cette universalité latente, sauriez-vous la définir concrètement ?
Si vous séchez, n’en tirez aucune honte : les grammairiens eux-mêmes peinent parfois à se mettre d’accord sur la question…

Grammaire : définitions
  • Définition académique : Étude objective de l’ensemble des règles qui constituent et régissent le fonctionnement et le système d’une langue.
  • Définition courante : Règles que l’on doit suivre pour parler ou écrire correctement une langue.

La grammaire et ses normes se cachent derrière de nombreuses questions que l’on se pose quant à la construction et au bon usage du français.
Construire une phrase qui soit claire et intelligible ? De la grammaire, pardi.
Pour ce faire, distinguer les différents types de propositions subordonnées ? C’est encore de la grammaire !

Vous en conviendrez : il y a quelque chose de très obscur dans la définition académique posée ci-dessus, et quelque chose d’encore plus nébuleux dans la définition courante, qui est la fois très large et subjective. Certes, affirmer que la grammaire sert à écrire et à parler « correctement » une langue donnée, c’est très bien… mais correct selon quoi, ou qui ?

Comme souvent en matière de langage, rien n’est tout blanc ou tout noir : de ce fait, peut-être ne devrait-on pas parler de grammaire au singulier, mais de grammaires au pluriel…
Mais d’abord, tâchons d’expliquer ce qu’est la grammaire et de la dédramatiser. Car soyez-en certains : malgré sa fâcheuse tendance à user et abuser des exceptions, elle ne vous veut que du bien.

La grammaire pour les plus pressés
À l’instar des normes orthographiques, maîtriser la grammaire du français demande de l’énergie, de la discipline, de la motivation… et surtout du temps, que l’on n’a pas toujours, pris dans le feu du quotidien. En effet, si Rome ne s’est pas faite en un jour, la légende de maître Capello non plus…
Alors, en attendant de pouvoir vous mesurer aux meilleurs grammairiens, rien ne vous empêche de recourir à une aide extérieure avant d’envoyer ce courrier qui vous donne tant de fil à retordre.
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Définir la grammaire

Quand on sait les différentes écoles qui ont jalonné l’histoire de la grammaire, il était inévitable que des visions quelque peu divergentes émergent.
Heureusement, certaines caractéristiques qu’on attribue à cette discipline, et qui en constituent la définition, font tout de même consensus entre prescripteurs et enseignants.

Grammaire : définition simple

Dans sa définition courante, la grammaire rassemble les règles qui déterminent la façon dont on doit écrire ou parler une langue.
Ce système, qui agit comme un régulateur, n’a, en soi, rien d’une fantaisie oligarchique destinée à opprimer les locuteurs. Appliquer les principes que la grammaire d’une langue énonce permet de s’assurer que l’on parle cette langue selon la norme admise, afin d’être lu, écouté et compris par le plus grand nombre.

Grammaire def
  • Jean-Baptiste fait du vélo.
  • Jean-Baptiste font de la vélo.

Analyse :

Ici, deux règles de grammaire, qui sont respectées dans l’énoncé numéro 1, sont négligées dans l’énoncé numéro 2 : l’accord du verbe (faire) en nombre avec son sujet (Jean-Baptiste), ainsi que l’accord du déterminant (du) avec le genre masculin du nom (vélo) qu’il précède.
Résultat : en tant que francophone, la lecture de cette phrase nous fait tiquer. Si on nous la disait à l’oral, le constat resterait le même : cela sonnerait faux.
Dans le cas présent, ne soyons pas de mauvaise foi, on comprend quand même ce qui est exprimé, car la phrase est courte, et que la syntaxe (l’ordre des mots) et l’orthographe des mots sont respectées.
Mais imaginez ce que cela pourrait donner avec une version plus longue dans une syntaxe plus hasardeuse, telle que Jean-Baptiste fait du vélo avant de partir pour l’université, où des partiels ardus l’attendent, et qui pourrait devenir « Jean-Baptiste fon de, la velo avant de partire pour l’universiter ou des partielles, hardue l’atend ».
Plusieurs relectures deviennent alors nécessaires pour tenter de saisir le sens de l’énoncé, car le non-respect des règles de grammaire rend la compréhension du propos beaucoup plus ardue (et non hardue), et la lecture, osons le dire, sensiblement moins agréable et fluide.

Miroir de la pensée partagée par les membres d’une même société culturelle, la grammaire est autant un art qu’une science.
Parce qu’elle pose un ensemble de règles qui se répondent les unes aux autres, elle nous permet d’organiser les mots d’une langue afin de leur donner un sens qui soit immédiatement perceptible par tous ceux qui la parlent et l’écrivent, avec le moins d’efforts possible… et de manière invisible. Car la meilleure grammaire, c’est en effet celle qui s’efface derrière le sens des mots qu’elle coordonne, de la même façon qu’on déteste voir ou sentir au toucher les coutures d’un vêtement…
Ce faisant, elle est un facilitateur et un accélérateur de communication puissant.

Qu’on ait aimé l’étudier ou non, force est de reconnaître que sans la grammaire, nos échanges seraient forcément ponctués de malentendus et d’incompréhensions mutuelles, comme quand on essaie de communiquer avec quelqu’un alors qu’on ne parle pas… la même langue.

La grammaire en tant que discipline linguistique

La linguistique voit dans la grammaire, non pas un ensemble de règles arbitraires figées dans le marbre, mais une opportunité d’observer et de décrire les régularités du langage telles qu’elles ressortent dans l’usage pratique qu’en font les locuteurs.
Dans cette perspective, elle cherche à affiner la compréhension des mécanismes du français existant plutôt que de les prescrire de façon purement scolaire et péremptoire.

Il est également important de comprendre que la grammaire, bien qu’elle liste et édicte des règles normatives à suivre, décrit la structure interne d’une langue à un moment donné, et non de façon définitive. Elle se veut adaptée aux usages du français contemporain, et prête à faire évoluer ses préceptes… du moins pour les grammairiens et les linguistes ouverts à cette vision des choses.
Les usages réels s’embarrassent néanmoins peu de leur avis sur la question. Les langues (pas seulement le français, mais toutes les langues du monde dites vivantes) et leurs grammaires sont en constante évolution, tant dans les termes choisis que les usages prescrits.
C’est sur la base de ce constat que s’impose dans notre emploi quotidien du français la grammaire dite descriptive.

Les différents types de grammaire

Lorsque l’on parle de grammaire, on distingue principalement deux dichotomies :

  • la grammaire prescriptive vs la grammaire descriptive,
  • la grammaire traditionnelle vs la grammaire nouvelle.

Grammaire prescriptive et grammaire descriptive

La linguistique opère une distinction fondamentale entre :

  • la grammaire prescriptive (aussi appelée grammaire normative), qui fixe les règles considérées comme correctes dans l’usage écrit et oral que l’on fait d’une langue.
  • la grammaire descriptive, qui observe, décrit et rapporte la façon dont une langue est réellement utilisée par ses locuteurs.

La grammaire prescriptive prescrit, comme son nom l’indique, une manière de parler et d’écrire. Pour ce faire, elle s’appuie sur la tradition et l’autorité des assertions linguistiques répertoriées dans les manuels scolaires, traités de grammaire et autres dictionnaires académiques. Ainsi, tout ce qui contrevient à ses règles doit être corrigé.
Son objectif principal est de maintenir la cohérence de la langue, et de s’assurer de son uniformité globale.
En francophonie, certains défendent à travers elle le souci de rassembler le plus de locuteurs sous la même bannière ou de vouloir transmettre un bagage linguistique commun aux générations futures, quand d’autres assument des arguments plus conservateurs, voire élitistes (tous ceux qui ne suivraient pas les prescriptions à la lettre seraient dans l’erreur, sans nuance possible).

La grammaire descriptive, à l’inverse, pourrait être vue par les partisans de la grammaire normative comme l’élève dissipé du fond de la classe…
Moins rigide, elle se contente de décrire les formes de la langue et d’appréhender la façon dont les locuteurs se l’approprient au lieu de les juger correctes ou incorrectes, ou de chercher à les réglementer.
Sa démarche est davantage analytique.

En résumé
  • La grammaire prescriptive rapporte ce que la langue devrait être en théorie, selon les prescriptions normatives.
  • La grammaire descriptive étudie et décrit ce que la langue est en pratique.

Si ces deux visions semblent s’opposer radicalement, elles se nourrissent pourtant l’une de l’autre. C’est notamment le cas de la grammaire descriptive, qui encourage chaque année certaines prescriptions de la grammaire normative à évoluer.

Exemples d’évolutions grammaticales
  • Tous les ans, les dictionnaires se voient enrichis de nouveaux mots. Il peut s’agir de néologismes ou d’anglicismes, mais tous ont un point commun : ils sont rentrés dans le langage courant parce que les locuteurs se sont mis à les utiliser de manière exponentielle.
    Par exemple, parmi les mots nouveaux du dictionnaire 2026, dinguerie, hypertrucage, microagression, mpox, ou encore surcyclage feront leur entrée dans le Petit Robert. Ils n’y étaient pas listés jusqu’ici, bien que de plus en plus largement utilisés, en raison d’un emploi informel. C’est grâce aux observations de la grammaire prescriptive que l’on pourra vérifier leur orthographe de manière sûre aujourd’hui, et les utiliser dans des contenus formels sans risquer de se voir sanctionner.
  • Le subjonctif imparfait, puisqu’il a disparu de l’usage courant, se fait de plus en plus rare dans la littérature française, à tel point que l’usage admet désormais qu’on le remplace par du subjonctif présent en présence de passé simple et d’imparfait. Ce choix, qui va pourtant à l’encontre de la concordance des temps telle qu’elle est décrite sur le papier, suit les habitudes de la doxa.
  • Si « Je ne sais pas » est encore de mise à l’écrit, la forme sans la double négation de rigueur, « Je sais pas », domine largement dans l’usage oral. Personne n’aurait, en 2025, l’idée de vous reprendre dans une conversation courante si vous veniez à utiliser la simple négation familière. Cela n’était pas forcément le cas soixante-dix ans auparavant.

La grammaire descriptive, dans sa démarche de s’ouvrir aux usages concrets de la langue, a permis de faire émerger des réformes majeures de l’orthographe (à l’instar de la réforme de 1990), et même de repenser certaines façons d’appréhender la grammaire, tant sur le fond que sur la forme.

Grammaire traditionnelle et grammaire nouvelle : pourquoi une telle distinction ?

La grammaire contemporaine cherchant désormais à s’adapter aux évolutions de la langue et aux usages et besoins de ses locuteurs, elle tend, au fil des travaux en linguistique, à s’éloigner de concepts désormais obsolètes : c’est le passage de la grammaire traditionnelle à la grammaire nouvelle.

Exemple de notion obsolète en grammaire nouvelle
  • Le complément d’objet direct (COD) est devenu complément direct du verbe (CD).
  • Idem pour son homologue complément d’objet indirect (COI), renommé selon la même logique complément indirect du verbe (CI).

Pourquoi un tel changement ? Il s’agit, sur la base de recherches menées au contact des locuteurs, de rectifier une grammaire qui n’était, une fois de plus, plus en adéquation avec les usages actuels.
En effet, la notion d’« objet » découle initialement d’une transposition du modèle latin à la grammaire du français, qui bien qu’il soit une langue romane, n’a plus vraiment lieu d’être dans notre système d’analyse des fonctions syntaxiques d’alors…

Concrètement, la grammaire nouvelle vise à dépoussiérer des notions opaques et des dénominations parfois trompeuses… Pour cela, elle s’applique à renommer des concepts existants en grammaire traditionnelle, ou remplacer ceux qu’elle juge archaïques ou fallacieux.

Quelques changements induits par le passage de la grammaire traditionnelle à la grammaire nouvelle
  • On ne parle plus d’articles mais de déterminants.
  • On ne parle plus de locution adjectivale mais d’adjectif complexe.
  • On ne parle plus de complément d’agent mais de complément du verbe passif.

Tous ces changements visent à simplifier l’apprentissage, l’application et la maîtrise de la langue française par ses nouveaux locuteurs (qu’ils soient natifs ou non).

Dans ce cas, peut-être vous demanderez-vous pourquoi les termes de la grammaire traditionnelle prédominent dans la majorité des sources grand public, du moins côté français ? Car, comme souvent, nos amis québécois, très soucieux de faire rayonner la langue française, ont une longueur d’avance sur nous…
En réalité, la transition a déjà commencé pour les élèves des écoles primaire et élémentaire, qui ont vu la grammaire nouvelle s’imposer dans les nouveaux programmes, grâce aux réformes les plus récentes.
Mais le collège et le lycée devront quant à eux attendre encore quelques années avant de voir leurs manuels renouvelés, car le changement est amené à se faire progressivement, quand les écoliers d’aujourd’hui gagneront le secondaire et emmèneront de facto leurs connaissances et leur système d’apprentissage avec eux.

Bonus : les autres types de grammaire que l’on peut rencontrer
  • grammaire comparée : discipline de la linguistique qui étudie l’histoire et l’évolution des langues. On l’appelle désormais plus volontiers linguistique comparée.
  • grammaire formelle : concept informatique et mathématique qui établit la structure et les règles qui guident les langages.
  • grammaire générative : type de grammaire cherchant à modéliser les règles cognitives universelles qui permettent aux locuteurs humains de comprendre et de produire un nombre infini de phrases. Elle a été théorisée et popularisée par Noam Chomsky.
  • grammaire pédagogique : grammaire adaptée à l’enseignement de la langue.
  • grammaire structurale : grammaire qui insiste sur la structure des mots plutôt que leur sens.
  • grammaire transformationnelle : variante de la grammaire générative qui cherche à étudier les transformations opérées d’une structure syntaxique à l’autre.

Les grandes notions grammaticales

La grammaire peut sembler complexe, et même rédhibitoire de prime abord, mais elle repose sur quelques grandes notions qui forment ce que l’on pourrait qualifier de charpente de notre langue.
Et une fois que la charpente et les fondations sont posées et maîtrisées, la maison est étonnamment plus facile à bâtir, et cela que l’on opte pour une construction artisanale ou un modèle en kit…

Important
Bien sûr, ces notions (notamment lorsque l’on se penche sur les concepts les plus spécifiques) peuvent évoluer d’une langue à l’autre.
Ainsi, celles que nous vous présentons ici sont avant tout valables pour la grammaire du français, une langue qui a la réputation d’être particulièrement codifiée… à juste titre.
Elles sont énumérées ci-dessous en fonction de la taille de l’unité syntaxique concernée, dans un ordre croissant.

Le mot

Utiliser le langage pour communiquer passe d’abord par choisir un mot plutôt qu’un autre, puis un autre, afin de les combiner selon les règles adéquates.
Cette sélection n’étant jamais arbitraire, on distingue plusieurs catégories de mots, aussi appelés classes grammaticales.
Ces mots peuvent varier en genre et en nombre, ou non.

Les mots variables

Les mots variables changent de forme en fonction :

  • du genre (masculin/féminin),
  • du nombre (singulier/pluriel),
  • de la personne (je/tu/il/elle/on/nous/vous/ils/elles),
  • du temps auquel ils sont reliés.

Cela implique de respecter les règles d’accord lorsqu’on en fait usage au sein d’une phrase.

Les catégories de mots variables
  • les noms (ou substantifs),
  • les adjectifs,
  • les pronoms,
  • les déterminants (autrefois appelés articles par la grammaire traditionnelle),
    • déterminants définis,
    • déterminants indéfinis,
    • déterminants démonstratifs,
    • déterminants possessifs,
    • déterminants exclamatifs,
    • déterminants relatifs,
    • déterminants quantitatifs,
    • déterminants négatifs,
    • déterminants partitifs,
    • déterminants numéraux,
  • les verbes (voir ci-dessous pour les différentes sous-notions).

Les mots invariables

Contrairement à celle du mot variable, l’orthographe du mot invariable ne change jamais, que ce soit en fonction du genre ou du nombre.
Ainsi, qu’on les utilise au masculin ou au féminin, ou au singulier ou au pluriel, on les écrit toujours de la même manière.

Il en existe 4 grands types.

Les catégories de mots invariables

La locution

Les locutions constituent des suites de mots qui fonctionnent exactement de la même façon qu’un mot… mais en plusieurs.
Cela induit que l’on ne peut pas séparer ces mots dans la phrase, au risque d’en corrompre le sens ou la syntaxe.
Elles correspondent aux neuf natures de mots existantes, et suivent les règles d’usage et d’accord desdites catégories.

Les différents types de locutions
  • locution nominale (pomme de terre, front de mer, château de sable, salle de bain),
  • locution adjectivale (à fleur de peau),
  • locution déterminative (n’importe quel),
  • locution pronominale (l’un et l’autre),
  • locution verbale (avoir raison, prendre ombrage),
  • locution adverbiale (au fur et à mesure, à brûle-pourpoint),
  • locution prépositionnelle (grâce à, quant à, en vue de),
  • locution conjonctive (sous peine de),
  • locution interjective (eh bien, bon sang).

Les groupes de mots

Les mots permettent de former des phrases, qui, assemblées les unes aux autres, permettent à leur tour de former des énoncés ou des textes.
Mais avant d’en arriver là, il existe une grande catégorie intermédiaire entre les deux : les groupes de mots.

Ceux-ci exercent toujours une fonction grammaticale précise dans la phrase, qui peut être :

Les différents groupes de mots

La phrase

Les phrases sont des suites de mots ordonnées selon les règles de grammaire, qui commencent traditionnellement par une majuscule et se terminent par un point (ou un autre signe de ponctuation final, tel que le point d’exclamation, le point d’interrogation ou les points de suspension).

Lorsque la phrase ne contient qu’un sujet et un prédicat (soit un verbe ou un groupe verbal), elle est dite simple.
Si elle comporte, a contrario, au moins deux propositions, alors on la dit complexe d’un point de vue grammatical (et non selon une quelconque difficulté de compréhension).

Phrase simple vs phrase complexe : exemples
  • Le chat mange.
    • Phrase simple, composée d’un sujet et d’un verbe.
  • Le chat mange dans sa gamelle.
    • Phrase complexe, composée d’un sujet, d’un verbe et d’un complément circonstanciel de lieu (ou complément de phrase selon les termes de la grammaire nouvelle).

Les types de phrases

On distingue quatre grands types de phrases.

Les grands types de phrases

Les formes de phrases

Les formes de phrases, quant à elles, sont également au nombre de quatre :

Les différentes formes de phrases
  • la phrase négative,
  • la phrase passive,
  • la phrase impersonnelle,
  • la phrase emphatique.

On retrouve également d’autres archétypes venant distinguer certains types de phrases selon leur schéma grammatical : phrase nominale, phrase non verbale, phrase à présentatif, mot-phrase, apostrophe

Les propositions subordonnées

Bête noire de bon nombre d’écoliers et d’étudiants, la proposition subordonnée souffre d’une réputation exécrable, pour ne pas dire tyrannique sur les terres obscures de la grammaire. Avec ses sous-dénominations à rallonge — qui a envie de commencer sa journée en entendant parler de proposition subordonnée relative substantive périphrastique ? … —, il faut dire qu’elle n’y met pas vraiment du sien…

Les propositions subordonnées s’avèrent pourtant très utiles pour enrichir une phrase, et prises dans le bon ordre, pas si difficiles à appréhender qu’on veut bien le croire.

Les différents types de propositions subordonnées

Le verbe

Il y a tant à dire sur le verbe que lui consacrer une section particulière pour présenter ses différentes notions ne sera pas de trop…

Le verbe est un mot qui sert à exprimer soit :

  • un état,
  • une action,
  • un fait,
  • ou bien une intention.

Puisqu’il entre dans le champ des mots variables, sa personne et son nombre, mais également son temps et son mode peuvent changer ; il en prend dans ce cas la marque grammaticale, notamment à travers sa désinence, c’est-à-dire sa terminaison.

Les constructions du verbe

Selon les compléments du verbe qui l’accompagnent ou leur fonction, on différencie plusieurs types de constructions verbales.

Les différentes constructions du verbe

Les temps et les modes verbaux

Le temps d’un verbe indique quand l’action se déroule à l’échelle temporelle (dans le passé, dans le présent ou dans le futur), tandis que son mode précise la manière dont l’action se présente et le ton qu’elle peut prendre (exigence, ordre, souhait, indication…).

On distingue des modes personnels (qui prennent la conjugaison prescrite par la personne grammaticale du sujet) et des modes impersonnels (qui ne varient pas en personne en raison d’un sujet dit implicite).

Temps et modes verbaux

Les périphrases verbales, ou temps périphrastiques

Les temps périphrastiques se forment à partir d’un verbe (ou d’une locution verbale) suivi d’un infinitif.
Il ne s’agit pas d’un temps grammatical réel, mais plutôt d’une périphrase qui vient donner un aspect particulier au groupe verbal.

Les types de temps périphrastiques
  • le passé récent (je viens de cuisiner),
  • le futur proche (je vais cuisiner),
  • le présent progressif (je suis en train de cuisiner)
  • le passé prospectif (j’allais cuisiner),
  • le passé rétrospectif (je venais cuisiner).

Les disciplines connexes de la grammaire

Sur le plan linguistique, la grammaire est liée de façon intrinsèque à plusieurs disciplines complémentaires qui s’attachent à étudier et décrire différents aspects du fonctionnement de la langue. On trouve parmi elles :

  • la conjugaison (ensemble des formes que prend un verbe en fonction de la voix, du mode, du temps, de la personne, ou du nombre qu’on lui attribue ; il s’agit de la partie de la grammaire consacrée spécifiquement à l’étude des verbes),
  • la morphologie (analyse de la structure interne des mots et de la façon dont ils se forment, à partir entre autres des préfixes, des radicaux et des suffixes),
  • l’orthoépie (étude de la façon dont on doit prononcer un mot en fonction de son orthographe),
  • l’orthographe (ensemble des règles normatives qui décident de la façon dont on doit écrire les mots d’une langue donnée. Elle se fonde sur les règles d’accord, mais aussi les règles d’usage),
  • la ponctuation (ensemble des signes graphiques que l’on utilise dans l’écriture pour structurer, rythmer et donner du sens à un texte),
  • la syntaxe (partie de la grammaire qui étudie et précise la manière dont les mots et les unités linguistiques doivent s’agencer pour former des phrases),
  • la typographie (ensemble des règles techniques liées à la mise en forme d’un texte)…

Certaines de ces spécialités sont relatives à l’usage écrit uniquement, mais la plupart touchent également à l’aspect oral de la langue.

Grammaire et disciplines connexes : exemple
« Elle déchira la page et la plia dans sa poche. Elle vérifia la date sur la couverture — la nouvelle remontait à deux ans —, et se débarrassa du magazine.
Deux ans déjà que Cosco bouffait de la terre. L’article n’indiquait pas quelle maladie lui avait coûté la vie, mais Linda espérait que son agonie avait été longue et douloureuse. »

(La Honte, Arttu Tuominen)

Application :

Rien que dans l’extrait de roman policier (traduit du finlandais) ci-dessus, toutes les disciplines listées plus haut ont leur rôle à jouer dans la communication du message à transmettre au lecteur :

  • Les verbes sont conjugués à la troisième personne du singulier au passé simple, à l’imparfait ou au plus-que-parfait de l’indicatif, selon les règles de conjugaison associées à ces temps.
  • Choisir d’écrire que « Cosco bouffait de la terre » au lieu de « Cosco mangeait de la terre » relève d’un choix stylistique visant à harponner l’attention du lecteur et à lui faire passer l’intensité de la haine de Linda vis-à-vis de Cosco par un vocabulaire de registre familier.
  • Chacun des mots présents n’est pas construit par hasard et répond à des règles de morphologie (par exemple, les verbes déchirer et débarrasser comprennent le préfixe « dé- », syllabe que l’on retrouve très souvent à l’initiale d’un verbe en français et qui indique la cessation).
  • Si l’on devait réciter ce passage, dans le cadre d’une lecture publique par exemple, nous devrions suivre les règles d’orthoépie qui s’imposent (comme celle qui veut que dans « longue », ainsi dans de très nombreux cas où la voyelle « u » suit la consonne « q », on ne prononce pas le « u »).
  • Chaque mot qui compose ce texte suit les règles d’orthographe qui lui correspondent, y compris à propos des homophones (mots qui se prononcent à l’identique, mais s’écrivent différemment) qui peuvent le jalonner. Pourquoi écrit-on « sur la couverture » au lieu de « sûr la couverture », sans accent circonflexe sur le « u » de sur ? Par souci de respecter la règle d’orthographe correspondante, afin de distinguer le sens de la préposition de son homophone.
  • Points, virgules, et même tirets cadratins permettent de donner à ce texte du souffle et de la lisibilité, grâce à la ponctuation.
  • Si l’auteur avait écrit « La déchira sa elle page plia la poche et », gageons que notre lecture aurait tout de suite aurait été tout de suite moins intuitive… Grâce à la syntaxe, qui nous indique la façon dont les mots doivent s’ordonner dans une phrase pour que celle-ci ait du sens et soit facilement comprise par les locuteurs, la lecture reste fluide et véhicule aisément la signification que l’auteur souhaite communiquer.
  • Les tirets cadratins, lorsqu’ils sont utilisés en tant que signes encadrant une précision, ont peu ou prou la même signification qu’une parenthèse au sein d’un texte littéraire. Mais si l’auteur (ou le traducteur) a choisi d’utiliser les premiers plutôt que les derniers, son choix a pu être guidé par le souci de se conformer aux usages typographiques dans la pratique littéraire, qui a tendance, de nos jours, à privilégier les cadratins aux parenthèses pour pratiquer l’incise dans la narration.

Appliquer les règles édictées par chacun de ces champs linguistiques qui complètent et enrichissent la grammaire de la langue, c’est s’assurer de la fluidité, ainsi que de la bonne transmission du message donné par le texte.

La grammaire étant une science du langage globale qui cherche à comprendre et expliquer comment les mots se forment, s’accordent et s’organisent pour produire du sens — voire un effet d’émulation quand il s’agit d’émouvoir ou convaincre —, organiser ses règles selon différents niveaux d’analyse et plusieurs sous-domaines permet de structurer son étude et d’enrichir ses usages.

La grammaire, à quoi ça sert ?

Si vous êtes professeur de français, il y a fort à parier qu’un de vos élèves vous ait déjà posé cette question sur un ton exaspéré, voire défiant. Peut-on vraiment l’en blâmer ?
Depuis l’enfance, on nous martèle que le français est une langue difficile à apprendre et à parler. La faute, il faut le dire aussi, à une pédagogie scolaire parfois désuète, souvent peu ludique, et pas toujours adaptée aux schémas d’apprentissage de chacun… La dyslexie, par exemple, engendre des troubles du langage qui peuvent faire pour ces élèves de la grammaire un véritable cauchemar éveillé.

Et même lorsque l’on a passé le temps des salles de classe, la grammaire du français, et plus généralement la langue française dans son ensemble, continue à souffrir d’une image de la langue complexe, inabordable pour le plus grand nombre, et pensée par et pour une certaine caste intellectuelle établie à l’origine dans la capitale française.
Cette négativité et ces a priori qui l’entourent vont parfois jusqu’à démotiver les meilleures volontés et générer angoisses et complexes chez ceux qui estiment ne pas ou mal la maîtriser.

Bref, plutôt que d’élever et d’encourager à s’exprimer, la grammaire semblerait produire exactement le contraire : elle briderait la créativité, inhiberait et culpabiliserait.

Pourtant, contrairement à l’image qu’on lui donne, la grammaire, et en particulier lorsqu’elle s’inscrit dans la conception de la grammaire descriptive, existe pour faciliter la communication et favoriser le langage.

Loin d’être figée, elle sait changer son fusil d’épaule quand il le faut ; la preuve avec l’adoption progressive d’une grammaire nouvelle et des perspectives offertes par la grammaire descriptive. Bien sûr, de tels changements prennent du temps à se démocratiser, mais n’oublions pas que c’est toujours le locuteur, et pas l’Académie française, qui aura le dernier mot… C’est encore plus valable à notre époque, où l’information circule à toute vitesse via les nouvelles technologies, et favorise une diffusion massive des nouveaux mots et expressions, de telle façon que ceux-ci parviennent même à dépasser le clivage des classes sociales.

Considérer la grammaire de ce point de vue, sans pour autant nier les difficultés et les ségrégations qu’elle peut produire, a le mérite de dédramatiser les enjeux autour de cette discipline, et peut-être, qui sait, de la rendre moins effrayante.

Oser voir la grammaire comme un facteur d’émancipation linguistique

En fin de compte, la grammaire peut être envisagée comme l’équivalent du Code de la route pour les automobilistes et les autres usagers de la route.
En théorie, on peut quand même rouler sans respecter le Code (qu’est-ce qui nous empêche de foncer à toute berzingue à une intersection en espérant que les autres s’arrêtent, ou même de rouler au pas en laissant nos voisins mécontents nous doubler un par un sous les klaxons ?). Mais dans les faits, si l’on s’y risque, bonjour les incivilités, les quiproquos… et l’accident !

De la même manière, auriez-vous dans l’idée de dire à un conducteur que suivre le Code de la route, qui est un mélange d’arbitraire et de bon sens, fait de lui un mouton sans personnalité ?
Respecter les lois routières ne vous empêchera pas de contrôler certains paramètres pour marquer votre individualité et adapter votre conduite à votre personnalité. Que ce soit au volant ou stylo en main, vous pouvez choisir la vitesse (dans les limites du raisonnable, bien évidemment…), la longueur parcourue, la direction à prendre, le style, le registre…

C’est exactement la même chose avec la grammaire. Elle existe pour limiter les frictions, les sorties de route et les quiproquos. En outre, le terrain de jeu qu’elle offre, compte tenu de la richesse de ses prescriptions, est infini.
Ses règles ne sont pas là pour brider, mais pour amener des cadres afin de permettre à chacun de s’y retrouver. Cela rejoint la fameuse idée philosophique selon laquelle les contraintes permettent d’autant mieux d’exercer sa liberté.

D’une certaine façon, la grammaire, pour peu qu’on ne s’emploie pas à en faire un instrument de domination sociale, est émancipatrice.

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